AMBIANCE - Avant l'élection à la présidence la Fifa vendredi, les cinq candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille, sur le terrain ou en coulisses.
A la Fifa, la vie est tout sauf un long fleuve tranquille. Alors que l'organisation s'apprête à élire son nouveau président à l'issue d'un congrès extraordinaire qui se tiendra vendredi, rien ne semble figé dans le marbre. Pas même la date du scrutin. Mardi, le prince Ali, l'un des cinq candidats à la succession de Sepp Blatter, a saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour demander le report du vote. Ce recours intervient alors que le prince jordanien avait déjà saisi samedi ce même TAS afin d'obtenir la mise en place d'un isoloir transparent lors de l'élection. Requête immédiatement rejetée par la commission électorale de la Fifa.A l'image du prince Ali, chacun des cinq candidats tente de mettre la pression à sa manière.
Alliances et voyages. Le Sud-Africain Tokyo Sexwale a ainsi décidé de jouer l'ouverture. Malgré le soutien notamment de la légende du foot Franz Beckenbauer, il n'a en effet plus grand-chose à espérer. Alors que sa propre fédération n'est même pas sûre de voter pour lui, l'ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela s'est dit "ouvert aux alliances". Il a ainsi invité au Cap, cette semaine, l'un des principaux favoris de l'élection, Gianni Infantino.
L'Italo-Suisse de 45 ans, grand ami de Michel Platini et né à moins de 10 kilomètres du village natal de Sepp Blatter, a accepté l'invitation même s'il bénéficie déjà du soutien de l'UEFA, dont il est secrétaire général, de la Confédération sud-américaine (Conmebol) et de l'Union d'Amérique centrale de football (UNCAF). "Je pense que j'aurai du succès en Afrique. J'ai visité beaucoup de pays et rencontré beaucoup de gens influents. Je pense obtenir plus de la moitié des votes, car j'ai quelque chose de concret à offrir au continent", a avancé lundi le candidat européen depuis Le Cap.
Concurrence. Sauf que la Confédération africaine de football a déjà un candidat officiel, en la personne du Bahreïni, le Cheikh Salman, l'autre grand favori du scrutin. Le voyage de Gianni Infantino constitue un enjeu d'autant plus déterminant que l'Afrique, avec ses 54 fédérations, représente le plus grand nombre de votants. Avec ce soutien, combiné à celui de la Confédération asiatique et ses 46 fédérations, le Cheikh Salman pouvait potentiellement compter 100 suffrages en sa faveur, soit quasiment la moitié des 209 bulletins. En se rendant au Cap, Infantino a-t-il complètement rebattu les cartes ? Cela se pourrait bien.
Activisme procédural. Le dernier postulant, le Français Jérôme Champagne, ancien diplomate et ex-secrétaire général adjoint de la Fifa, a lui bien du mal à exister. "Les onze années que j'ai passé à la Fifa sont un avantage", confiait récemment le Français au journal Le Figaro, sans hésiter à répéter que "Blatter a fait du bien au football". Et lui aussi, à l'image du prince Ali, a décidé de se lancer dans une bataille procédurale, en dénonçant le trop grand nombre "d'observateurs" de l'UEFA et de la Confédération asiatique accrédités pour le congrès. Des invités qui, selon lui, seraient là en tant que lobbyistes, pour faire campagne pour Salman et Infantino jusqu'à la dernière seconde. Une plainte a ainsi été transmise au président de la commission électorale ad hoc de la Fifa, Domenico Scala.
"Une crédibilité à regagner". La tâche sera en tout cas de grande ampleur pour celui qui succédera à Joseph Blatter, en poste depuis 17 ans. Le président par intérim de la Fifa, le Camerounais Issa Hayatou, l'a répété lundi dans un courrier aux 209 fédérations membres: "Nous devons nous assurer que ce congrès marquera une nouvelle aube pour la Fifa, sur le chemin d'une crédibilité à regagner". Mais à l'issue du scrutin, vendredi, pas sûr que les candidats battus soient prêts à tirer dans le même sens.