Il l'a fait ! Au terme du course maîtrisée de bout en bout, Martin Fourcade est devenu champion olympique de poursuite en biathlon aux Jeux de Pyeongchang, lundi. "Ça fait un bien fou ! C'était une journée magique", a réagi le désormais triple champion olympique, invité d'Europe Soir avec Laurent Bazin.
"Sur la piste c'est un combat mental". Seulement huitième du sprint dimanche, Martin Fourcade s'est élancé sur la poursuite avec 22 secondes de retard sur l'Allemand Arnd Peiffer. Mais comme la veille, le champion français était intouchable sur les skis, avalant un à un ses concurrents avant même le premier tir et faisant preuve d'une confiance en lui hors du commun. "Il faut être sûr de soi sur la piste car c'est un combat, un match mental avec les adversaires. Après, il faut garder de l'humilité pour ne pas céder à l'euphorie et commettre des erreurs qui coûtent très cher à ce niveau de compétition."
Impérial au tir (19 sur 20) et sur les spatules, Fourcade s'est envolé en fin de course. "Ma ligne d'arrivée à moi, c'était la dernière balle du dernier tir. Il fallait réussir le sans faute sur ce tir pour pouvoir savourer ce dernier tour et profiter de ce troisième titre olympique", raconte-t-il. A peine la dernière balle lâchée, dans la cible évidemment, il a levé un poing rageur vers son clan avant de dérouler sur les derniers 2,5 kilomètres. En effet, pour remporter cette course, le Français est aussi allé puiser dans la rage de sa désillusion de la veille sur le sprint. "C'était un gros coup dur, j'avais coché ce sprint olympique depuis des mois, pour ne pas dire des années. J'aurais adoré lancer la quinzaine avec le titre dimanche mais je fais une erreur minime qui me coûte extrêmement cher. Par contre, la joie n'en est que plus belle maintenant", savoure le Pyrénéen.
L'égal de Killy. Avec ce troisième titre olympique, Martin Fourcade égale une autre légende du sport français : le skieur Jean-Claude Killy. "C'était un objectif parce que je voulais décrocher une troisième médaille olympique. Mais ce n'était pas juste pour égaler voire dépasser Jean-Claude Killy", assure le biathlète, pas avare de compliment à propos du héros des Jeux de Grenoble en 1968. "J'ai un respect immense pour le sportif et encore plus immense pour l'homme et ce qu'il a réussi après sa carrière, pour son intelligence et son humilité. Il y a un respect et une admiration réciproque, c'est un grand bonheur."
Killy égalé… et bientôt dépassé ? Encore engagé sur quatre épreuves d'ici la fin des Jeux olympiques, Martin Fourcade reste motivé mais aussi mesuré. "Je ne me fixe pas d'objectif précis pour deux raisons. La première c'est qu'il ne faut pas s'interdire de rêver. J'étais venu ici pour décrocher un titre olympique. C'est fait, tout le reste sera du bonus", affirme-t-il, heureux. "La seconde, c'est qu'on est sur un site délicat avec beaucoup de vent sur le pas de tir. C'est un adversaire de plus qu'on a parfois plus de mal à maîtriser que les autres."
Pas de pression pour la suite. Le porte-drapeau de la délégation française doit aussi gérer son aura de star tricolore. "J'ai une responsabilité énorme et j'en ai conscience mais ce n'est en aucun cas un poids dur à porter. Les attentes les plus fortes, c'est moi qui me les mets sur les épaules. Le jour où je n'aurai plus cette envie viscérale de gagner, je passerai à autre chose et ce sera beaucoup plus facile d'accepter le poids des attentes." Avant d'en arriver là, Martin Fourcade va quand même prendre le temps de profiter sa médaille d'or. "Je vais savourer ce titre avec mes quelques proches qui ont pu venir, avec mes partenaires ici en Corée. Je vais sabrer le champagne pour les autres !", se réjouit-il, la tête tout de même déjà tournée vers la suite. "Dès demain, je vais me replonger dans les Jeux avec une petite récupération sur les skis."