Le carton populaire et médiatique de la Coupe du monde féminine a pris tout le monde de court. Entre stades pleins et audiences spectaculaires, les joueuses du monde entier, et notamment de l'équipe de France, assurent le spectacle et mettent un coup de projecteur inédit sur le football féminin. Mais ce succès met aussi en lumière le gouffre qui sépare encore les joueuses de leurs homologues masculins, notamment en matière de salaires et de primes. Pourtant, pour l'ancienne joueuse Sandrine Roux, consultante d'Europe 1, il faut également souligner les énormes progrès accomplis depuis quelques années. "On a cassé les codes", martèle-t-elle dans Le tour de la question.
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"Il n'y a pas une grosse économie propre au football féminin", souligne notre consultante. Revenant sur les nombreuses critiques pointant la faible rémunération des joueuses, elle rappelle "qu'il y a 5 ans, les footballeuses ne gagnaient rien". "Moi je dis 'step by step' (étape par étape), déclare-t-elle encore au micro de Wendy Bouchard. "Aujourd'hui, en France, il y a des joueuses, très peu nombreuses, qui arrivent à gagner 20-25.000 euros. Peut-être que dans dix ans, elles gagneront 100.000 ou 150.000 parce que l'économie sera là".
"À l'époque, le château de Clairefontaine était interdit aux femmes"
Et de vanter l'action de la Fédération française de football, qui "investit beaucoup pour les féminines". Une fédération où la vice-présidente et la secrétaire générale...sont des femmes. "Vous m'auriez dit ça il y a cinq ans, je serais tombée de la lune", s'amuse Sandrine Roux.
"On ne se rend pas compte. Le football était très machiste, et en très peu de temps, on a cassé les codes. Le château de Clairefontaine était interdit aux femmes, aujourd'hui, elles ont les mêmes droits que les garçons", insiste celle qui compte 71 sélections sous le maillot tricolore. Sandrine Roux est elle-même bien placée pour mesurer le chemin parcouru, alors que dans son enfance, la mixité était rare. Au Paris FC, la petite fille n'avait pas le droit de participer aux compétitions, et était donc forcée de recourir à tous les stratagèmes pour se mêler aux hommes. Jouant avec une fausse licence appartenant à un garçon, Sandrine Roux prenait place dans les buts, et cachait ses cheveux sous un bonnet ou une casquette.
"Les filles de l'équipe de France ne revendiquent rien par rapport à la masse salariale"
Et ces conditions difficiles, des joueuses actuelles les ont elles aussi connues, Sandrine Roux en est convaincue. "Les filles de l'équipe de France ne revendiquent rien par rapport à la masse salariale. Certaines ont 30 ans et ont connu l'amateurisme. Entre ce qu'elles n'avaient pas avant et ce qu'elles ont aujourd'hui, pour elles, c'est un rêve".
Bien sûr, la consultante d'Europe 1 est évidemment favorable à la parité. "J'en rêve, mais il y a cinq ans, il n'y avait rien", répète-t-elle. "Demain, si le foot féminin vit par lui-même, avec son économie, bien sûr que les filles seront mieux payées, voire auront la même paye que les garçons".