La star de France-Espagne (0-2) n’était pas sur le terrain. Le match amical, mardi soir au Stade de France, a été marqué par l’utilisation de la vidéo à deux reprises. L’arbitre a d’abord refusé un but à Antoine Griezmann pour hors-jeu, avant de valider le 2-0 espagnol grâce à l’aide de la technologie. Mais cette grande première en France a relancé le vieux débat entre les "pro" et les "anti" vidéo et suscité des réactions contrastées, aussi bien de la part des joueurs que des spectateurs. Alors, à qui profite la vidéo ?
- Pour les joueurs : un sacré bouleversement
A la 48e minute, les joueurs de l’équipe de France ont vécu un drôle d’ascenseur émotionnel. Antoine Griezmann croit alors avoir ouvert le score de la tête et commence à célébrer avec tous ses partenaires. Mais après communication avec son assistant vidéo, l’arbitre allemand de la rencontre, Felix Zwayer, invalide le but pour une position de hors-jeu non signalée du passeur décisif, Layvin Kurzawa, au grand dam des Bleus. "J'ai eu beaucoup d'émotion au début mais l'arbitre a eu la vidéo. Ce n'est pas déstabilisant mais chiant parce qu'il faut attendre pour célébrer le but mais tant que c'est pour aider l'arbitre, tant mieux pour lui", a réagi Griezmann, interrogé après la rencontre.
Les Espagnols ont, eux, connu l’inverse en fin de match. Le but de Deulofeu, d’abord signalé hors-jeu par le juge de touche, a finalement été validé grâce à la vidéo (78e). Les Espagnols, d’abord déçus, ont finalement pu célébrer ce 2-0 après quelques dizaines de secondes de flottement. Au contraire des Français, qui, eux, ont dû encore s’avouer vaincus par la technologie. "Ça casse un un peu la beauté du match. Comme je l'ai dit on était prévenu avant le match, on savait comment ça allait se passer", a déclaré, un peu amer, Kevin Gameiro. Les Bleus se souviendront assurément de ce match pas comme les autres.
Le but refusé à Antoine Griezmann :
- Pour les spectateurs du Stade de France : deux longs moments d’incompréhension
Si les joueurs ont été quelque peu déboussolés, que dire des spectateurs du Stade de France. En effet aucune image, permettant aux 80.000 personnes de comprendre ce qui se jouait sur le terrain, n’a été diffusée sur les écrans géants du stade. Les supporters ont dû patienter de longues secondes et s’en remettre aux seuls gestes de l’arbitre, sans connaître les raisons de ses décisions. "C’est de la justice, mais ça enlève cette part d’émotion. Qu’est ce qui vaut mieux, je me pose la question ?", se demande notre consultant Raymond Domenech, présent au Stade de France mardi soir.
Pour résoudre ce problème, le foot pourrait prendre exemple sur l’ovalie. Au rugby, les ralentis sont ainsi diffusés sur les écrans du stade pour permettre aux spectateurs de suivre, eux aussi en temps réel, les décisions des arbitres. Et ne pas laisser aux seuls téléspectateurs le privilège de comprendre ce qui se trame sur le terrain.
Vu du stade, la vidéo c'est une catastrophe. #FRAESP
— françois pinet (@francoispinet) 28 mars 2017
- Pour les téléspectateurs : rapide et efficace
Car à la différence des spectateurs du Stade de France, les supporters confortablement installés devant leur poste de télévision n’ont pas été bouleversés par la vidéo. Que ce soit sur le but annulé aux Bleus ou celui finalement accordé aux Espagnols, les téléspectateurs n’ont eu à patienter que quelques dizaines de secondes avant de connaître le verdict de l’arbitre. Surtout que les ralentis, diffusés par TF1 pendant ce laps de temps, ont permis de se rendre compte du bien-fondé des décisions arbitrales. En résumé, un système simple et efficace… pour les téléspectateurs.
Je ne vois pas en quoi la vidéo a tué l'emotion ce soir . Ne suis pas 1 acharné pro vidéo Mais Elle rattrape 2 erreurs initiales #FRAESP
— Hervé MATHOUX (@MathouxHerve) 28 mars 2017
- Pour l’équité sportive : une victoire de l’Espagne totalement justifiée
Si les spectateurs du Stade de France ont pu s’estimer lésés, l’équité sportive a elle été respectée. Les recours à la vidéo ont en effet permis d’éviter deux erreurs qui auraient considérablement modifié le cours du match. Même les Français, pourtant lésés sur les deux cas, en ont convenu. "Si ça permet de corriger des erreurs comme ça a été le cas, même si c'était en notre défaveur, ça me semble bien pour l'équité sportive", a jugé le sélectionneur Didier Deschamps.
Cette première expérience de la vidéo, plutôt concluante, demande cependant confirmation. Car mardi soir, ce France-Espagne n’était qu’une rencontre amicale. Mais dans un match à fort enjeu, comme une Coupe du Monde ou un Euro, le recours à la vidéo sera un tout autre enjeu. "Les partisans de la vidéo sont sortis renforcés car les décisions prises sont correctes, et plutôt rapides. Mais j'aimerais voir ça sur des situations plus compliquées où les images sont sujettes à interprétation", juge l’ancien arbitre international Bruno Derrien, interrogé par l’AFP. La vidéo, pour l’instant en phase de test, n’a pas fini de faire parler.