Le rendez-vous Lyon-PSG est devenu ces dernières années un incontournable de la scène nationale, c’en est désormais un sur la scène européenne. L’Olympique Lyonnais, six finales et trois sacres européens au compteur, défie le Paris Saint-Germain jeudi à Cardiff, en finale de la Ligue des champions. Deux clubs français en finale d’une grande compétition européenne, c’est inédit, aussi bien chez les filles que chez les garçons. "C’est quelque chose que je n’aurais pas imaginé il y a quelques années", concède sans émotion l’entraîneur du Paris Saint-Germain Patrice Lair - double vainqueur de l'épreuve avec Lyon en 2011 et 2012 - au micro Europe 1. "C’était plutôt les équipes allemandes qu’on retrouvait à ce niveau de la compétition. Aujourd’hui, c’est le football français qui est l’honneur. C’est sensationnel." Mais c’est tout, sauf un hasard, si on retrouve ces deux formations au firmament de l’Europe.
Les plus gros budgets d’Europe
Lyon et le Paris Saint-Germain ont eu deux approches différentes par rapport à leur section féminine. Lyon a été aux avant-postes, même en avant-garde, grâce à son président Jean-Michel Aulas, qui a mis des moyens conséquents. "On s’est engagé en ayant une vision du futur qui intégrait le foot féminin à plus haut niveau, et on voit que c’est comme les spirales positives dans le foot masculin, on est dans une phase extrêmement positive de développement", explique-t-il au micro Europe 1.
Mais comme son homologue masculin, l’argent tient une place prépondérante. Que ce soit Paris ou Lyon, les deux équipes ont beaucoup investi pour parvenir au top niveau européen. Lyon et Paris comptent les budgets les plus élevés d’Europe, avec un montant estimé aux alentours de 8 millions pour l’OL, et de 7 millions pour le PSG. Des montants risibles pour le football féminin quand on sait que le budget du PSG masculin atteint les 500 millions d’euros.
Les meilleures françaises restent au pays
Mais ces investissements sont suffisamment conséquents à l’échelle du football féminin pour permettre à Lyon et à Paris de conserver les meilleures françaises au sein du championnat. Quatorze joueuses de Lyon et du PSG figurent d’ailleurs dans la liste de l’équipe de France qui participera en juillet prochain à l’Euro 2017, aux Pays-Bas. Cette manne financière permet aussi d’attirer des stars étrangères, à l’instar de l’Américaine Alex Morgan, de l’Allemande Dzsenifer Marozsan (Lyon) ou de l’Espagnole Verónica Boquete (PSG).
Cette profusion de bonnes joueuses a permis aussi une hausse du niveau globale des équipes de têtes. "Athlétiquement on a su se donner les moyens d’être performantes, techniquement on a haussé le niveau de jeu", analyse au micro Europe 1 Marinette Pichon. Avant on avait une individualité dans une équipe, aujourd’hui, on a des joueuses qui forment un collectif, toute aussi compétentes et performantes dans leur ligne."
La pression anglaise s'accentue
A la rue il y a encore une quinzaine d’année, le football féminin français a désormais un temps d’avance sur la concurrence et les derniers résultats le démontrent : Lyon a disputé depuis 2010 six finales de Ligue des champions pour trois succès, Paris participe à sa deuxième finale européenne en trois saisons.
Mais les autres pays investissent également, que ce soit le FC Barcelone en Espagne, le Bayern Munich en Allemagne et surtout les clubs anglais. Arsenal, Chelsea, Manchester City, autant de noms prestigieux qui devraient prendre de plus en plus de place dans les années à venir au sein du football féminin européen. D’autant plus que qu’une partie des droits TV mirifiques de la Premier League (un peu moins de 7 milliards d’euros) pourraient être reversé pour développer et accélérer le football féminin en Angleterre.
"Il faudra continuer les investissements [pour contrer la concurrence, ndlr]", estime le président Lyonnais Jean-Michel Aulas. Et il faut aussi que la Fédération organise de manière plus ambitieuse son football féminin. Il faut que nos joueuses continuent à jouer dans nos clubs. Et il faut peut-être imposer aux clubs professionnels masculin qu’ils aient une équipe féminine de haut niveau."
La FFF qui, sous l’impulsion de son président Noël Le Graët, a entrepris depuis 2011 un plan de féminisation de son football, va poursuivre en ce sens. L’augmentation sensible des licenciées (125.000 à ce jour), est un bon indicateur de la progression et du développement de la discipline. Il ne manque plus qu’un titre majeur à l’équipe de France, pour que le foot féminin prenne définitivement son envol. L’Euro 2017 et le Mondial 2019, en France, pourraient y remédier.