Vendredi, le Tribunal arbitral sur sport (TAS) a décidé de ne pas lever la suspension de toute activité liée au football pesant sur Michel Platini et courant jusqu'au 5 janvier prochain. Cela constitue quand même une petite surprise. Mais s'agit-il d'une si mauvaise surprise pour le président de l'UEFA, candidat déclaré à la présidence de la Fifa ? A voir.
Assurément pas un cadeau. La proximité de Noël n'y a rien changé. Le TAS n'a fait aucun cadeau à Michel Platini (ce n'est pas son rôle, cela dit...). Même si elle ne valait pas blanchissement, une levée de la suspension provisoire aurait eu deux grands mérites pour le président de l'UEFA, actuellement sur la touche. Après deux mois de coups durs, elle aurait été une première victoire, même si le match n'était pas forcément à enjeu, la commission d'éthique de la Fifa devant encore rendre son jugement. C'est raté.
Plus concrètement, une décision favorable du TAS aurait permis au dirigeant français d'être présent au tirage au sort de la phase finale de l'Euro 2016, dont il est un petit peu le père géniteur de par sa fonction de président de l'UEFA. Manqué là aussi, et certainement très dur à vivre. En conséquence de quoi, la grand-messe du Palais des Congrès de Paris sera placé samedi sous le haut patronage de Gianno Infantino, n°2 de l'instance et pour le moment seul candidat estampillé UEFA à la prochaine élection à la présidence de la Fifa.
"Je pense que la décision du TAS est une vraie mauvaise nouvelle, qui succède à d'autres mauvaises nouvelles juridiques", a estimé au micro d'Europe 1 Pim Verschuuren, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
Une décision formelle. Si l'on veut résumer, Platini a entamé un double combat avec la Fifa : un sur la forme et un sur le fond. Il vient de perdre celui sur la forme. Le TAS a en effet laissé toute latitude à la commission d'éthique de la Fifa pour mener à bien son enquête. "Puisque la commission d'éthique de la Fifa a indiqué vouloir rendre une décision avant la fin de l'année, alors laissons la finir son travail et attendons la décision sur le fond", a expliqué Matthieu Reeb, secrétaire général du TAS. Toute latitude mais pas tout le temps. En effet, le TAS a demandé à la Fifa "de ne pas prolonger la suspension provisoire de Michel Platini au delà du 5 janvier".
La Fifa avait en effet la possibilité de prolonger de 45 jours la première suspension de trois mois, prononcée le 8 octobre. En clair : le TAS estime que la suspension provisoire qui frappe actuellement Michel Platini ne lui cause pas de tort, mais que cela ne serait pas le cas si elle venait à être prolongée au-delà du 5 janvier. Pourquoi cette position ? Tout simplement parce que l'élection à la présidence de la Fifa est prévue le 26 février prochain. Et que, pendant que les quatre autres candidats font campagne, Platini, lui, reste mis au ban.
Rendez-vous très bientôt. D'ici Noël, les choses devraient aller très vite dans cette affaire, qui, on le rappelle, concerne un paiement en 2011 de près de 2 millions d'euros du président démissionnaire de la Fifa, Sepp Blatter, à Michel Platini pour une mission effectuée neuf ans plus tôt, en 2002. Platini sera entendu le 18 décembre prochain par la chambre de jugement de la commission d'éthique de la Fifa. Celle-ci s'est engagée à rendre une décision d'ici Noël. A moins que la note dont Le Journal du Dimanche a révélé l'existence dimanche dernier ne change la donne - ce qu'espère le clan Platini -, on voit mal comment la commission d'éthique, dont la chambre d'instruction a requis une radiation à vie contre Platini, suscitant l'ire de son avocat, pourrait l'absoudre totalement.
Si Platini devait être suspendu, ne serait-ce que trois mois - cela l'empêcherait de facto de se présenter à la présidence de la Fifa -, il fera appel de sa suspension devant la chambre d'appel de la Fifa, peut-être, et assurément devant le TAS. C'est à ce moment-là que l'instance, dont le jugement fera autorité, se prononcera sur le fond du dossier. Michel Platini "reste confiant sur le fond de l'affaire et sur la solidité de son dossier", a assuré son avocat, Me Thibaud d'Alès. Le match, mal engagé, n'est pas pour autant perdu.