Qu’on ne s’y trompe pas : Gaël Monfils a réalisé une très belle saison sur les courts, sans doute la meilleure de sa carrière. Mais à 30 ans, le Français termine l’année avec – comme souvent – un sentiment d’inachevé. À l’image de sa semaine londonienne, où le sixième joueur mondial était particulièrement attendu, pour ses tous premiers Masters. Les hauts et les bas de la concurrence, mais aussi le tirage au sort, qui l'avait placé dans le plus abordable des deux groupes, avaient de quoi susciter l'espoir. Résultat : deux défaites en deux matches, face à Milos Raonic et Dominic Thiem, mardi, synonymes d’élimination. Et d’une énième frustration.
Du mieux, beaucoup de mieux. En début de saison, la "Monf" brille comme rarement. À Washington, fin juillet, il soulève son premier trophée depuis 2014, le plus important de sa carrière. Une semaine après, le natif de Paris échoue en demies au Masters 1000 de Toronto et rate l’occasion de disputer sa quatrième finale de l’année. Quelque chose a changé. Plus calme, plus mature, plus constant, Monfils impressionne et confirme en septembre à l’US Open, où il remporte tous ses matches en trois sets pour se hisser jusqu’en demi-finale, face à Novak Djokovic. "Je travaille mieux, différemment", insiste-t-il alors. La presse est dithyrambique. "Monfils, les dessous d’une métamorphose", titre notamment Le Parisien, qui loue les méthodes de son coach, le Suédois Mikael Tillström.
Avec Monfils, il y a toujours un "mais". Et là, patatras. D’un coup d’un seul, l’image du "Monfils nouveau" vole en éclat. Son naturel revient au galop. Face à Djoko, son attitude désinvolte, à la limite de l’irrespect – à tel point qu’il se fait conspuer par une partie du public – lui attire les foudres des observateurs. "Si être différent, c'est être non-professionnel, c'est dur, quand on arrive en demi-finales d'un Grand Chelem". Certes, mais la déception est à la portée des espoirs placés en lui.
Encore une marche à gravir. Car s’il est aujourd’hui à son meilleur classement (6e), reste la sensation qu’il peut encore progresser. À Bercy, il y a deux semaines, Gaël Monfils, forfait, a néanmoins tenu à clarifier un bon nombre de malentendus qui auront jalonné sa saison. Notamment sur ses blessures à répétition, qui lui auront fait raté Roland-Garros, Wimbledon - où il sort au premier tour face à Jérémy Chardy - le quart et la demi-finale de Coupe Davis face à la République tchèque et à la Croatie. Son implication en équipe de France est remise en cause. L’incompréhension avec le capitaine Yannick Noah est totale. "Il y a des moments où j’ai pu le décevoir et je m’en suis vraiment excusé car Yannick, c’est quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Il m’a reproché de ne pas envoyer de textos à Trinec. Il a envie qu’on participe plus quand on n’est pas là. Je lui ai dit que ce n’était pas forcément dans mes habitudes. Mais je vais essayer de changer."
Que ce soit sur les courts ou en dehors, Monfils peut-il vraiment changer ? Les années passent et la question demeure sans réponse. Fin 2015 à Bercy, le Français avait fait son autocritique sur certains de ses choix et sur sa façon d’aborder les grands rendez-vous, considérant même avoir "perdu une année". En 2016, on a failli croire que c’était la bonne. Pour 2017, on y croit toujours. Mais cela ne devra pas durer éternellement. Au risque de définitivement devenir, comme le qualifiait John McEnroe début septembre, l’une des "plus grosses déceptions de l'histoire du tennis",