Voir les handballeurs français sur les parquets un jour de finale des Jeux est presque devenu l'une des rares certitudes de la vie. Mais "ce n'est pas du tout banal", insiste Luka Karabatic. C'est même un exploit gigantesque déjà réalisé par les Bleus : ils s'apprêtent à disputer leur quatrième finale olympique consécutive. "Les gens ne se rendent pas compte de la difficulté de gagner", déplorait le grand frère de Luka, Nikola Karabatic, avant les Jeux. Remontés à bloc depuis le début du tournoi, ils comptent bien prendre leur revanche face au Danemark, l’adversaire redouté de cette équipe de France, et reconquérir leur titre olympique perdu aux Jeux de Rio en 2016.
"Ce qui nous attend est peut-être encore le plus difficile", prévient l’entraineur des Bleus, Guillaume Gille. Car samedi à 14 heures (heure française), les handballeurs français défieront les redoutables champions olympiques et doubles champions du monde en titre pour tenter de décrocher la médaille d’or.
Le Danemark, la bête noire de ces dernières années
Bête noire ou malédiction, devant le Danemark, ces dernières années, l’équipe de France de handball flanche. Tout commence à Rio en 2016. Les Bleus, doubles champions olympiques en titre à Pékin en 2008 puis à Londres en 2012, s’inclinent face au Danemark (26 à 28). Depuis, c’est mission quasi impossible de s’imposer. En 2019, lors de la Coupe du monde à Hambourg, les Français ne passent pas la demi-finale, éliminés par… les Danois. L’avantage, c’est que les Français connaissent bien leurs adversaires. "On a eu la chance de jouer les Danois en match amical et on a pu voir les lacunes qu’on avait face à eux", précise Mickaël Guigou au Parisien. Le 21 juillet dernier, lors de leur dernier match de préparation avant les JO de Tokyo, les Bleus perdaient une nouvelle fois face au Danemark (28 à 33).
Pourtant, l’équipe de France peut y croire. En effet, les hommes de Guillaume Gille réalisent presque un sans faute depuis le début du tournoi olympique. A une exception près, contre la Norvège (32 à 29).
Contrer l'inarrêtable Mikkel Hansen
Problème : les Danois ont eux aussi été impeccables jusqu'ici, sauf une défaite en poules contre la Suède (33 à 30). Le suspense risque donc d'être à son combe car des deux côtés des joueurs peuvent faire la différence. Commençons par la légende danoise Mikkel Hansen, plusieurs fois sacré meilleur joueur du monde. La star du PSG, avec son allure au croisement de Bjorn Borg et d'un viking, est inarrêtable à Tokyo. Meilleur buteur du tournoi avec 52 buts, "the Hammer" ("le marteau", son surnom) n'est qu'à deux longueurs seulement de son bilan de Rio avant même la finale.
Mais le clan français n’a rien à envier au danois. Il pourra compter sur Nikola Karabatic, encore et toujours. Avec cinq participations aux Jeux, il reste un des piliers de l’équipe. Il cherchera, à 37 ans, à prendre sa revanche sur les JO de Rio. Enfin, il y a aussi la surprise Hugo Descat. Après une longue absence en sélection nationale de 2013 à 2020, il s’impose dans cette compétition internationale avec presque un sans-faute face aux buts : 4 sur 4 contre l’Argentine, 3 sur 3 contre le Brésil, 5 sur 6 contre l’Allemagne, 7 sur 7 contre l’Espagne, 5 sur 5 contre la Norvège et 5 sur 5 en demi-finale contre l’Egypte.
Le face à face décisif des gardiens
Cette finale sera aussi le lieu d’un duel de gardiens entre Niklas Landin Jacobsen et Vincent Gérard, qui réalisent tous deux de très belles performances depuis le début des Jeux. Ils ont largement participer à envoyer leur équipe respective en finale avec le même score des deux côtés (23-27), contre l’Espagne pour le Danemark et l’Egypte pour la France. Critiqué au début du tournoi au Japon, le gardien français a été l'auteur d'une prestation sensationnelle contre l'Egypte : 17 arrêts, soit 44% des tentatives adverses renvoyées hors de ses cages. Il devra faire face à Niklas Landin Jacobsen, qui s’est montré décisif face à l’Espagne avec 12 arrêts dont 4 dans les dix dernières minutes.
Cette quatrième finale des JO consécutive pourrait aussi se transformer en record, spécialement pour les trois derniers "Experts" qui jouent encore aujourd'hui : Nikola Karabatic, Luc Abalo et Michaël Guigou. S’ils reprennent aux Danois le titre de champion olympique samedi, ils pourront intégrer le cercle réduit des sportifs français comptant trois médailles d'or aux Jeux d'été. Le trio pourrait aussi posséder le palmarès le plus imposant de l'histoire du handball aux Jeux. "Il faut juste donner ce qu'il nous reste pour ne rien avoir à regretter, se donner à fond. Et que le meilleur gagne", conclut Nikola Karabatic.