Elles n’ont rien perdu de leurs ambitions, mais elles semblent avoir appris de leurs récents échecs. À chaque fois placées, jamais gagnantes. Les Bleues abordent l’Euro, qui se tient aux Pays-Bas, avec humilité. C’est le mot qui revient depuis maintenant plusieurs semaines dans la bouche des joueuses, du staff et de la Fédération française de football. Frustrée par les résultats des derniers tournois (quarts de finale du Mondial 2015, quarts de finale des Jeux de Rio), la France, malgré sa troisième place au classement Fifa, la joue profil bas.
Objectif quarts de finale... dans un premier temps. "Tout le monde nous voit très haut et très grand parce qu’on a du talent et le classement Fifa (3ème, derrière l’Allemagne et les États-Unis, ndlr) fait que…", analyse la défenseure Jessica Houara-D’hommeaux au micro Europe 1. "Mais il ne faut pas oublier qu’on ne connaît le haut niveau que depuis 2011. On est jeunes par rapport à des nations comme la Suède ou l’Allemagne. On va y aller avec humilité. L’objectif, c’est d'atteindre les quarts de finale. Une fois qu’on aura atteint cet objectif, on pourra peut-être rêver à autre chose", ajoute-t-elle.
Même constat pour la "doyenne" de l’équipe de France, Laura Georges, 32 ans et 178 sélections : "On n’a jamais dépassé le stade des quarts de finale, on veut fonctionner par étape. Maintenant, on a une idée précise, on ne va pas se le cacher non plus (sourires). On va se concentrer sur nous pour franchir ces étapes, petit à petit."
Les Bleues fortes dans la tête. Même son de cloche du côté du sélectionneur Olivier Echouafni, qui s’évertue à rappeler depuis sa nomination en septembre dernier que "la France n’a rien gagné". Mais l’ancien joueur de l’OGC Nice sent une progression de ses troupes, notamment mentalement, un aspect déficient chez les Bleues ces dernières années.
"Je sens une forte cohésion, il y a des choses qui se passent à l’intérieur", explique au micro Europe 1 celui qui a instauré que les joueuses changent de partenaire de table à chaque repas. Olivier Echouafni a aussi tenu un rôle de "RH" lors de son arrivée en recevant chacune des joueuses pour mieux connaître et cerner leurs aspirations. Mais ce dernier n’est pas dupe : "Le terrain va tout dicter. L’extérieur, c’est bien, mais sur le terrain, c’est là où on est jugé." Pour le moment, la méthode Echouafni semble fonctionner : la France est invaincue avec un bilan flatteur de sept victoires et quatre matches nuls, dont un succès de prestige à la She Believes Cup.
Un Euro très homogène. Si la poule, qui comprend l'Islande, l'Autriche et la Suisse, semble à la portée des Bleues, cet Euro 2017 est marqué par une augmentation sensible du niveau global et par un changement de hiérarchie qui s’opère doucement, comme en témoigne la victoire lors du match d'ouverture du pays hôte néerlandais face à la Suède (1-0).
"Le foot féminin progresse dans son ensemble. En Europe, ça travaille bien, beaucoup de joueuses s’exportent à l’étranger. L’Angleterre, l’Espagne, ou encore les Pays-Bas s’améliorent. Il y a une plus grande homogénéité", estime Laura Georges pour Europe 1. "Mais nous aussi, on bosse bien. Il n’y a qu’à voir la finale de la Ligue des champions (finale franco-française entre Lyon et le PSG, ndlr). Je pense que les nations étrangères font attentions à nous, elles sont attentives à ce que la France fait."
Avec une génération en fin de cycle (Georges, Abily, Bussaglia) et une autre en pleine essor (Geyoro, Le Bihan, Karchaoui), les Bleues sont à la croisée des chemins : elles doivent désormais remporter un titre, pour que les premières finissent sur une belle note et que les secondes soient parfaitement lancées, en vue du Mondial 2019, organisé par… la France.