Le XV de France a frappé fort dimanche pour son entrée dans le Tournoi des VI Nations avec une victoire 24 à 17 contre l’Angleterre, vice-championne du monde. L'équipe de France, plus jeune, entame sa mue. Pour notre éditorialiste Virginie Phulpin, seule une victoire contre le XV de la rose pouvait acter la renaissance des Bleus.
En ouverture du Tournoi des VI Nations, dimanche, l'équipe de France de rugby a remporté un match (24-17) contre un adversaire des plus prestigieux : les vice-champions du monde anglais. Après quelques années bien moroses, le XV de France serait-il en train de renaître de ses cendres ? S'il est trop tôt pour le dire selon Virginie Phulpin, une victoire contre nos "meilleurs ennemis" pourrait produire l'étincelle dont le rugby français a besoin.
"Pour se remettre la tête à l'endroit, les meilleurs ennemis sont toujours plus efficaces que les amis : les Anglais ont été parfaits dans ce rôle. Le XV de France entame 2020 avec un nouveau sélectionneur, Fabien Galthié, un nouveau management, beaucoup plus professionnel, une préparation plus rude, et de nouveaux joueurs, jeunes pour la plupart. Ces changements étaient séduisant mais les Bleus auraient très bien pu se fracasser contre la dure réalité du terrain.
Heureusement, les Anglais leur ont donné ce petit supplément d’âme qui transforme une équipe prometteuse en machine à gagner. Merci, Eddie Jones ! Le sélectionneur australien du XV de la Rose a rendu le meilleur service possible à l'équipe de France en ricanant sur le fait que les jeunes Bleus ne sauraient pas répondre à la brutalité physique que son équipe allait proposer. Résultat : 24 à 0 en moins d'une heure pour les Français.
La fin de match a été plus compliquée, mais ce ne serait pas le XV de France si l'on passait un match entier dans la sérénité la plus totale. Les Bleus ont pourtant su résister. Sans doute les moqueries anglaises ont-elles joué un rôle. Il y a quelques mois, le XV de France aurait sûrement perdu ce match, comme contre la Pays de Galles il y a un an. Les Français n'ont pas craqué.
Le début d'une renaissance ?
Difficile de savoir si ce match sonne le début de la renaissance. Mais ce genre de victoire, qui échappe au XV de France depuis tant d’années, peut faire office de référence, de ciment d’une équipe en devenir. Depuis combien de temps n’avions-nous pas ressenti de telles émotions devant un match des Bleus ? Tout y est passé, l’espoir, la fierté, la peur, la colère, et l’extase pour finir. Et le fait que les Anglais soient en face a démultiplié tout ça.
Dans la presse anglaise, de nombreux spécialistes de rugby se demandent si c’est une vraie renaissance du XV de France. Ils finissent par un sourire en se disant qu’en fait, ce qui serait le plus typiquement français, ce serait de perdre contre l’Italie après avoir battu les vice-champions du monde. On ne peut que les remercier, car ils donnent aux Bleus ce petit supplément de motivation qui les a déjà transcendés dimanche. Il n’y a rien de mieux qu’un Anglais comme coach mental.