Mercredi, à l'issue de sa victoire en cinq sets face à l'Argentin Diego Schwartzman, Gaël Monfils a fait cette révélation : "Je l'avais vu jouer en vidéo contre Federer à Istanbul (défaite en trois manches, ndlr) et je savais qu'il était dangereux". La fameuse séance vidéo n'est donc pas l'apanage du seul football. Elle est même l'une des marottes de Jan De Witt, entraîneur de Monfils depuis décembre dernier et de son compatriote Gilles Simon depuis mars 2013. Ce quinquagénaire allemand, à l'allure débonnaire et très affable, fonde une partie de sa préparation sur des vidéos et sur un logiciel...
"Un gros avantage sur la concurrence." "C'est un logiciel très avancé", sourit Jan De Witt, interrogé à la sortie d'un entraînement sérieux mais détendu avec Monfils, jeudi après-midi, sur le court n°18. "J'ai appris avec un logiciel basique, puis ensuite avec un logiciel plus avancé de la même entreprise, et maintenant j'utilise un logiciel encore plus compliqué depuis quatre ans. Je le maîtrise de mieux en mieux mais je peux encore progresser, parce que le logiciel est très compliqué…" Mais qu'y-a-t-il donc de si merveilleux dans ce logiciel qui fait dire au coach allemand, sans retenue aucune, qu'il dispose d'un "gros avantage" sur ses concurrents et que lui et ses joueurs sont "devant presque tout le monde" dans ce domaine de préparation ?
"Dix pages sur une bibliothèque entière." "Pensez à une bibliothèque", détaille Jan De Witt, veste de survêtement aux couleurs de son académie, Break Point Base, à Halle, en Allemagne. "Oui, nous avons essayé de créer une bibliothèque des dix meilleurs joueurs du monde, non pas une collection de tous les matches en vidéo, mais des vidéos détaillées de plusieurs situations précises, de coups, de points. Je pense que c'est important pour mes joueurs pour qu'ils améliorent leur jeu. Mais je ne leur montre que des parties de cette bibliothèque. Vous avez des milliers de livres en face de vous mais vous ne choisissez qu'un seul livre. Et sur ce livre, vous ne lisez que dix pages. C'est le travail de l'entraîneur d'avoir ces outils : les vidéos, le logiciel. L'important est que je trouve la meilleure façon de les utiliser et que je montre à mes joueurs ce qu'ils ont besoin de voir, sans leur en montrer trop."
"Ce que la vidéo ne peut pas montrer, ce sont les mouvements de la balle." Avant son deuxième tour, mercredi, Monfils avait sans doute lu "quelques pages". Et avait donc eu droit également à une petite séance vidéo de Schwartzman, qu'il n'avait jamais croisé au cours de sa carrière. "Si vous n'avez jamais joué quelqu'un, c'est toujours bien de voir une vidéo avant afin de vous faire une idée de la façon dont le joueur évolue", précise Jan De Witt. "Donc Gaël avait une bonne idée ce qu'il fallait faire." Pour autant, le coach allemand reconnaît que rien ne peut remplacer les sensations que le joueur éprouve sur le court : "Ce que la vidéo ne peut pas montrer, c'est la hauteur et la vitesse avec lesquelles la balle arrive sur vous et la façon dont vous devez vous adapter".
Vendredi, sur le court Philippe-Chatrier, ce sera un petit peu l'après-midi Jan De Witt puisque ses deux joueurs vont se succéder : Simon affrontera son compatriote Nicolas Mahut tandis que Monfils sera opposé à Pablo Cuevas. Et visiblement, le coach a déjà bossé le dossier du redoutable uruguayen, tête de série n°21. "Tout est différent avec Cuevas, par rapport à Schwartzman", confie-t-il. "Il joue le revers à une main, il varie beaucoup, joue loin de sa ligne. La balle arrive à une vitesse différente, avec une rotation différente, avec des angles différents. Nous devons nous préparer d'une manière bien spéciale pour ce qui va arriver demain." Avec sans doute quelques relevés statistiques et observations vidéo à la clé...