Mis en cause dans un article de Mediapart faisant état de pratiques opaques de reventes de billets pour les matchs de l’équipe de France de rugby, Bernard Godet a tenu à "apporter un démenti absolument formel".
Vendredi, à la veille de la rencontre du XV de France face à l’Australie samedi soir au Stade de France, Mediapart a publié une longue enquête révélant l’existence d’une double billetterie au sein de la Fédération française de rugby lors des matchs des Bleus. Un dossier qui fait écho à un article du Canard Enchaîné, qui dénonçait en 2014 un système de revente frauduleuse de billets pour les matchs de l’équipe de France de rugby.
Le site d’information affirme que ces pratiques durent depuis des années et vise particulièrement deux personnalités du monde du rugby : Bernard Godet, vice-président de la Fédération française de rugby en charge du marketing et du commercial, et Gérald Martinez, joueur du XV de France dans les années 1980 et à la tête de l’Amicale des anciens internationaux.
15 000 euros par match. Martinez est accusé d’avoir signé un partenariat avec Impact Sport en 2001, une société spécialisée dans la revente de billets. "L’Amicale (baptisée "Cercle des anciens internationaux" jusqu’en 2004) fournit à chaque match 200 places (fournies par la FFR) à ce prestataire qui lui reverse en échange 7% du produit des ventes, soit près de 15.000 euros par rencontre", écrit Mediapart. Sauf que cette agence, dirigée par Stéphane Jourdan, ancien joueur du Racing Club de France comme Martinez et Godet, ne fait pas partie des trois agences agréées par la FFR pour la revente de billets. Elle n’était donc pas autorisée à commercialiser les "packages". Une partie des bénéfices était ensuite redirigée à une société jumelle, Impact Club, créée par Gérald Martinez et dont Bernard Godet était expert-comptable.
Bernard Godet répond. Contacté par Europe 1, Bernard Godet s’est défendu. "Je tiens à apporter un démenti absolument formel sur tout ce qui est dit, assène-t-il. Je réfute absolument toutes les accusations de Mediapart. Je n’ai jamais été dirigeant de l’une des deux sociétés qui sont citées (Impact Sport et Impact Club). Je détenais deux parts sociales dans la société de Gérald Martinez (Impact Club), qui est mon ami. Ce ne sont que 2 parts sociales sur 86. (…) Moi, j’ai la responsabilité des agences et des hospitalités à la FFR. Depuis que je suis arrivé en 2008, je n’ai cessé d’accentuer la lutte contre les activités frauduleuses. Il y a un paquet d’agences qui m’en veulent énormément parce que je les ai écartées de l’agrément à la fédération. Attaquer et faire condamner Impact Club alors que j’aurais été directement ou indirectement intéressé à ses bénéfices, c’est complètement stupide et contradictoire. Donc encore une fois, j’apporte un démenti formel."
"Pierre Camou est d’une probité absolue." Pour apporter de l’eau à son moulin, Godet poursuit en décrivant le travail qu’il a accompli jusqu’ici à la Fédération française de rugby : "Il y a 150 actions en justice qui ont été intentées, sous ma responsabilité et sous mon impact et celui de président Camou. Cela a rapporté plusieurs centaines de milliers d’euros à la Fédération par indemnités décidées en justice. Qu’on me traîne dans la boue après, c’est quand même extrêmement contradictoire et curieux."
Godet assure par ailleurs que "la FFR n’a rien à se reprocher" : "Qu’il y ait des personnes qui vendent des billets au marché noir, c’est possible. Mais je n’en ai aucune preuve, je n’ai aucun nom et je ne veux surtout accuser personne, comme je le suis moi-même de façon légère et approximative. Pierre Camou, le président de la FFR, je connais l’homme depuis 15 ans. Il est d’une probité absolue. Il a tout fait pour qu’on essaye de lutter et réduire les éventuelles fautes auxquelles on pouvait être soumis. C’est la raison pour laquelle j’ai réduit le nombre d’agences agréées de 15 à 3 pour mieux les maîtriser. Je démens toute accusation contre sa probité et son honneur. (…) Qu’il y ait des choses à améliorer en matière de gestion de la billetterie, c’est vrai. On ne revendique pas une gestion ultra parfaite mais on revendique une moralité absolue et une absence de recherche d’enrichissement de quiconque."
Plainte contre Mediapart ? Désormais, Bernard Godet réfléchit aux suites à donner à cette affaire et envisage de faire appel à la justice. "J’ai saisi mon avocat à 6h du matin samedi. J’ai passé une nuit un peu désagréable. Nous déciderons lundi s’il y a lieu de porter plainte pour diffamation, explique-t-il. En tout état de cause, je suis décidé à le faire, sous réserve que mon avocat n’y voit pas une raison de ne pas le faire. Sur le fond, je peux d’ores et déjà vous dire que mon avocat pense qu’il faut porter plainte." A quelques semaines de l’élection du futur président de la FFR, cette révélation de Mediapart vient entacher l’image de l’institution.