En un an, Zinédine Zidane a balayé presque tous les doutes sur sa nomination au poste d’entraîneur du Real Madrid. Avec déjà trois trophées remportés (Ligue des champions, Supercoupe d’Europe et Mondial des Clubs), les premiers pas de l’ancien numéro 10 des Bleus sur le banc madrilène ont été couronnés de succès, au point que le Marseillais de naissance figure parmi les trois finalistes pour le titre de meilleur entraîneur de l’année de la Fifa. Mais pour inscrire son nom au panthéon des plus grands coaches de l’histoire du foot, comme "Pep" Guardiola, Johan Cruyff ou encore José Mourinho, "Zizou" a encore des défis à relever.
Étoffer son palmarès.En remportant la Ligue des champions, Zidane a d’ores et déjà marqué l’histoire du Real et du foot européen. Avec 37 matches consécutifs sans défaite toutes compétitions confondues, il pourrait même battre la semaine prochaine le record d’invincibilité en Espagne détenu par le Barça de Luis Enrique (39 matches en 2015-2016). Le principal défi pour "Zizou" reste cependant de remporter la Liga cette saison, après avoir été devancé d'un seul petit point l'an dernier par le Barça.
Mais si Zidane veut réellement marquer l'époque de son empreinte, il doit relever un immense défi : conserver son titre en Ligue des champions, un exploit plus réalisé depuis le grand AC Milan en 1989 et 1990. Être le premier entraîneur à remporter la C1 deux fois d’affilée depuis le légendaire entraîneur italien Arrigo Sacchi, voilà un sacré challenge pour le coach français.
Perfectionner son projet de jeu. En un an, Zidane a spectaculairement redressé une équipe en lambeaux après une première partie de saison 2015-2016 catastrophique. Son principal fait d’armes : avoir remobilisé, grâce à ses qualités de management, un vestiaire de stars réputé versatile et difficile. "Il amène cette impulsion, ce petit plus qui fait la différence entre le premier et le deuxième. Avec son aura, il a stabilisé et rassuré ses joueurs", apprécie notre consultant Raymond Domenech.
Zidane n’a cependant pas échappé à quelques critiques, notamment sur la qualité du jeu déployé par "son" Real. "Zidane a une sensibilité offensive, ce qui est indispensable au Real. Mais il n’a pas de projet théorique comme Pep Guardiola ou José Mourinho. Ce n’est pas un idéologue, mais plutôt un entraîneur politique", analyse Thibaud Leplat, journaliste et auteur de Guardiola, éloge du style et Le cas Mourinho.
Car, contrairement aux équipes de Guardiola, dont le style à base de possession et de passes courtes saute immédiatement aux yeux, il n’existe pas, pour le moment, de "patte" Zinédine Zidane. L’ancien meneur de jeu, qui a fait sa formation d’entraîneur en France, s’est surtout inspiré des coaches qu’il a côtoyés tout au long de sa carrière. "Zidane est un mix entre Marcelo Lippi (son entraîneur à la Juventus), pour la tactique, Carlo Ancelotti (dont il était adjoint au Real) pour le rapport avec ses joueurs, ou encore Vicente Del Bosque (son entraîneur au Real)", poursuit Thibaud Leplat.
Être une source d’inspiration. Après s’être inspiré de plusieurs illustres entraîneurs, Zidane peut-il, à son tour, être un modèle pour les générations futures, comme l’a été Johan Cruyff ? Thibaud Leplat en doute. "Ce n’est pas un entraîneur qui va faire école. Zidane est un entraîneur français, il parle donc assez peu de jeu. Il n’a pas une immense connaissance de l’histoire du foot par rapport à d’autres grands coaches. Il n’a pas non plus la sagesse ou la curiosité d’un Pep Guardiola", juge l’auteur de Les Bleus, c’est nous (éditions Solar).
En Espagne cependant, Zidane commence déjà à être comparé aux plus grands. "Les médias commencent à faire le parallèle avec Guardiola. Comme lui au Barça, Zidane est un produit 'maison', issu du Real", relève notre correspondant en Espagne Henry de Laguérie. Mais pour être réellement jugé à l’aune de ses prestigieux devanciers, il manque une donnée toute simple à l’ancien meneur de jeu : du temps. Dans six mois, quand il aura conclu sa première saison complète à la tête du Real, le bilan et l’empreinte de Zidane prendront, déjà, un peu plus de sens.