L’équipe de France féminine se lance à la conquête de l’Euro, mardi pour son entrée en lice contre l’Islande. Les Bleues, à la recherche du premier trophée de leur histoire, ont cependant déjà remporté une victoire : pour la première fois, elles seront diffusées sur une chaîne grand public, à une heure de grande écoute. En effet, leurs matches du premier tour seront retransmis sur France 2 (deux fois) et sur France 3 (une fois) en prime-time. Une vraie reconnaissance, mais pas encore un aboutissement pour une discipline en expansion perpétuelle.
2011, le tournant. Brigitte Henriques, vice-présidente de la Fédération française de football (FFF), a été internationale dans les années 1990, quand le foot féminin évoluait encore dans l’ombre des hommes. "On a ramé pendant des années. Avant, nous étions dans l’anonymat le plus complet", se souvient-elle pour Europe 1. Mais pour le foot féminin, tout a changé en 2011, l’année de la Coupe du monde féminine en Allemagne. Le beau parcours de l’équipe de France, éliminée en demi-finales, a été un déclic, de même que le succès de Lyon en Ligue des champions féminine, le premier d’un club français.
Quatre ans plus tard, la Coupe du monde 2015 est à nouveau un succès d’audience. Le quart de finale des Bleues (perdu face à l’Allemagne) avait alors pulvérisé le record d’audience de la TNT avec 4,1 millions de téléspectateurs de moyenne, avec un pic d’audience à 5,3 millions (record battu depuis par les "Experts" du hand au Mondial 2017). "Depuis 2011, nous n’avons plus à demander aux chaînes de nous diffuser. Aujourd’hui, les médias viennent à nous", se félicite la vice-présidente de la FFF. "Ça concrétise toute l’évolution du foot féminin. C’est la récompense de la qualité du jeu, du spectacle proposé", estime Brigitte Henriques.
Un réel appétit pour le foot féminin. Les audiences récentes ont confirmé la montée en puissance du foot féminin. "Le foot féminin a connu des succès d’audience sur les chaînes de la TNT, notamment les matches de Ligue des champions. Aujourd'hui, l’audience progresse. On est sur le bon chemin", approuve Vincent Chaudel, économiste du sport chez Wavestone interrogé par Europe 1. La dernière finale de Ligue des champions entre Lyon et le PSG (victoire de l’OL) avait ainsi attiré 2,7 millions de téléspectateurs sur France 2, en prime-time.
De quoi conforter la stratégie du groupe public dans sa volonté de diffuser le foot féminin, et notamment l’Euro 2017. La compétition, programmée du 16 juillet au 6 août, bénéficie également d’un calendrier favorable. "Wimbledon est terminé, le Tour de France se déroule en journée et ne fait donc pas concurrence aux matches en soirée, et il n’y a pas de foot masculin jusqu’à début août (la reprise de la Ligue 1 est le 5 août, ndlr). C’est une bonne opportunité pour France TV et le foot féminin", assure Vincent Chaudel.
La Coupe du monde 2019 en France, le réel objectif. L’Euro 2017 est assurément une belle récompense, mais pas un aboutissement pour le foot féminin français. Le grand objectif est l’organisation, en France, de la Coupe du monde 2019. La compétition sera une nouvelle fois diffusée en clair, mais cette fois-ci sur TF1, comme les hommes. La chaîne privée a ainsi déboursé 10 millions d’euros pour obtenir les droits TV en intégralité, une somme dix fois supérieure à celle déboursée par W9 en 2015.
L’Euro est donc une nouvelle étape vers cette échéance majeure. "Ce n’est qu’une montée en puissance. Les audiences sont au rendez-vous, c’est la démonstration que le foot féminin de haut niveau intéresse", poursuit Vincent Chaudel. "Après, le foot féminin n’est pas encore au haut niveau du foot masculin. Mais voir du foot féminin en clair et attirer un million de téléspectateurs était impensable il y a cinq ans."
Le calendrier TV du premier tour de l’équipe de France féminine :
France-Islande : mardi 18 juillet, 20h45, France 2 et Eurosport 2
France-Autriche : samedi 22 juillet, 20h45, France 2 et Eurosport 2
France-Suisse : mercredi 26 juillet, 20h45, France 3 et Eurosport 1