Un quasi-inconnu du grand public succède à Michel Platini. Aleksander Ceferin, élu mardi à une écrasante majorité, est devenu le nouveau patron de l’UEFA, la puissante confédération européenne. Le président de la Fédération slovène, avocat de formation âgé de 48, devra tourner la page Michel Platini, déchu de son poste après sa suspension de toute activité liée au football pour quatre ans. Parmi les dossiers brûlants déjà posés sur le bureau du tout nouveau président : la contestée réforme de la Ligue des champions et l’image de l’institution, ternie par le scandale Platini. Tour d’horizon des principaux chantiers qui attendent Aleksander Ceferin.
- Affronter la grogne autour de la nouvelle Ligue des champions
Premier défi d’importance pour le Slovène : toucher ou non à la très contestée réforme de la Ligue des champions. À la fin du mois d’août, en pleine vacance du pouvoir entre la suspension de Platini et l’élection de son successeur, l’UEFA a ainsi décidé de réformer la prestigieuse C1. Désormais, l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie auront quatre places assurées en phase de poule. La raison de cette refonte : empêcher la création d’une Superligue par une poignée de grands clubs européens. Mais si les "puissants" ont été satisfaits, la colère est en train de monter chez les "petits". L'Association européenne des ligues de football professionnel (EPFL) a ainsi dénoncé une "décision qui creuse le gouffre sportif et financier entre les plus grands clubs et les autres".
Aleksander Ceferin, considéré comme proche des "petits" pays, s’était montré très critique contre cette réforme. "Pour les petits clubs, comme les clubs slovènes, ce n’est pas une bonne chose", avait déclaré celui qui n'était encore que candidat dans le journal L’Equipe. Mais, un brin fataliste, il avait ajouté : "Si je suis élu, je ne pourrai pas la changer". A peine élu, le tout frais président de l’UEFA n’a pas promis de toucher à cette nouvelle formule. "Je dois voir ce qui peut être fait", a déclaré Ceferin, comme un aveu d’impuissance ou presque. Mais pour éviter la rupture entre les "petits" et les "gros", l’avocat de formation devra faire un geste et se montrer fin diplomate.
- Redorer le blason de l’UEFA
Si le Slovène aura du mal à contenter les opposants à la réforme de la C1, il devrait en revanche avoir les mains libres pour redorer le blason de la confédération européenne, terni par la suspension de Michel Platini. Ceferin a ainsi promis de "faire de l'UEFA une organisation aussi transparente que possible" et de "suivre la voie de la réforme, à l'instar de la Fifa". Parmi les pistes envisagées par le nouveau président : ouvrir le débat sur "une durée limite des mandats" pour les membres du comité exécutif, ou encore revoir les processus d’attribution des compétitions gérées par la confédération européenne.
Ceferin bénéficie en tout cas de l’image de l’homme du renouveau. Membre de la commission de discipline de la Fifa, il n’est pas assimilé à "l’ancien régime" du gouvernement du football. Reste que l’avocat devra être un exemple de probité pour ne pas subir le même sort que son homologue de la Fifa, Gianni Infantino. A peine élu, le nouveau patron du foot mondial avait été dans l’œil du cyclone au sujet de son salaire. Gageons que Ceferin a retenu la leçon.
- S’affirmer et se faire un nom
Méconnu des amateurs de foot, Ceferin va également devoir s’affirmer. Un mensuel norvégien l’a ainsi accusé d’être la "marionnette" de Gianni Infantino, le nouveau boss de la Fifa. Parrainé d’entrée par l’Italie, le Slovène a été également critiqué pour le soutien ostensible du gouvernement russe. Des accusations réfutées par l’intéressé dans de nombreuses interviews.
"Un jour, je suis la marionnette de Platini, le deuxième celle d'Infantino, le troisième celle de la Russie, le quatrième celle de l'Italie", a-t-il ironisé. "Certains journalistes semblent avoir du mal à croire qu'un type venant d'un petit pays comme la Slovénie puisse être un candidat indépendant. Mais croyez-moi, je le suis", avait assuré Ceferin dans des propos au quotidien autrichien Kurier. Les "petits" pays du foot européen l’espèrent très fort.