C'est la surprise du chef. En appelant Benjamin Pavard et Steven Nzonzipour les deux rencontres amicales contre le pays de Galles et l'Allemagne (10 et 14 novembre), Didier Deschamps a fait son petit effet. Le sélectionneur des Bleus, qualifiés pour la Coupe du monde 2018 après une phase de qualification où ils ont alterné le bon et le moins bon, compte profiter des six mois qui nous sépare du Mondial pour étoffer la liste des prétendants. Présentation de ces deux nouveaux méconnus du grand public.
Benjamin Pavard, un jeune qui apprend vite
À 21 ans, Benjamin Pavard a déjà parcouru un sacré bout de chemin. Débarqué à Stuttgart de Lille en juillet 2015 contre 5 millions d'euros, le défenseur a d'abord fait ses armes en deuxième division allemande. Souvent latéral la saison dernière, Pavard s'est montré inconstant, capable de coups d'éclat autant que de prises de risques inconsidérés aux abords de sa surface. "Pavard jouait souvent avec une provocante désinvolture, comme s'il cherchait à obtenir un rôle dans un remake du film Mr Cool", ironisait récemment le grand quotidien local Stuttgarter Nachrichten.
Mais le garçon est intelligent. Et la montée du VfB en Bundesliga cette année lui a fait prendre conscience des exigences du haut niveau. "Mon jeu n'avait rien à voir avec de l'arrogance", se défend le natif de Maubeuge, qui avoue que ses modèles sont Mats Hummels (Bayern Munich) et Sergio Ramos (Real Madrid), tous les deux champions du monde. Son sens du placement, sa puissance et son engagement dans les duels, son jeu de tête, sa capacité à anticiper les courses des attaquants, et la sûreté de ses passes (92%) font de lui aujourd'hui le pilier de la défense de son club, actuel 12ème de Bundesliga après dix journées.
"J'ai beaucoup travaillé sur moi", disait fin septembre ce grand gaillard (1,86 m) aux cheveux bouclés, qui a surtout amélioré son physique, pour tenir le coup dans les joutes sans merci du Championnat d'Allemagne. "Je pense que j'ai fait des progrès. J'ai mûri et je suis devenu un homme", considère-t-il. "Benjamin a été très performant avec son club et chez les Espoirs (15 sélections). C'est un défenseur central à la base, il peut jouer à d'autres positions", a noté le sélectionneur national en annonçant jeudi le nom du nouvel appelé.
Didier Deschamps évoque Benjamin Pavard et Steven Nzonzi :
Steven Nzonzi, la lente éclosion
Disons-le tout de suite, Steven Nzonzi n'est pas un jeune premier. Le milieu récupérateur du Séville FC, âgé de 28 ans, s'est construit dans le temps, au gré des échecs qu'il a connus avant de devenir la sentinelle du club andalou. Car avant d'arriver - et de s'imposer - à Séville en 2015, le natif de Colombes a connu quelques années de galère. Et ça a commencé jeune. Non conservé par les centres de formation du PSG et de Caen, le jeune Steven a signé son premier contrat professionnel à Amiens en 2007, alors en Ligue 2. Il inscrit le premier but de sa carrière en mai 2009, quelques semaines avant de quitter le club à l'été 2009.
Courtisé par plusieurs clubs français, dont l'OM, Steven Nzonzi choisi l'Angleterre et les Blackburn Rovers pour la suite de sa carrière. Il y reste trois saisons et se fait recruter par Stoke à l'été 2012 avant, donc, de rejoindre l'Espagne en 2015. Ses premiers mois en Andalousie ne sont pas de tout repos. Nzonzi a alors 27 ans et peine à convaincre Unai Emery, l'entraîneur, de le titulariser. Ce qu'il fera tout de même le 18 mai 2016 lors de la finale de la Ligue Europa contre Liverpool (3-1). Associé à Grzegorz Krychowiak à la récupération, le Français tient la boutique et remporte le trophée, le seul de sa carrière à ce jour.
Nzonzi poursuit sur sa lancée : il s'affirme progressivement comme un cadre du club andalou et un milieu reconnu en Liga, où les joueurs de talent pullulent. "Il fait un bon début de saison", a résumé Didier Deschamps jeudi. "C'est aussi une question de registre et de poste", a également justifié le sélectionneur, qui doit se passer pour ce rassemblement de N'Golo Kanté, blessé. Nzonzi "est un joueur qui connaît bien ce poste et ce rôle de milieu axial". Le joueur sévillan a déjà porté le maillot bleu, celui des Espoirs, entre 2009 et 2010, pendant six rencontres.