Avec Didier Deschamps, l’équipe de France va à l’essentiel. Les Bleus, qui affrontent l’Islande en quarts de finale, ont davantage impressionné par leur force de caractère que par leur fond de jeu. Contre l’Irlande, le sélectionneur des Bleus a ainsi dû changer son plan à la mi-temps pour renverser une situation fortement compromise. Malgré ses nombreux tâtonnements tactiques, Didier Deschamps reste largement épargné par les critiques. Alors, le champion du monde 98 bénéficie-t-il d’une certaine immunité ? Nous avons posé la question à nos consultants.
Des critiques, il y en a. Dans l’imagerie collective, Didier Deschamps restera à jamais associé au plus grand succès de l’histoire du foot français. Capitaine des champions du monde 98, DD jouit d’une cote de popularité considérable. Quatre Français sur cinq ont ainsi une bonne opinion du sélectionneur des Bleus, selon un sondage publié dans le Parisien cinq jours avant le coup d’envoi de l’Euro.
Alors, DD a-t-il une telle popularité qu’il lui épargnerait les critiques ? Pour Guy Roux, la réponse est non. "Je ne trouve pas la presse particulièrement gentille. Les médias n’oublient pas la critique. Quand l’équipe de France n’a pas bien joué, tout le monde l’a dit", assure l’ancien entraîneur d’Auxerre. Le choix de Didier Deschamps de titulariser Blaise Matuidi à droite plutôt qu’à gauche, son poste habituel, lors du huitième de finale contre l’Irlande, a par exemple été largement critiqué. DD n’est donc pas épargné.
Des erreurs… rectifiées. Depuis le début de la compétition, le sélectionneur des Bleus cherche encore la bonne formule. La preuve : Didier Deschamps en est à quatre compositions différentes en quatre rencontres à l’Euro. Contre l’Irlande, il avait ainsi remisé son traditionnel 4-3-3 au placard pour un 4-2-3-1 plus offensif à la mi-temps. Résultat : les Bleus, menés 1 à 0 et sans imagination, ont renversé la vapeur en deuxième période.
Didier Deschamps n’hésite donc pas à changer ses plans initiaux quand la situation l’exige. "Quand il s’est aperçu de ses erreurs, il a rectifié le tir", estime Guy Roux. Un avis partagé par Olivier Dacourt, l’ancien milieu de terrain international : "On est en quarts de finale, on va affronter l’Islande, et quand elle a été en difficulté elle a su répondre présent. Donc je pense qu’on a une vision tout à fait normale des performances de l’équipe de France", juge l’ex-joueur de l’Inter Milan et de l’AS Roma. DD fait donc des erreurs, oui, mais il sait les corriger. C’est aussi à ça qu’on reconnaît un grand coach.
Préparation agitée = DD excusé. Mais si le collectif des Bleus n’est pas une machine parfaitement huilée, DD a une excuse : il a dû composer avec une préparation (très, très) agitée qui a balayé toutes ses certitudes. "L’équipe de France a été constituée dans des conditions épouvantables, avec des problèmes avant la liste et aussi de dernière minute. On ne peut pas s’appuyer sur des certitudes", abonde Guy Roux.
Entre les affaires extra-sportives des uns (Benzema, Sakho) et les forfaits des autres (Varane, Diarra, Mathieu), le sélectionneur a en effet dû reconstruire l’édifice bleu en un minimum de temps. Dans ces conditions, difficile de (trop) en demander aux Bleus.
La solution : gagner. Que l’équipe de France ne joue pas comme le Barça n’est pas non plus très étonnant. A la différence d’un Pep Guardiola ou d’un Marcelo Bielsa, qui axent leur travail sur une idée de jeu bien précise, Didier Deschamps est un entraîneur pragmatique. Son unique obsession : la gagne. Une philosophie qui convient parfaitement à l’ancien milieu de la Juventus, biberonné au foot italien et à l’obsession de la victoire, quel qu’en soit le prix et la manière.
"Seule la victoire est importante. On ne se rappelle que des vainqueurs", approuve Olivier Dacourt. De ce côté, pas de soucis : Deschamps sait y faire, lui qui possède une des armoires à trophées les plus remplies de l’histoire du foot français. S’il ajoute un Euro à son impressionnante collection, alors là, DD sera intouchable. Presque définitivement.