S'il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à Adil Rami, c'est sa lucidité. "C'était difficile, je me suis trouvé timide... Je sais que j'ai fait des erreurs, je dois m'adapter", a-t-il déclaré au micro de Canal+. Pour son premier match en équipe de France depuis trois ans, lundi soir, face au Cameroun (3-2), le défenseur des Bleus a pris le bouillon plus d'une fois.
S.O.S défense. Appelé à la rescousse par Didier Deschamps pour pallier le (très) préjudiciable forfait de Raphaël Varane, Rami avait pourtant quelques arguments à faire valoir : sa dynamique de confiance après une saison réussie avec le FC Séville ou encore sa gnaque et son implication vite manifestés aux entraînements à Clairefontaine. En 90 minutes, tout s'est écroulé ou presque. Rami a manqué de vivacité dans les duels, où il a été trop souvent fébrile dans ses interventions, et - allez, c'est peut-être plus excusable – d'automatismes avec Koscielny, qu'il retrouvait à ses côtés pour la première fois depuis quatre ans et le quart de finale de l'Euro 2012, perdu contre l'Espagne (2-0).
Adil dans le dur. En première période, alors que Matuidi avait lancé la machine bleue, celle-ci n'a pas mis longtemps à s'enrayer. Deux minutes, plus exactement (22ème). Sur l'égalisation, Rami n'est certes pas le seul fautif – Evra déserte sa zone, Payet se fait déborder – mais sa capacité à laisser le champ libre à Aboubakar est plutôt… contrariante. Une petite erreur d'inattention, ça peut arriver. Mais le Sévillan n'en était pas à son coup d'essai. Sur la première occasion des Lions Indomptables (14ème), il se fait déborder en rapidité par Karl Toko Ekambi. Sans une grosse parade de Lloris, il y aurait déjà eu but. Et à la 17ème minute, c'est encore lui qui perd son duel de la tête avec Aboubakar dans la surface.
Jusqu'au bout. Manifestement marqué par son implication sur l'égalisation camerounaise, Rami a ensuite un peu gambergé, comme sur ce long ballon repoussé de la tête... dans les pieds d'un adversaire (24ème), ou cette relance qu'il a mis un temps fou à exécuter pour être finalement contré sans conséquence (27ème). Bon, c'est vrai, il y a eu du mieux en seconde période, notamment dans les duels. Enfin... jusqu'à cette drôle de 88ème minute, où Rami décide de s'avancer à 40 mètres de son but pour jouer un duel de la tête. Et, comme un symbole, passe au travers. Koscielny lui aussi est battu : les Camerounais égalisent. Un but qui résume bien tout le travail, immense, qu'il reste à accomplir à la fois pour Rami mais aussi pour la défense en général.
En chantier. Si les Bleus peuvent dire merci à Dimitri Payet et à son coup de patte magistral sur coup franc, le fait est que la France a encaissé deux buts à chaque fois lors des trois derniers matches pour un total encaissé de 21 buts en 19 rencontres. A l'Euro, on ne pourra pas gagner tous nos matches 3-2, 4-2, 4-3, ou 5-4...
"Personne ne perd des points dans un match comme celui-ci", a rappelé Didier Deschamps sur TF1 après la rencontre. On n'a pas vu le même match, coach.