-3°C à Nantes mardi soir pour Les Herbiers-Lens, -3°C annoncé aussi à Beauvais, pour Chambly-Strasbourg, 0°C à Paris pour le Classique entre le PSG et l'OM, mercredi, et des températures ressenties flirtant un peu partout avec les -10°C… Les joueurs qui vont disputer cette semaine les quarts de finale de la Coupe de France vont grelotter. Mais de telles températures nuisent-elles aux footballeurs et au football ? Éléments de réponse.
- Pour les joueurs : pas de risque majeur, mais…
Courir en short après un ballon par -10°C, a priori, ça ne fait rêver personne. Mais détrompez-vous, le froid ne serait pas l'ennemi n°1 du footballeur. "À part l'inconfort de jouer par -10°C, le risque n'est pas plus grand que de jouer par 20°C de température", insiste au micro d'Europe 1 Jean-Pierre Paclet, ancien médecin de l'équipe de France. En revanche, il est moins grand que de jouer par des températures de 30°C.
"Quand il fait chaud et très humide, il y a des risques de déshydratation aiguë, qui là, posent des problèmes médicaux certains", souligne le docteur Paclet. L'ancien sélectionneur des Bleus, et consultant d'Europe 1, Raymond Domenech, qui a évolué à Strasbourg pendant sa carrière de joueur, a bien connu le froid. Et son avis est tranché. "Ce n'est pas un problème. J'ai eu plus froid à Marseille avec le vent qu'à Strasbourg à -10°C en plein soleil."
Même si le froid ne présente pas de "risque majeur" selon le docteur Paclet, des "précautions" restent nécessaires. "Il faut s'entraîner dans le froid pour habituer son organisme, protéger ses extrémités, porter deux paires de chaussettes. On peut mettre aussi des petites semelles dans les chaussures pour réchauffer les orteils. (…) Tous les joueurs le savent : il faut bien se préparer, bien s'échauffer et porter éventuellement aussi des sous-vêtements de protection", insiste le docteur Paclet. Dans ce domaine de la protection anti-froid, les choses ont d'ailleurs bien changé en quelques années.
"Avant, on mettait des trucs en laine, et au bout d'un quart d'heure, quand on avait transpiré, on avait des plaques de glaçon sur les cuisses", raconte Raymond Domenech, joueur professionnel entre 1970 et 1986. "Maintenant, non, c'est tellement bien fait, bien adapté, qu'il n'y a pas de préoccupation du corps, il faut juste faire attention aux chaussettes, à mettre quelque chose dessous pour ne pas prendre froid." Il faut aussi faire attention aux chocs, et au ballon dans la figure. "Ça, quand il fait froid…", sourit Raymond Domenech.
- Pour les gardiens : l'important, c'est de bouger
Il y a un poste sur le terrain plus sensible au froid que les autres : c'est celui de gardien de but. Dimanche dernier, lors du Classique remporté par le PSG aux dépens de l'OM (3-0), le gardien du PSG Alphonse Areola s'est fait soigner lors des dernières minutes de la rencontre. "J'ai senti une petite crampe, je sentais le froid me prendre", a-t-il précisé au micro d'Europe 1. Il faut dire que le portier parisien n'a pas eu grand-chose à faire face à l'OM…
"Quand on court, quand on fait un exercice physique, on dégage de la chaleur, donc on se réchauffe d'une manière générale", explique Jean-Pierre Paclet. "Regardez Martin Fourcade. Il a couru par des températures de -15°C, il arrivait tout transpirant. Son organisme dégageait de la chaleur. Le problème du gardien de but, c'est qu'il bouge beaucoup moins qu'un joueur de champ, et la seule précaution qu'il peut prendre, c'est de continuer à bouger, même quand l'action se déroule dans la surface de réparation adverse."
Dans les faits, les gardiens terminent souvent les rencontres avec plusieurs kilomètres au compteur. "Ils font 4,5,6 km en moyenne. Ils peuvent trottiner, s'agiter, bouger les bras", insiste Raymond Domenech. Un match de foot, cela reste deux fois 45 minutes, ce n'est pas le bout du monde." Sauf peut-être si l'on y ajoute une prolongation de deux fois 15 minutes et même une séance de tirs au but, ce qui peut être le cas en Coupe de France…
- Pour le terrain : les mauvaises pelouses encore plus mauvaises
Pour Raymond Domenech, la seule conséquence potentiellement nocive du froid, c'est l'état du terrain. "S'il est lisse, et même s'il gèle, si on met des crampons adaptés, il n'y aura pas de souci. Mais si ce n'est pas le cas… Le terrain à Strasbourg, par exemple, vu son état, ça va être une catastrophe. Si on joue là-dessus, il va y avoir des mottes, des creux et ça va se figer. C'est la préparation du terrain qui fait la différence, le reste, il n'y a aucun impact."
Nantes, qui accueille le match Les Herbiers-Lens mardi, et plus encore le Parc des Princes, théâtre d'un nouveau PSG-OM mercredi, devraient offrir une pelouse en parfait état. Il y avait plus d'inquiétude du côté de Beauvais, pour Chambly-Strasbourg et à Caen, avant la réception de Lyon. À Beauvais, la pelouse, hybride, a été chauffée, tout comme à Caen.
Et pour les spectateurs… Eux aussi y sont aussi confrontés. Comme les joueurs, les spectateurs de ces quarts de finale vont devoir préparer leur match. "Pour les spectateurs, dans les tribunes, il y a la solution de la couverture ou de la place chauffante, mais qui n'est pas une réalité encore", relève avec malice Raymond Domenech. "Ou être debout dans certaines tribunes pour pouvoir bouger." Interrogés par Le Parisien, des dirigeants de Chambly confient leurs astuces pour le match de mercredi : le papier journal, isolant qu'utilisent les cyclistes dans les descentes, ou la chaufferette, à mettre dans la poche. On y ajoutera volontiers la double paire de chaussettes, l'accumulation des couches de vêtements et bien sûr les gants et les bonnets. Si possible aux couleurs de son club.