Rien n'aura été simple pour l'équipe de France sur la route du Mondial 2018, mais la qualification est bel et bien au bout du chemin. Grâce à leur succès étriqué contre la Biélorussie (2-1), mardi soir, au Stade de France, les Bleus ont validé leur ticket direct pour la Russie. Le scénario aurait pu être différent, que cela n'aurait rien changé à l'affaire car, dans le même temps, la Suède, qui devait faire mieux que la France pour se qualifier directement, a été battue aux Pays-Bas (0-2). Certes, les Bleus ont joliment communié avec leurs supporters, mais ils ont encore une fois étalé leurs limites du moment dans le jeu. Alors qu'ils ont rapidement mené 2-0 grâce à leur duo d'attaque Antoine Griezmann-Olivier Giroud, encore une fois si précieux, les hommes de Didier Deschamps ont, comme en Bulgarie samedi soir (victoire 1-0), totalement déjoué en seconde période. Mais ce n'était pas un soir à dissiper les doutes : plutôt une nuit à fêter l'assurance de disputer la Coupe du monde pour la sixième fois de suite.
Le duo Griezmann-Giroud a donné le "la"… Avant de sabrer le champagne, l'équipe de France n'a pas pu s'empêcher de faire passer quelques frissons aux 80.000 spectateurs massés dans un Stade de France comble. La mise en bouche a été pénible, avec un premier quart d'heure tendu seulement marqué par une occasion… biélorusse (10e). L'avertissement a eu au moins le mérite de sortir les Bleus de leur torpeur : la tête de Raphaël Varane, magnifiquement claquée par Sergei Chernik (18e), a précédé de deux minutes un autre coup de boule, d'Olivier Giroud cette fois, sur la barre (20e).
La frustration n'a duré que sept minutes, le temps pour Antoine Griezmann d'endosser son costume de joueur décisif, après l'avoir trop longtemps laissé aux vestiaires ces derniers mois. Il a d'abord débloqué la situation en convertissant une offrande de Blaise Matuidi, d'un tir sous le ventre de Chernik (1-0, 27e). Puis, six minutes plus tard, il s'est mué en passeur pour son compère d'attaque Olivier Giroud (2-0, 33e). Un deuxième but à l'image du joueur d'Arsenal : une frappe en taclant, pas spectaculaire mais diablement efficace, synonyme de 28ème but en sélection, ce qui lui permet de dépasser, au passage, un certain Karim Benzema. Et comme rien ne change avec ces Bleus, ils sont ensuite retombés dans leurs travers presque immédiatement.
…mais la Biélorussie a failli faire taire l'orchestre. On se disait alors que, enfin libérés, plus rien ne pourrait enrayer la marche en avant de l'équipe de France. Mais les (pas si vieux) démons ont resurgi juste avant la mi-temps : Yuri Kovalev a pris de vitesse Lucas Digne, pour servir Anton Saroka, le numéro 10 biélorusse, qui a réduit la marque (44e, 2-1) et en a profité pour réduire au silence la Marseillaise tout juste entonnée par le Stade de France. La mi-temps n'a pas eu d'effet, et comme en Bulgarie, les Français n'ont pas su développer le moindre mouvement collectif au retour des vestiaires.
Car hormis un tacle de Volodko, le latéral biélorusse, qui a failli terminer au fond de ses propres filets (63e), et l'excellente entrée en jeu de Kylian Mbappé, auteur de plusieurs accélérations fulgurantes sur son côté droit, il ne s'est plus rien passé, ou presque, côté tricolore. Les Biélorusses, accrocheurs et sans complexes, auraient même pu (et dû) égaliser. Kovalev, oublié par la défense française, a manqué le cadre juste avant le coup de sifflet final (92e), permettant aux Bleus de conjuguer victoire et qualification et de fêter ensuite comme il se doit ce billet sans barrages pour la Russie. Mais, passé le temps de la célébration, légitime, celui des questions sur le niveau réel des Bleus devrait logiquement lui succéder. Et ce sera à Didier Deschamps de répondre.