Une cinquième défaite en finale. Le retour du héros n'aura pas suffi. Conspué après son départ de "sa" franchise de cœur en 2010 pour rejoindre l'équipe galactique de Miami, Lebron James avait retrouvé les "Cavs" cette saison. Avec la ferme intention de porter sur ses épaules musculeuses les espoirs de toute une ville et de décrocher enfin ce titre qui s'est toujours refusé à Cleveland. Il n'en a rien été puisque c'est Golden State qui s'est imposé mardi en remportant la fameuse quatrième victoire des finales (105-97), synonyme de titre NBA.
La star Lebron contre le collectif de Golden State. En l'espace de quelques matches en début de saison, il avait regagné l'amour du public et permis aux Cleveland Cavaliers, retombés dans les tréfonds du classement de la conférence est en son absence, de revenir au premier plan. Bien épaulé par les recrues Kevin Love, Kyrie Irving, Mike Miller et James Jones, Lebron James pensait pouvoir réaliser l'exploit et offrir à Cleveland le premier titre NBA de son histoire après quatre finales perdues. Il n'en a rien été, puisque le quadruple MVP s'est cassé les dents sur le collectif bien rôdé des Golden State Warriors en finale, porté par un Stephen Curry toujours aussi impressionnant au shoot (45% de réussite et 28.3 points de moyenne par match en play-off).
Des statistiques individuelles hallucinantes. Le messie James aura donc porté les siens jusqu'aux portes du paradis, avant de les voir se refermer au dernier instant, au terme d'une finale haletante, où Golden State semblait tout de même dominateur. La star des Cavaliers a beau finir cette série dans la peau du meilleur marqueur, rebondeur et passeur des deux équipes -une première dans l'histoire de la NBA !- les statistiques ne remplacent pas un palmarès.
Amertume et échec. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle "King James", terriblement déçu, a quitté le parquet sans assister à la remise du titre. "Quand on échoue, ça fait mal, ça vous mange de l'intérieur", glissait-il, amer, quelques minutes après cette ultime défaite dans la nuit de mardi à mercredi. Obsédé par sa quête de titres NBA (il n'en a gagné "que" deux lors de son passage à Miami), le numéro 23 des "Cavs" a néanmoins trouvé des motifs de satisfaction au terme de cette saison : "Je pense quand même qu'on a remis la franchise à une place où elle doit être, celle de prétendante au titre."
Cleveland, le Clermont de la NBA. A la manière de Clermont dans le rugby français (dix défaites d'affilée en finale avant le premier titre de 2010) ou d'un Poulidor sur le Tour de France (huit podiums et aucune victoire), Cleveland semble désormais frappé du sceau de la malédiction. Même son enfant prodigue n'est pas parvenu à briser ce mauvais sort, puisqu'en trois finales jouées avec sa franchise James présente un bilan plus que défavorable (douze défaites pour deux victoires seulement).
King James, le Roi soleil. David Blatt, l'entraîneur des Cavs, est lui aussi très atteint par cette énième déception. Mais il peut se consoler en se rappelant ses propres paroles. Si Cleveland n'a pas de palmarès, la ville a un héros, comme il l'expliquait à l'Equipe Explore : "C'est le fils prodigue. La plupart des gens ici ont, quelque part, quelque chose qui les rapproche de Lebron. C'est un rapport très personnel. Cette région a vécu des moments difficiles parce qu'elle a perdu beaucoup d'usines, mais il est comme le soleil au-dessus de la brume."
Un soleil qui, à trente ans, est aujourd'hui à son zénith. Pourra-t-il briller encore longtemps pour égaler la performance de son glorieux prédécesseur dans l'imaginaire des fans de NBA, Michael Jordan (six titres NBA)? C'est la question que Lebron James et toute une ville doivent se poser.