Kevin Escoffier, dont le bateau a été brisé en deux par une vague géante, a été secouru dans la nuit de lundi à mardi par Jean Le Cam après de longues heures d’attente. Les deux navigateurs du Vendée Globe, contactés par Europe 1, ont raconté ce sauvetage aussi stressant que compliqué à mettre en œuvre à cause de conditions météo difficiles.
La fin de longues heures d’angoisse. Le skipper Kevin Escoffier a été secouru dans la nuit de lundi à mardi par un autre navigateur du Vendée Globe, Jean Le Cam, dans une mer démontée au large du Cap de Bonne-Espérance. Escoffier avait déclenché sa balise de détresse lundi après-midi, après avoir signalé une importante voie d’eau. Les deux skippers, contactés par Europe 1 mardi matin, ont raconté cet incroyable sauvetage.
"Le bateau s’est cassé en deux"
Il était 14h46 heure française, lundi, quand Kevin Escoffier envoie un message d’alerte. "C'est assez surréaliste. Le bateau s'est cassé en deux, la mer était assez forte. En partant dans un surf, dans une vague, j'ai fait ce qu'on appelle un "planté", c'est-à-dire que le nez du bateau est rentré dans l'eau, mais ça nous arrive très régulièrement. Et là j'ai une sensation bizarre et d'un seul coup, un grand bruit. L'avant du bateau s'est plié à 90 degrés autour du pied de mât, le bateau s'est cassé en deux", raconte-t-il.
"Si vous voyez le film Titanic, c'était un petit peu ça. L'eau est rentrée dans le bateau en une minute et je n'ai pas eu beaucoup de temps pour réagir. J'ai juste eu le temps de mettre ma combinaison de survie et de récupérer deux-trois affaires."
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"Dans le radeau, on ne fait pas le malin"
Kevin Escoffier doit monter rapidement à bord de son radeau de survie. C’est alors le début de plus de 11 heures d’attente et d’angoisse. "Je me suis retrouvé dans le radeau, on ne fait pas le malin. J'avais heureusement une balise dans mon ciré, ce qui a permis à Jean (Le Cam) de me retrouver le soir. Par contre, quand il est arrivé sur zone, la mer était tellement forte et il y avait tellement de vent que pour lui c'était très dur de manœuvrer le bateau. On ne pouvait pas effectuer un transbordement à ce moment-là", poursuit le skipper.
Jean Le Cam, qui a été dérouté par les organisateurs afin de porter secours à son compatriote, a en effet dû se reprendre à plusieurs reprises afin de réussir le sauvetage, au milieu d’une mer démontée. "Jean est reparti pour pouvoir ajuster la toile et devenir manœuvrant et moi j'ai passé la nuit dans le radeau à me faire bercer par les vagues qui venaient déferler. Puis on a attendu le petit matin pour réussir un transbordement. Mais ça a été quand même assez assez chaud parce que les conditions, même si elles était meilleures, étaient toujours un peu compliquées."
"J’ai essayé de rester positif"
Kevin Escoffier avoue avoir trouvé le temps long, mais assure ne pas avoir trop "gambergé". "Franchement, au début, quand vous avez des balises comme ça, vous envoyez un signal de détresse, mais vous ne savez pas si les gens l'ont reçu. Donc ça a été long. Quand j'ai vu Jean, ça m'a tout de suite rassuré un petit peu. Par contre, c'est vrai qu'il y a toute la nuit, il ne fait pas super chaud, j'étais en combinaison de survie dans un petit radeau à se faire ballotter avec les vagues qui viennent taper contre les côtés des radeaux, l'eau qui rentre…", décrit-il.
"Mais il faut essayer de ne pas trop gamberger. J'ai essayé de rester positif, de me dire qu'on allait attendre. Je savais que les conditions sur zone allaient s'améliorer un petit peu. J'ai essayé de penser à ça et de me dire qu'il fallait juste essayer de rester à peu près au chaud, de retirer l'eau du radeau, de boire un peu, de manger un peu les rations de survie et que le lendemain matin, de jour, tout se passerait mieux", conclut-il.
Jean Le Cam s’est "posé des questions"
Jean Le Cam, sans qui rien n’aurait été possible, a avoué avoir été inquiet avant de parvenir à sauver Kevin Escoffier. "A un moment, je me suis posé des questions. Quand tu cherches un peu une aiguille dans une botte de foin... Heureusement qu'il y avait la balise qui nous avait donné un repère. Mais en fait on s'aperçoit que ce n'était pas du tout précis", a-t-il raconté. "Je l'avais vu une première fois, donc bien vivant, dans son radeau. Je suis revenu six fois au même endroit et tu ne vois rien ni personne. La nuit, on est debout en train de scruter partout. C'est un peu stressant."
En principe, c'est un bateau des services de secours (MRCC du Cap) qui va désormais devoir récupérer Escoffier. Les concurrents ayant porté assistance (outre Le Cam, trois autres skippers avaient également été déroutés, ndlr) pourront ensuite reprendre leur tour du monde. Les heures consacrées au sauvetage seront décomptées de leur temps de course.