Le football espagnol part en croisade contre le gouvernement. La Fédération espagnole de football a décidé mercredi soir de suspendre toutes les compétitions à partir du 16 mai pour protester contre un décret sur la vente centralisée des droits télévisés. Si les instances du ballon rond ibérique mettent à exécution leur menace, les deux dernières journées de Liga pourraient ne pas se disputer. La finale de la Coupe du Roi entre le FC Barcelone et l'Athletic Bilbao, le 30 mai prochain, est aussi menacée.
Quel est l'objet de ce décret ?
Depuis de longs mois, un conflit larvé oppose la Fédération espagnole (RFEF) au gouvernement espagnol sur les droits télévisés du championnat local. En cause : la répartition des droits entre les clubs de la puissante Liga, suivie dans le monde entier. En Espagne, chaque équipe de l'élite du football négociait individuellement le montant de ses droits télévisés. Ce système permettait aux deux géants, le FC Barcelone et le Real Madrid, de se tailler la part du lion avec près de 33% des revenus du championnat.
Mais les "petits" clubs de la Liga ont demandé au gouvernement d'adopter le système opposé : celui de négociation centralisée des droits. Ce mécanisme doit permettre d'assurer une répartition égalitaire des revenus issus des retransmissions télévisées, contrairement à l'heure actuelle. Un décret a donc été adopté pour permettre aux équipes de l'élite espagnole de récupérer 90% des droits. Désormais, la répartition sera pour moitié égalitaire et l'autre moitié tiendra compte des résultats des équipes et de leurs revenus propres.
Quel impact économique sur le foot espagnol ?
Le championnat d'Espagne est le seul des grands championnats européens à adopter un système de vente individuel des droits TV (en France, en Angleterre, en Allemagne, la vente est centralisée). Le nouveau mécanisme de négociation centralisée a ainsi été présenté comme plus rentable par le ministre José Ignacio Wert. Selon lui, la ligue anglaise a généré 1,8 milliard d'euros en 2013-2014 alors que son équivalent espagnol n'a rapporté qu'environ 800 millions.
La Liga a dit elle espérer atteindre au moins un milliard avec le nouveau système. De quoi tenter de résister à la Premier League, qui vient de signer un contrat astronomique (6,9 milliards d'euros pour la période 2016-2019) et dont certains en Espagne craignent qu'elle dépouille les clubs les plus modestes de leurs meilleurs joueurs.
Que réclame la Fédération espagnole ?
Avec cette menace de suspension, la Fédération espagnole espère obtenir des concessions de la part du gouvernement. Car la RFEF dénonce "les ingérences continues du Conseil supérieur des sports" (CSD) qui dépend du ministère des Sports. Elle accuse aussi le gouvernement "d'attitude irrespectueuse" à son égard et d'utiliser "l'argent privé du football, au travers du CSD, afin de mettre en place des politiques sportives pour des activités étrangères au football".
Le décret a soulevé également les protestations de l'association des footballeurs espagnols (AFE) qui avait menacé la semaine précédente d'une grève pour avoir été exclue des négociations, recevant le soutien de joueurs comme l'attaquant du Barça Lionel Messi.
Quels matches sont menacés ?
Si la menace de la RFEF est mise à exécution, les deux dernières journées du championnat d'Espagne pourraient ne pas se disputer les 17 et 23 mai prochain. Après 35 journées, le FC Barcelone pointe en tête (87 points), deux unités devant son grand rival, le Real Madrid (85 points). La course au titre ainsi qu'un explosif Atletico Madrid-Barça (37e journée) pourraient être compromis. Enfin, la finale de la Coupe du Roi entre l'Athletic Bilbao et le Barça pourrait aussi ne pas se jouer, le 30 mai prochain.