Un collectif d'associations de défense de la langue française va attaquer en justice le slogan en anglais choisi pour promouvoir la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024, a déclaré vendredi leur avocat.
"Made for sharing". Elles estiment que le slogan "Made for Sharing" enfreint la loi de 1994 relative à l'emploi de la langue française, ainsi que la charte olympique, a déclaré Me Emmanuel Ludot, confirmant une information parue jeudi dans la presse quotidienne régionale et reprise vendredi par la radio RTL. Une mise en demeure préalable a été adressée mercredi au groupement d'intérêt économique Paris 2024 et un référé en suspension sera déposé lundi au tribunal administratif de Paris, une fois reçu l'accusé de réception de la mise en demeure, a expliqué l'avocat. Le défenseur des droits Jacques Toubon a également été saisi cette semaine, a-t-il ajouté.
"Une insulte à la langue française". Pour ce collectif d'"associations de défense de la langue française", ce slogan ainsi que la cérémonie de lancement "intégralement en anglais" constituent "une insulte caractérisée à la langue française", selon leur lettre de mise en demeure. Paris 2024 devrait communiquer vendredi sur le sujet. Pour Me Ludot, ce choix d'un slogan officiel en anglais (la traduction française, "Venez partager", n'apparaissant pas dans la communication officielle) enfreint plusieurs articles de la loi, et notamment l'article 14, selon lequel "l'emploi d'une marque de fabrique, de commerce ou de service constituée d'une expression ou d'un terme étrangers est interdit aux personnes morales de droit public dès lors qu'il existe une expression ou un terme français de même sens". Il cite également la Charte olympique, selon laquelle "le français est la première langue de l'olympisme", et langue officielle du Comité international olympique (CIO), au même titre que l'anglais.
"Ce slogan est une ânerie". Le collectif rassemble notamment Francophonie avenir (AFRAV), l'Association pour la sauvegarde et l'expansion de la langue française, l'Union nationale des écrivains de France ou encore le Collectif unitaire républicain pour la résistance, l'initiative et l'émancipation linguistique (COURRIEL).
"Évidemment, je trouve que ce slogan est une faute, une ânerie", a commenté vendredi l'ancien animateur de télévision et grand défenseur de la langue française Bernard Pivot sur RTL, désolé que "Paris, capitale de la francophonie, fasse la courbette devant la langue qui n'est pas seulement celle de Shakespeare mais celle de Donald Trump". Jeudi, l'Académie française avait déjà exprimé "sa réprobation" et souligné que ce slogan avait "déjà été utilisé lors de campagnes publicitaires" notamment pour des pizzas à découper.