La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans le monde du tennis. La Russe Maria Sharapova a admis mardi qu'elle avait été contrôlée positive à l'Open d'Australie. En cause, un médicament letton qu'elle prend depuis dix ans, et qui vient d'être inscrit sur la liste des produits prohibés par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Mais quel est précisément ce médicament appelé meldonium, ou encore mildronate ?
"Un médicament contre le diabète" ? Lors de sa conférence de presse mardi, Maria Sharapova a assuré que le meldonium lui était prescrit depuis 2006, pour "traiter des problèmes de santé récurrents, un déficit en magnésium, une arythmie cardiaque et des cas de diabète dans (sa) famille". "Depuis 10 ans, je prends un médicament sur prescription de mon médecin de famille, ce médicament n'était pas sur la liste des produits prohibés par l'Agence mondiale antidopage, mais le règlement a changé le 1er janvier dernier et ce médicament est devenu un produit prohibé, ce que je ne savais pas", a-t-elle expliqué.
Un médicament soviétique interdit. Mais ces explications laissent dubitatifs plusieurs experts. "Sharapova n'ignorait pas que le produit était interdit, elle ignorait qu'il était décelable", estime le docteur Jean-Pierre de Mondenard joint par Europe1.fr. Ce spécialiste des questions de dopage rappelle d’ailleurs que le meldonium avait déjà été signalé en 2003. Inventé en Lettonie en 1975, ce médicament n'est commercialisé que dans les pharmacies d'Europe de l'est sous le nom de mildronate. Ailleurs en Europe, ou aux Etats-Unis où la joueuse réside depuis son enfance, il est interdit à la vente.
Le meldonium a-t-il des effets dopants ? Ivars Kalvin, l’inventeur de ce médicament préventif à l’infarctus du myocarde argue dans Le Monde qu’à "ses yeux, le meldonium ne peut pas améliorer les performances des athlètes". "Il ne va pas dire qu’il augmente les performances, sinon on va le traiter de dopeur", sourit Jean-Pierre de Mondenard. "Mais certains chercheurs ont prouvé qu’il améliore l’endurance, la récupération, annule les effets du stress ou améliore l’oxygénation du corps…" C’est pour ces raisons que l’Agence mondiale antidopage a décidé d’interdire ce médicament facile à acheter sur Internet.
Plusieurs autres sportifs en consommaient. "Les sportifs de haut niveau ne peuvent plus ignorer qu’ils sont responsables de ce qu’ils se mettent dans le corps", déclare Jean-Pierre de Mondenard. Car au-delà du cas Sharapova, le meldonium est très prisé dans le monde du sport. L’an dernier, un laboratoire de Cologne a révélé en avoir trouvé dans 2,2% des échantillons urinaires prélevés chez des sportifs professionnels. Et depuis le mois de janvier, de prestigieux sportifs professionnels ont été contrôlés positifs, parmi lesquels la patineuse russe Ekaterina Bobrova, la Suédoise Abeba Aregawi, ou le marathonien éthiopien Endeshaw Negesse.