Ils ont tous les deux quatre titres de champion du monde de Formule 1, glanés à plusieurs années, voire décennies d'écart. Et c'est en partie pour cette raison que le champion des années 1980-90 Alain Prost refuse de comparer la performance de Lewis Hamilton à la sienne, alors que le Britannique a remporté dimanche sa quatrième couronne au Mexique, après 2008, 2014 et 2015. "C'est une question de génération. Les autos, le barème des points, le nombre de Grand Prix, rien ne se compare", affirme l'icône du sport automobile français dans une interview à L'Équipe, mardi. "Mais il est sûr que Lewis, en égalant Sebastian Vettel et moi-même, entre dans une nouvelle dimension."
Champion aussi des réseaux sociaux. Malgré tput, Alain Prost ne peut pas s'empêcher d'établir un parallèle entre sa carrière et celle du Britannique, du moins sur le plan des symboles. "La bataille qui m'opposait à Ayrton Senna a fait passer la F1 des journaux spécialisés à la presse grand public. Lewis, lui, amène ce sport dans une autre dimension, celle des réseaux sociaux. Avec Lewis, un nouveau public se familiarise avec la F1 parce qu'il séduit non pas uniquement par ses prouesses en course, mais par son charisme, sa personnalité, sa vie en dehors des circuits", poursuit l'ancien pilote français.
Hamilton sur la voie du record de Schumacher ? La question se pose désormais de savoir si Lewis Hamilton peut dépasser Juan Manuel Fangio (5 titres) et Michael Schumacher, pilote le plus titré de l'histoire (7 fois). Pour Alain Prost, "les records sont faits pour être battus. Lewis en a battu quelques-uns que l'on croyait intouchables comme le nombre de pole positions par exemple (Hamilton en compte désormais 72, contre 68 pour Michael Schumacher, ndlr). Mais il faut pondérer. Il y a de plus en plus de courses, les voitures sont de plus en plus fiables, tout change et les records tombent."
Le cinquième titre, "déjà trop loin". Mais à en croire le conseiller spécial de l'écurie Renault, il serait contre-productif pour Hamilton de réfléchir au record de Michael Schumacher, imbattable en 1994-1995 puis de 2000 à 2004. "Quand tu as quatre titres, tu penses au cinquième et c'est déjà trop loin. Ce n'est pas sain pour un pilote de raisonner autrement. Et parler de sept titres, c'est grotesque", conclut même le "Professeur", qui fut champion du monde en 1985, 86, 89 et 93.