E-sport : comment peut-on devenir joueur professionnel ?

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Le E-sport compte environ deux millions d'adeptes. Pour l'heure, seule une infime partie d'entre eux peuvent réellement être qualifiés de "professionnels", participant à des compétitions de jeux vidéo rémunérées, au sein d'équipes structurées. Mais la donne est en train de changer.  
ON DÉCRYPTE

Le E-sport, terme générique désignant l'ensemble des compétitions de jeux-vidéos dans le monde, est en plein boom. Avec plus de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2017, le secteur s'attend à dépasser les deux milliards en 2022. Rien qu'en France, plus de cinq millions d'internautes suivraient ce type de compétitions chaque année. Et environ deux millions de "gamers" participeraient à ce type de compétitions dans le monde. Résultats : les investisseurs et les sponsors se précipitent sur le marché.

Mais seule une infime partie des pratiquants de E-sport peuvent être réellement qualifiés de "professionnels", intégrant des équipes structurées, avec des salaires de parfois plusieurs centaine de milliers d'euros par an. Alors comment entre-t-on dans ce cercle restreint ?

Aujourd'hui, un recrutement encore "sauvage"

"Il faut savoir qu'aujourd'hui, c'est de la détection sauvage. On récupère souvent des joueurs de 18/19 ans, qui ne sont pas 'éduqués', formés", explique, dans La France bouge, sur Europe 1, Fabien Devide, fondateur de Team Vitality, l’un des plus grands clubs de E-sport français. Fondée en 2013, Team Vitality réalise aujourd'hui quatre à cinq millions de chiffre d'affaires par an, portée par des joueurs de jeux vidéo ultra-célèbres, des champions de tournois de Call of duty ou de Fifa par exemple. Mais au départ, Team Vitality n'était qu'un petit réseau associatif, composé de quelques joueurs brillants rencontrés en ligne.

Fabien Devide envisage désormais d'ouvrir sa propre école de formation pour, justement, sortir de ce recrutement "sauvage". "L'objectif, comme tout club de sport qui se respecte, c'est d'avoir une académie, un centre de formation. Voir comment dès le plus jeune âge on peut être capable d'éduquer les joueurs. Si un grand club de foot se présente et explique qu'il recrute ses joueurs dans la rue, ce n'est pas sérieux...", poursuit-il.

Dans les écoles actuelles, "il y a de la fumisterie générale"

Aujourd'hui, seules quelques écoles en France prétendent préparer à devenir joueurs professionnels, ou en tout cas à intégrer une équipe de "champions". Et ce n'est pas simple. Gary Point, invité lui aussi de la France bouge, est le fondateur de la Paris Gaming School, une école basée à Montreuil. Celle-ci forme les élèves à devenir joueur, coach de joueurs mais aussi journaliste spécialisé, producteur d'images ou encore responsable de communication pour les équipes professionnelles. Et sa sélection est drastique : sur des centaines de candidats à l'entrée chaque année, seule une quarantaine obtient une place. Et seuls deux ou trois élèves par promotion parviennent à devenir joueur professionnel, et 40% des diplômés finissent par trouver un travail.

Il faut dire que devenir un "gamer pro", ça s'apprend. "Cela nécessite beaucoup de talents, un mental hors norme, la capacité de mettre entre parenthèse sa vie sur une période donnée. C'est une grosse charge de travail, entre 8, 10 ou 12 heures par jour. Cela nécessite aussi une certaine diététique, mais aussi apprendre à communiquer entre coéquipiers", développe Gary Point.

À part la Paris Gaming School, qui affiche les meilleurs résultats, quelques centres de formation commencent à essaimer ailleurs en France, à Lyon, Mulhouse ou au sein de certaines écoles de commerce. "Mais il y a de la fumisterie générale. Il faut bien se renseigner avant d'intégrer une école", prévient Fabien Devide, de Team Vitality. Taux de professionnalisation à la sortie des écoles, qualité des intervenants (sont-ils déjà dans des équipes reconnues ? Ont-ils gagné des compétitions prestigieuses ?), heures de cours, programme des enseignements : avant de s'inscrire, il faut bien s'informer.

Seek Team, le "pôle emploi du E-sport"

Pour celles et ceux qui pensent avoir le niveau d'intégrer une équipe professionnelle, vous pouvez ensuite vous rendre sur le site Seek Team, parfois qualifié de "pôle emploi du E-sport". Les joueurs peuvent y indiquer en ligne leur CV, leurs motivations, leurs compétences, leurs éventuels succès en compétition mais aussi avoir accès aux offres d'emplois existantes. Un abonnement premium permet également d'améliorer la visibilité de son profil ou d'être sur liste d'attente d'une équipe précise.

Plutôt qu'aux joueurs déjà "installés", "le site s'adresse davantage aux 99% des joueurs qui pratiquent en loisir, pour faciliter la rencontre entre offre et demande", indique son fondateur Tristan Bessoussa sur Europe 1. Il s'adresse aux joueurs, mais aussi aux joueuses, puisqu'on estime qu'environ un quart des amateurs de E-sport sont des amatrices. Un chiffre lui aussi en constante augmentation.