A partir du 5 août, quelque 10.500 athlètes issus de plus de 200 pays se sont donné rendez-vous dans une seule et même ville : Rio. Pour les premiers Jeux olympiques et paralympiques de son histoire, le Brésil promet que tout sera bien prêt à temps pour accueillir sportifs et touristes pendant plus d’un mois. Si la construction des structures sportives semble bel et bien terminée, certains éléments inquiètent encore sur la capacité de la ville à organiser un tel événement.
- Les installations sportives sont prêtes
Malgré de nombreux doutes initiaux, les infrastructures des Jeux seront prêtes pour le coup d’envoi de l’événement. Après d’inquiétants retards et même un gel des travaux en mai dernier, le village olympique ouvrira bien ses portes le 24 juillet. Pour ce qui est des structures sportives, seules quelques finitions sont encore à réaliser, mais les sportifs auront des installations parfaitement fonctionnelles pour partir à la chasse aux médailles. 44 épreuves tests ont même été effectuées sur les différents sites.
On notera tout de même que le vélodrome qui accueillera le cyclisme sur piste a accumulé un retard tel qu’aucune compétition n’a pu y être organisée en guise de répétition générale. Quant à l’arène de la plage de Copacabana, où aura lieu le beach-volley, elle est encore en cours de montage mais tout sera terminé à temps. Enfin, un dernier détail crucial pour les athlètes vient d’être réglé jeudi : le laboratoire antidopage de Rio, suspendu provisoirement fin juin par l’Agence mondiale antidopage (AMA), a vu sa sanction levée et pourra officier.
- L’aménagement de la ville : bien avancé, mais pas idéal
Si les sportifs devraient être accueillis confortablement dans le village olympique et dans les stades, cela sera moins le cas pour les spectateurs et les touristes. Certes, la capacité hôtelière de la ville a doublé, un nouveau terminal a été inauguré à l’aéroport international et une nouvelle ligne de tramway a ouvert.
Mais quelques couacs sont à signaler. La piste cyclable aménagée sur une corniche en vue des JO, qui a entraîné la mort de deux personnes en s’effondrant en avril, a vu sa reconstruction bloquée par la justice. Des nids de poule sont également déjà apparus sur une nouvelle route côtière. Enfin, la nouvelle ligne 4 du métro, stratégique dans le plan de mobilité des Jeux, ne sera inaugurée que le 1er août au plus tôt, en service partiel réservé à la "famille olympique" et avec une capacité réduite faute de tests suffisants.
- La baie de Rio n’a pas été dépolluée
L’un des gros "hics" de l’organisation de Rio 2016 est d’ordre environnemental. La baie de Guanabara, où auront lieu les épreuves nautiques, est un véritable égout dans lequel des milliers de litres d’eaux usées par seconde continuent de se déverser. Les promesses de l’Etat de Rio de traiter les eaux usées à 80% ont été utopiques, même si le pourcentage est passé de 11% en 2007 à plus de 50% en 2016. Les compétiteurs de voile seront donc forcément exposés aux bactéries en cas de chute à la mer.
- Des Jeux sur fond d’urgence sociale
Cela passera difficilement inaperçu dans la cité carioca : les Brésiliens n’ont pas la tête aux Jeux. Les derniers mois sont plutôt synonymes de scandales financiers, de corruption et de salaires impayés que de fête sportive. Le pays est entré en pleine récession au deuxième trimestre 2015, aggravée par la crise politique et un chômage record (11,2%). L’Etat de Rio a même dû se déclarer en état de calamité publique à deux mois des Jeux, réclamant au pays des fonds d’urgence destinés assumer la continuité des services publics durant l’événement.
Début juillet, des fonctionnaires impayés ont manifesté à Rio pour demander le boycott des JO. Quelques jours plus tôt, les policiers et les pompiers de Rio avaient dénoncé leurs conditions de travail en brandissant une banderole à l’attention des touristes et des sportifs. On pouvait y lire l’inscription "bienvenue en enfer". Comme une confirmation de la situation actuelle, les derniers sondages ont indiqué que 50% des Brésiliens désapprouvaient la tenue des Jeux olympiques (sondage Datafolha publié mardi 19 juillet), soit deux fois plus qu’en 2013.
- La menace terroriste : Rio a renforcé la sécurité
L’inquiétude sécuritaire est sans doute la plus importante pour la ville. Plus de treize personnes sont en effet assassinées chaque jour depuis le début de l'année dans l'Etat de Rio, soit 14% de plus que l'an dernier à la même période. A cette situation vient s’ajouter le risque terroriste, d’autant que quatre personnes fichées pour leurs liens avec des organisations terroristes auraient demandé une accréditation pour les Jeux.
Si le ministre brésilien de la justice a jugé qu’un attentat pendant les JO était "possible" mais "pas probable", la police brésilienne a annoncé jeudi avoir arrêté un groupe soupçonné de préparer un attentat. Pour autant, les mesures de sécurité ont été renforcées, en particulier après l’attentat de Nice, et des exercices de simulation d’attaque terroriste ont eu lieu. Le Brésil a même décidé de se tourner vers la France pour former ses effectifs policiers, en organisant des rencontres avec les autorités françaises. Le dispositif des personnels de sécurité, qui officiera à plein à partir du 24 juillet, mobilisera quelque 85.000 membres des forces de l'ordre, dont 47.000 policiers et 38.000 militaires.
- L'inquiétude Zika
Pays le plus touché par le virus Zika, le Brésil a souhaité balayer les inquiétudes de certains experts qui avaient demandé le report des JO. Les autorités avancent un risque minimisé en raison de l'hiver carioca et tablent sur "moins d'un cas d'infection" sur les 500.000 touristes attendus. En effet, si l’épidémie a entraîné la défection de quelques sportifs, dont de nombreux golfeurs, il semblerait que le scénario avancé par les médecins ait été le bon : le nombre de cas a fortement diminué ces derniers mois, passant de 16.000 par semaine dans les pics les plus hauts à seulement 200 actuellement. La dernière recommandation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est d’ailleurs allée dans ce sens, n’imposant "aucune restriction" aux voyages vers "les villes brésiliennes qui accueilleront les Jeux olympiques et paralympiques".