Le Britannique Adam Yates (UAE) a endossé le premier maillot jaune du Tour de France 2023, samedi à Bilbao, en remportant la première étape devant son frère Simon Yates, qui court pour l'équipe Jayco-AlUla. Le deuxième du dernier Dauphiné s'est détaché avec son frère jumeau dans la descente de la côte de Pike, à 9 kilomètres de l'arrivée, pour s'imposer avec quatre secondes d'avance. Son coéquipier le Slovène Tadej Pogacar a réglé au sprint un petit groupe de favoris arrivé douze secondes plus tard.
C'est, à 30 ans, la première victoire d'étape sur la Grande Boucle pour Adam Yates qui avait déjà porté le maillot jaune pendant quatre jours en 2020. Les deux principaux favoris du Tour de France, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar se sont neutralisés. Ils ont franchi en tête la redoutable côte de Pike (2 km à 10%) en compagnie du Français Victor Lafay, mais sans vraiment s'attaquer. A un moment, le Slovène, qui revient d'un fracture au poignet, a fait un signe du coude pour demander à son rival danois de le relayer, mais ce dernier a fait non de la tête. Dans la descente vers Bilbao, Adam Yates, qui a été promu co-leader de l'équipe UAE, en a profité pour lancer l'offensive et aller chercher l'étape ainsi que les dix secondes de bonifications promises au leader.
Le tracé de la première étape du Tour de France.
Crédits : site officiel du Tour de France
Pogacar a également levé les bras en franchissant la ligne, pour saluer la victoire de son équipier. Troisième de l'étape, il empoche aussi quatre secondes bonifications. Le Slovène est arrivé en tête d'un petit groupe dans lequel figuraient, outre Vingegaard, les Français David Gaudu et Thibaut Pinot, ou encore Wout Van Aert. Les deux grands perdants du jour sont l'Espagnol Enric Mas, qui a abandonné après une chute dans la descente de l'avant-dernière difficulté du jour ,tombé en même temps qu'un autre prétendant au podium, Richard Carapaz. L'Equatorien a pu repartir mais a perdu tout espoir pour le classement général après être resté au sol pendant de longues minutes.
Les informations à retenir :
- La 110e édition du Tour de France s'élance ce samedi depuis Bilbao, en Espagne, pour une étape de 182 km
- C'est la 25e fois de l'histoire de la Grande Boucle que le départ se fait depuis l'étranger
- Les 176 coureurs engagés prennent le départ à 12h55
"Une journée presque parfaite" pour Thibaut Pinot
"Une journée presque parfaite", Thibaut Pinot savourait samedi après sa quatrième place à l'arrivée à Bilbao de la première étape du Tour de France, son dernier dans le peloton. "C'est une bonne entame, on est deux dans le bon groupe, c'est une journée presque parfaite", juge le grimpeur franc-comtois, lui et David Gaudu, le leader de son équipe Groupama-FDJ, ayant fini dans le même groupe restreint que les deux favoris de la Grande boucle, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar. "Il y avait une troisième place à aller chercher, je me fais battre au sprint (par Pogacar, NDLR) mais c'est plutôt bien", retient le héros malheureux du Tour 2019.
Thibaut Pinot occupe la quatrième place du classement général à 22 secondes d'Adam Yates, 8 secondes de Simon Yates et 4 secondes de Tadej Pogacar, qui a grappillé sa légère avance au jeu des bonifications. Quant à son coéquipier David Gaudu, classé dans le même temps que Pinot, il s'est rassuré après un Critérium du Dauphiné décevant, terminé à la 30e place et avec plus de 25 minutes de retard sur le vainqueur Jonas Vingegaard mi-juin. "C'est rassurant aussi vis-à-vis du Dauphiné, dans la montée raide, j'ai réussi à basculer dans les roues des trois de devant", apprécie le Breton.
Abandon de l'Espagnol Enric Mas, prétendant au podium
Le grimpeur espagnol Enric Mas, prétendant au podium du Tour de France, a abandonné dès la première étape samedi à la suite d'une chute à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée à Bilbao. Cinquième de la Grande boucle 2020, Enric Mas est allé à terre avec l'Equatorien Richard Carapaz, vainqueur du Tour d'Italie 2019, dans la descente de la côte de Vivero, l'avant-dernière difficulté de la journée.
Après s'être longuement tenu le bras et l'épaule droite, le leader de Movistar, qui avait déjà dû quitter la dernière édition en raison d'une infection au Covid, a finalement abandonné. Carapaz, au genou gauche entaillé, s'est lui remis en selle après de longues minutes à terre mais a sans doute déjà perdu tout espoir de faire un bon classement général.
Le Tour de France s'élance dans la ferveur d'Euskadi
Les coureurs du Tour de France se sont élancés samedi de Bilbao, sous un ciel gris et devant des milliers de passionnés, pour trois semaines de course avant l'arrivée prévue le 23 juillet à Paris. La première étape, une boucle de 182 km de Bilbao à Bilbao en passant par la ville-martyre de Guernica, promet déjà des étincelles, avec cinq ascensions, parfois très raides, où les meilleurs devraient s'expliquer. "Il y aura du sport. J'ai envie de gagner, je suis motivé", a déclaré avant le départ le Français Julian Alaphilippe qui rêve d'endosser samedi après-midi le premier maillot jaune du Tour 2023.
Mais il n'est pas le seul. "Prendre le maillot jaune au Pays basque serait magnifique", a averti le Slovène Tadej Pogacar, l'un des deux grands favoris pour la victoire finale avec le tentant du titre, le Danois Jonas Vingegaard. Des dizaines de milliers de supporters étaient massés le long des routes de la capitale basque, territoire passionné de vélo, qui accueille son deuxième départ de la Grande Boucle après Saint-Sébastien en 1992. Le peloton restera au Pays basque espagnol dimanche pour une étape ralliant Vitoria à Saint-Sébastien. Il prendre ensuite la direction de la France et de Bayonne lundi avant l'arrivée finale sur les Champs-Élysées.
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Le patron du Tour, Christian Prudhomme, a déclaré vendredi être "en lien constant avec les services de l'État" et suivre "avec une grande attention" les violences qui touchent de nombreuses villes de France et ont conduit à l'annulation de plusieurs grands événements. Au fil des trois semaines, quelque 28.000 gendarmes, policiers et pompiers seront mobilisés au total cette année encore pour garantir la sécurité de la Grande Boucle, l'une des plus importantes compétitions sportives de la planète, retransmise dans 190 pays.
Pogacar, l'ombre d'un doute
Sur le plan sportif, tout le monde attend un duel au sommet entre Jonas Vingegaard, tenant du titre, et Tadej Pogacar, vainqueur des deux éditions précédentes. Mais une incertitude plane sur l'état de forme du cannibale slovène qui n'a presque pas couru depuis sa fracture au poignet lors de Liège-Bastogne-Liège le 23 avril, pendant que Vingegaard écrasait la concurrence au Dauphiné. Samedi, on pourrait retrouver les deux hommes au coude-à-coude d'entrée, notamment dans la côte de Pike (2 km à 10%), placée à moins de dix kilomètres de la ligne.
Des puncheurs comme Mathieu van der Poel, Wout Van Aert ou Julian Alaphilippe ont également coché l'étape et rêvent de se parer de jaune dès le premier jour. La suite du parcours est tout aussi musclée. Avec 30 cols, un record, la traversée des cinq massifs de l'Hexagone et un seul contre-la-montre, de 22,4 km et en côte, le Tour 2023 ressemble même à un petit paradis pour les grimpeurs.
En mémoire de Gino Mäder
Marie-Blanque, Aspin et Tourmalet dans les Pyrénées, le fantasmé Puy de Dôme dans le Massif Central, de retour 35 ans après, le Grand Colombier dans le Jura un 14 juillet, le col de la Loze dans les Alpes et une étape à cinq ascensions dans les Vosges à la veille de l'arrivée à Paris: c'est une orgie de montagne qui attend les coureurs. Et les grimpeurs français comme David Gaudu, Romain Bardet et Thibaut Pinot, dont ce sera le dernier Tour, voudront briller, à défaut de pouvoir vraiment viser la victoire finale.
En l'absence de Geraint Thomas, Remco Evenepoel et Primoz Roglic, Gaudu et Bardet font partie des nombreux prétendants au podium, avec les Espagnols Enric Mas et Mikel Landa, les Australiens Ben O'Connor et Jai Hindley ou encore l'Équatorien Richard Carapaz. Loin de la lutte pour le classement général, un enjeu historique servira de fil rouge à cette 110e édition où Mark Cavendish tentera de battre le record de victoires d'étapes qu'il détient avec Eddy Merckx (34). À 38 ans, le Britannique n'est plus le meilleur sprinteur du peloton, un statut que revendiquent Fabio Jakobsen, Jasper Philipsen et Dylan Groenewegen. Mais le "Cav" a promis de laisser sa peau sur le bitume pour entrer définitivement dans la légende du Tour.
Le Tour de France va aussi rendre hommage à Gino Mäder, mort dans la descente d'un col du Tour de Suisse mi-juin, en retirant le dossard numéro 61 cette année. "Gino sera avec nous tout au long du Tour", a souligné l'Espagnol Mikel Landa, le leader de l'équipe Bahrain à laquelle appartenait le coureur suisse.
Un territoire de chasse pour Julian Alaphilippe
Cela pourrait être déjà l'occasion pour les favoris de s'expliquer, le tenant du titre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar en tête. Le Danois, qui a clos la cérémonie de présentation, s'attend à ce que son rival slovène l'attaque dès les premières étapes, comme l'an dernier. "Il faudra que je sois prêt", a souligné le leader de Jumbo-Visma.
C'est aussi un territoire de chasse pour des puncheurs comme Julian Alaphilippe qui rêve d'endosser le premier maillot jaune de l'édition 2023 se terminant le 23 juillet sur les Champs-Élysées à Paris. "Avec un départ comme ici au Pays basque, les coureurs du classement général ne peuvent pas se permettre de perdre du temps. Il faut qu'ils soient vraiment prêts dès le premier jour", a souligné Alaphilippe.
En attendant, la ville s'est parée des couleurs du Tour. Bancs publics, bacs à fleurs, façades, ascenseurs, lampadaires et même le funiculaire qui mène à Artxanda, sur les hauteurs, sont ornés de jaune et de pois rouges. Des fresques à la gloire du cyclisme décorent magasins et stations de métro.