De violents incidents ont éclaté avant la rencontre entre Lyon et Besiktas, jeudi soir, en quarts de finale aller de la Ligue Europa. Le match avait pourtant été classé à haut risque en raison de la présence de 20.000 supporters turcs dans les tribunes. Dans ces conditions, comment de tels affrontements ont-ils pu avoir lieu ?
- La gestion de la billetterie : l’OL pointé du doigt
Plusieurs jours avant le match, la gestion de la billetterie par le club lyonnais avait déjà été vivement critiquée. L’OL avait privilégié ses abonnés sur les premier et deuxième étages du Parc OL. Mais le troisième étage, mis à disposition du grand public, a été pris d’assaut par les supporters turcs vivant en France, qui pouvaient acheter jusqu’à six billets. Mais certains de ces billets ont fini entre les mains de fans venus d'Allemagne ou d'Angleterre. Conséquence directe : les fans turcs étaient près de 20.000 et disséminés dans tout le stade au milieu des fans lyonnais, attisant les tensions.
"Il y a une colonie turque très importante en France avec des centaines de milliers de représentants. Ils ont pu récupérer plus de billets que nous ne l'imaginions", a reconnu Jean-Michel Aulas. Le président lyonnais a cependant rejeté la responsabilité de son club, expliquant que l’OL ne pouvait refuser la vente à des supporters turcs résidant en France. "Selon la loi française, à partir du moment où l'on met en place une billetterie digitale, nous n'avons pas le droit de faire du refus de vente. Nous avons simplement fait en sorte qu'il n'y ait pas de vente à l'étranger", a-t-il fait valoir.
- La sécurité : les forces de l'ordre et le club dépassés
Le match, classé à très haut risque (niveau 4 sur 4), avait pourtant fait l’objet de mesures de sécurité renforcées, avec la présence de 1.000 stadiers et plus de 750 policiers et gendarmes. Les forces de l’ordre ont pourtant été dépassées par la multiplication des scènes de violence entre supporters aux abords du stade. Après de longues minutes de tension, un calme précaire est finalement revenu peu avant 21 heures, lorsque les derniers spectateurs sont entrés dans le stade.
Mais la violence s'est alors déplacée à l’intérieur du Parc OL, des supporters turcs jetant des projectiles sur des fans lyonnais situés en contrebas. "Il y avait vraiment des engins de feu, des blessures sévères et un certain nombre de bombes agricoles qui ont explosé au-dessus de la tête de nos fans qui n'avaient qu'une possibilité, celle de fuir sur le terrain", a expliqué Jean-Michel Aulas. Mais une question se pose : comment tous ces projectiles ont-ils pu pénétrer à l’intérieur du Parc OL, malgré les fouilles et les palpations de rigueur pour un tel match ? Celles-ci ont-elles été "simplifiées" afin d'éviter un mouvement de foule devant les entrées du stade ? Le club lyonnais, responsable de l’organisation, devra y répondre.
- Les supporters : des torts partagés
Selon les différents témoignages de ces tristes événements, les torts sont partagés entre les supporters lyonnais et turcs. Avant la rencontre, des fans lyonnais ont ainsi attaqué aux abords du stade des "supporters turcs isolés qui ‘osaient’ chanter ou brandir trop fièrement leurs couleurs". "Plusieurs individus étaient durement molestés", raconte L’Équipe dans son édition de vendredi.
En tribunes, des fans du Besiktas, situés au dernier étage du Parc OL, ont lancé des projectiles sur les fans lyonnais du virage sud situés en contrebas, selon notre journaliste présent sur place. Des bagarres ont alors éclaté entre les deux camps, poussant des spectateurs à trouver refuge sur la pelouse. La situation s’est finalement calmée, et la rencontre a pu débuter avec 45 minutes de retard. Car oui, il y a bien eu un match, remporté 2-1 par Lyon…
- Lyon sanctionné ?
L'OL, responsable de l'organisation du match, pourrait être lourdement sanctionné par l'UEFA. Le club lyonnais risque notamment une lourde amende, voire un ou plusieurs matches à huis-clos.