Lundi prochain, le président du Racing Club de Lens, Gervais Martel, présentera un projet de reprise du club devant la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), le "gendarme financier" du football français. L'actionnaire majoritaire azerbaïdjanais du club, l'insaisissable Hafiz Mammadov, a en effet accepté de vendre le club artésien, dont il possède 99,9% des parts. Il ne reste plus qu'à faire accepter cette décision par le groupe dont Mammadov est le président. Actuellement sixième de Ligue 2, le club sang et or, qui présente un déficit annuel d'exploitation de dix millions d'euros, voit donc le bout d'un tunnel d'incertitude financière, dans lequel il s'était engouffré à l'été 2014 (Sa montée dans l'élite avait été longtemps remise en cause).
Inédit en France.Selon le quotidien L'Equipe, l'offre de rachat que Martel doit présenter lundi provient de l'Atlético de Madrid. Oui, l'Atlético de Madrid, un club donc, actuellement en tête du championnat d'Espagne devant le FC Barcelone et le Real Madrid. Si la présence d'investisseurs étrangers est devenue monnaie courante en France (le PSG, propriété depuis 2011 de Qatar Sports Investments, en est l'exemple XXL), jamais un club étranger n'a été propriétaire d'un club français. Il y a eu des partenariats (On se souvient de celui entre Le Havre et Liverpool qui avait conduit au départ outre-Manche des espoirs tricolores Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec) mais jamais de rachat. Si elle est rare, cette pratique de rachat d'un club par un autre (ou par l'un des ses dirigeants), s'est déjà vue néanmoins ailleurs en Europe. L'Equipe rappelle que la famille Pozzo possède le club italien d'Udinese mais également le club espagnol de Grenade et le club anglais de Watford.
Une nouvelle vitalité financière. La question se pose : quel est l'intérêt de l'Atlético de Madrid de racheter un club comme le Racing Club de Lens ? S'il démontre un intérêt, c'est d'abord parce que le club madrilène le peut. En effet, associé depuis plusieurs années à la dérive financière des clubs en Espagne, le "deuxième" club de Madrid a réduit sa dette annuelle et s'est mis en conformité avec l'équivalent de la DNCG espagnole grâce notamment à l'entrée au capital du groupe immobilier chinois Wanda, qui a injecté 45 millions d'euros. On peut penser que le sponsoring de l'Etat d'Azerbaïdjan, qui s'est affiché sur les maillots de l'Atlético entre 2013 et 2015, a jeté un premier pont entre les deux clubs...
Futur propriétaire de son stade, la Peineta, et en pleine réussite sportive (l'Atlético reste sur une finale de Ligue des champions en 2014, un quart de finale en 2015 et il est encore qualifié pour les huitièmes de finale cette saison), l'Atlético pourrait trouver en Lens un vecteur supplémentaire de développement, à la fois financier et sportif, en s'appuyant notamment sur le centre de formation du RCL, dont est sorti, entre autres bons joueurs, l'international français Raphaël Varane, qui évolue chez le voisin du Real Madrid. On peut penser également que la réussite actuelle du Français Antoine Griezmann chez les Colchoneros, comme on surnomme les joueurs de l'Atlético, a pu motiver ses dirigeants à se pencher d'un peu plus près sur le football français...