Pour entrer dans l’histoire, la "génération Griezmann" devait réaliser un exploit. C’est chose faite depuis jeudi soir et la qualification pour la finale de l’Euro, après avoir éliminé les champions du monde allemand (2-0) au terme d’un match tendu et serré. Un succès magnifique, attendu par tout le football français depuis plus de 10 ans. Car depuis 2006, les Bleus n’avaient plus réalisé de performance mémorable en compétition officielle, et avaient davantage fait parler d’eux par d’innombrables polémiques. Retour sur ces 10 ans de malheur, qu’on espère définitivement oubliés.
- 2006-2008 : le difficile après-Zidane
La finale perdue contre l’Italie à la Coupe du Monde 2006 marque le début de la fin pour l’équipe de France. Exit "Zizou", l’idole : il faut reconstruire sans le meilleur joueur de l’histoire des Bleus. L’opération reconstruction débute plutôt bien, avec une qualification pour l’Euro 2008 sans soucis, et un succès de prestige contre l’Italie au Stade de France (3-1). Les Bleus abordent donc l’Euro en position de favoris. Mais l’équipe de France se casse les dents dans le groupe de la "mort". Battue par les Pays-Bas (4-1) et l’Italie (2-0), elle est piteusement éliminée dès le premier tour. Première polémique : Raymond Domenech demande en mariage sa compagne, Estelle Denis, devant les caméras de télévision.
- 2008-2010 : la descente aux enfers
Contre toute attente, le sélectionneur des Bleus est maintenu en place. L’équipe de France se cherche et ne convainc personne en qualifications pour le Mondial 2010. En finissant deuxième, elle doit passer par un barrage contre l’Irlande. La suite, vous la connaissez : une qualification acquise grâce à la fameuse main de Thierry Henry, et un scandale national. Puis dans les mois qui suivent, le tourbillon de l’affaire Zahia rattrape la sélection.
Le pire est pourtant à venir : en Afrique du Sud, on touche le fond sur le terrain comme en dehors. Les Bleus sont (encore) piteusement éliminés dès le premier tour, dans une poule pourtant abordable avec l’Afrique du Sud, l’Uruguay et le Mexique. Surtout, il y a l’épisode du bus de Knysna. N’en jetez plus : l’équipe de France est alors détestée, le mot n’est pas trop fort, par tout le pays.
- 2010-2013 : une lente reconstruction
Les grévistes sont punis pour la forme et sont progressivement réintégrés par Laurent Blanc, le nouveau sélectionneur des Bleus. La France se qualifie pour l’Euro 2012, mais reste largement impopulaire. On n’efface pas Knysna comme ça… Alors, pour renouer avec son public, on compte sur l’Euro 2012. Le premier tour est réussi, avec une victoire contre l’Ukraine, le pays hôte (2-0), et un match nul contre l’Angleterre (1-1).
Les Bleus sont cependant logiquement éliminés par les champions du monde en titre, l’Espagne (2-0). Mais encore une fois, les polémiques ont marqué cet Euro : entre les insultes de Samir Nasri envers des journalistes, et des problèmes de comportement dans le vestiaire, les stigmates de Knysna ne sont toujours pas effacés.
- 2013-2016 : la reconquête
Avec l’arrivée de Didier Deschamps, les Bleus vont entamer une lente reconquête. Objectif : l’Euro 2016 à la maison. Mais avant, il y a le Mondial 2014 au Brésil. Placée dans le groupe de l’Espagne, l’équipe de France termine logiquement deuxième, malgré un superbe nul à Madrid (1-1). Les Bleus doivent donc encore passer par les barrages, cette fois contre l’Ukraine. Après la défaite à Kiev (2-0), le pays peine à croire à une qualification pour le Brésil.
Mais le Stade de France, lui, y croit : au retour, dans une ambiance de folie, les Bleus renversent tout et décrochent leur billet pour le Mondial (3-0). Avec ce match de légende, une équipe est née : elle sera éliminée en quarts de finale par l’Allemagne (1-0), après un parcours honorable marqué par une correction infligée à la Suisse au premier tour (5-2). Place désormais à la préparation de l’Euro 2016. Mais l’affaire de la sex-tape de Mathieu Valbuena, et la mise en cause de Karim Benzema, fait flotter un nouveau parfum de scandale autour des Bleus. Ajoutez-y les blessures en cascade, de Varane à Mathieu, et vous obtenez une préparation cataclysmique. Du chaos est pourtant né cet Euro, et un immense exploit contre l’Allemagne. Une victoire en finale, contre le Portugal, et tout sera oublié.