Michel Platini rêvait d'une destinée dorée à la tête de la Fifa. Il avait gravi toutes les marches avec succès, comme joueur puis comme dirigeant. Il semblait déjà assis sur le trône mais son ancien mentor en a décidé autrement. Sepp Blatter l'a entraîné dans sa chute avec ce fameux paiement de 1,8 million d'euros en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002 sans contrat écrit. Depuis ces révélations fin septembre, Platini a tout nié, tout tenté. Mais rien n'y a fait. Jeudi soir, il s'est résigné à retirer sa candidature à la tête de la Fifa. "Platoche" a donc abandonné son rêve mais il n'a pas dit son dernier mot. Quelle(s) partie(s) peut-il encore jouer ?
Laver son honneur. Il a passé toute sa carrière dans la moitié de terrain adverse à attaquer. Aujourd'hui, l'ancien n°10 des Bleus est obligé de reculer en défense. "Je n'aime pas perdre", a-t-il confié au Monde fin décembre. Nul doute que ce revers va lui rester en travers de la gorge. Et d'expliquer dans les colonnes de L'Equipe vendredi son nouveau combat : "en me retirant, je fais le choix de me consacrer à ma défense".
Mais pour laver son honneur, la partie ne semble pas gagnée d'avance. "Je dois m'occuper de tous les recours, suivre les procédures", explique-t-il au quotidien sportif. Fin décembre, Michel Platini a été suspendu pour une durée de huit ans de toute activité dans le football par la commission d'éthique de la Fifa. Dans son parcours du combattant, il va donc d'abord devoir aller jusqu'au terme de sa procédure d'appel devant la chambre des recours de la Fifa.
" Si j'écope au final d'une suspension de quelques mois, je serai toujours président de l'UEFA. Et sinon, je prendrai un club… "
Récupérer son poste à l'UEFA… Si sa suspension est confirmée en appel, ce qui est hautement probable, il lui restera la possibilité de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne. L'instance réétudiera le dossier depuis le début pour donner sa décision. Deux solutions : soit le TAS confirme la décision de la commission d'éthique de la Fifa et Platini n'aura que ses yeux pour pleurer, soit le TAS le disculpe et Platini récupérera immédiatement son poste de président de l'UEFA qu'il doit occuper jusqu'en 2019. Il pourra à ce moment-là s'occuper à plein temps de l'organisation de l'Euro 2016.
… "ou prendre un club". Extrêmement dépité, "Platoche" a livré toutes ses vérités dans les colonnes de L'Equipe. Il a aussi accepté de se pencher sur son avenir sans concessions. "Il n'y a pas que le foot dans la vie", explique-t-il. "Même si je pense qu'il y aura du foot dans ma vie plus tard. Si j'écope au final d'une suspension de quelques mois, je serai toujours président de l'UEFA. Et sinon, je prendrai un club…" Cette petite phrase donnera forcément des idées à beaucoup de clubs. Mais on n'en est vraiment pas là…
Et retenter un jour sa chance à la Fifa ? Blessé, meurtri, Platini n'a pas pour autant dit son dernier mot. Même pour la présidence de la Fifa ? Après tout, il n'a que 60 ans, un "jeune" pour la politique. Il possède de très nombreux soutiens dans le monde du football et pourra peut-être retenter sa chance un jour. A titre de comparaison, Sepp Blatter n'est devenu président de l'instance suprême du foot qu'à 62 ans…