À chaque édition des Jeux olympiques ses images fortes, ses champions invincibles et ses records battus. En un peu plus de deux semaines, les athlètes présents à Rio ont eu le temps de marquer les esprits. Certains peuvent se targuer d'avoir laissé une belle empreinte dans la compétition et dans l'histoire des Jeux. Passage en revue, forcément non exhaustif, de ces sportifs étrangers qui ont répondu présents (pour les Bleus au top, c'est par ici).
Michael Phelps, roi de l'Olympe
Il a pris une bonne partie des podiums, et quasiment toute la lumière de la première semaine de compétition. Michael Phelps est devenu à Rio l'athlète le plus médaillé des Jeux olympiques. En remportant l'or dans cinq épreuves (200 m papillon, 200 m quatre nages et trois relais) et l'argent en 100 m papillon, le nageur a porté sa collection personnelle à 28 breloques, dont 23 du métal le plus précieux. L'histoire est d'autant plus belle qu'elle n'était pas écrite d'avance.
Phelps avait en effet décidé de quitter les bassins après les Jeux de Londres, avant de changer d'avis deux ans plus tard. Mais son retour a été entaché, en 2014, d'une dépression et de problèmes d'alcool, qui lui ont valu une suspension de six mois par la Fédération américaine de natation. Pour le nageur américain, les jeux de Rio ont donc été teintés de revanche et de rédemption. Et ont définitivement prouvé que le roi de l'Olympe, c'est lui.
L'athlétisme jamaïcain a fait parler la Foudre
De Rio, la délégation jamaïcaine est repartie avec 11 médailles. Toutes ont été remportées à la force des jambes, en avalant à toute vitesse la piste d'athlétisme du stade olympique. Bien sûr, il y a eu l'inégalable Usain Bolt, en or sur 100 et 200 m, locomotive du relais 4x100 m. Mais la domination des verts et jaunes a été implacable chez les femmes, aussi, avec les victoires d'Elaine Thompson sur 100 et 200 m.
Ajoutons à cela un titre pour Omar Mcleod en 110 m haies, l'argent pour les relais 4x100 et 4x400 féminins ainsi que le 4x400 masculin, et deux breloques de bronze sur 100 m et 400 m chez les femmes. Une moisson impressionnante pour un pays de moins de trois millions d'habitants.
Katinka Hosszu, forçat des bassins
Il faut parfois être patient pour briller aux Jeux olympiques. Katinka Hosszu est bien placée pour le savoir. La nageuse hongroise, connue pour être une boulimique des compétitions, n'avait accroché aucun podium olympique avant Rio, en dépit d'une multitude de titres en championnats d'Europe et du Monde. Au Brésil, elle a rompu la malédiction avec la manière, s'emparant de l'or et d'un nouveau record du monde sur le 400 m quatre nages, et de deux titres en 200 m quatre nages et 100 m dos.
Une médaille d'argent en 200 m dos est venue compléter la collection de celle qu'on surnomme la "Dame de fer", allusion à son côté forçat des bassins. La championne ne s'en émeut pas, et assume au contraire son approche particulière de la natation. Et cela paye. En participant à un maximum d'épreuves possibles, Hosszu était devenue, en 2014, la première nageuse de l'histoire à dépasser le million d'euros de gain dans les bassins.
Mo Farah pour le double doublé
Coup double pour Mo Farah à Rio. Le Britannique d'origine somalienne a remporté l'or sur 5.000 et 10.000 m, exactement comme à Londres quatre ans plus tôt. Un double doublé qui lui permet d'entrer dans la légende des Jeux aux côtés du Finlandais Lasse Viren, auteur d'une performance similaire en 1972 et 1976. Rien n'a pu arrêter le fondeur de 33 ans, pas même une chute en finale du 10.000 m, pas même la récupération difficile de cette course avant le 5.000 m qui l'a cloué dans sa chambre, obligeant son staff à lui apporter ses repas à l'hôtel. Les titres valaient toute l'abnégation du monde : "mes quatre enfants ont chacun une médaille d'or", s'est réjoui Farah pour son deuxième podium des Jeux.
Le marathon kényan reprend la tête
Contrairement aux idées reçues, le Kenya est loin d'avoir dominé l'épreuve de marathon olympique ces dernières années. Jusqu'ici, en effet, les meilleurs coureurs du pays, qui n'en manque pas, préféraient s'aligner sur les épreuves internationales plus lucratives, notamment Londres, Dubaï, Boston et Berlin. Avant Rio, le pays n'avait donc accroché qu'un titre chez les hommes, en 2008, et aucun chez les femmes. Une anomalie désormais réparée, avec le doublé de Jemima Sumgong et Eliud Kipchoge.
Les footballeurs brésiliens, gloire à domicile
Il ne manquait qu'un titre olympique à la Seleçao, déjà quintuple championne du monde mais finaliste malheureuse par trois fois aux Jeux. Les footballeurs brésiliens ont rompu la malédiction devant leur public, battant l'Allemagne aux tirs au but (1-1, 5-4 t.a.b.). Emmenée par un Neymar survolté, auteur du dernier tir de la victoire, l'équipe brésilienne a pris une petite revanche sur la dernière Coupe du monde, pendant laquelle la Seleçao avait été corrigée par la Mannschaft (7-1) en demi-finale. Les larmes et les cris de joie des joueurs, de leur capitaine et de tout un pays derrière eux ont prouvé, s'il en était encore besoin, que le tournoi de football olympique est bien capable de passionner les foules.
Les kings and queens du cyclisme sur piste
Une véritable razzia. C'est ce que les pistards venus du Royaume-Uni ont réalisé à Rio, avec 11 médailles (dont 6 en or) sur 30 possibles. À l'instar de Jason Kenny en keirin et de sa fiancée, Laura Trott, en omnium, les Britanniques ont régné sur le vélodrome. Ces résultats doivent évidemment beaucoup aux jambes des athlètes, mais s'expliquent aussi par des choix politiques. Quelque 35 millions de livres ont été attribués au cyclisme sur piste entre 2012 et 2016 pour préparer les Jeux. Des sommes investies dans le salaire des athlètes, qui sont donc pleinement professionnels (en France, nombreux sont les sportifs de haut-niveau qui gardent un travail à côté faute de vivre de leur sport), mais aussi dans les équipements de pointe.
Les Brownlee, triomphe en famille
Les Jeux, c'est parfois une affaire de famille. Ce ne sont pas les frères Brownlee, triathlètes de talent, qui diront le contraire. Alistair était reparti de Londres médaillé d'or, tandis que son cadet, Jonathan, avait pris le bronze. À Rio, le premier a conservé son titre, une première dans l'histoire des Jeux. Le second s'est emparé de l'argent. Les deux frères, qui sont britanniques mais licenciés au club de Sartrouville, dans les Yvelines, ont même créé leur propre triathlon, "Brownlee Tri"', pour populariser ce sport dans leur pays natal.
L'Empire du tennis de table
À regarder les classements du tennis de table à Rio, on se demande s'il ne s'agit pas d'un tournoi national chinois. Sur quatre podiums possibles, les pongistes de l'Empire du milieu sont montés sur toutes les marches les plus hautes, et sur toutes les deuxièmes des épreuves en individuel. Cette écrasante domination n'a rien de nouveau. Chez les femmes, la Chine a même raflé toutes les médailles d'or de la discipline depuis son apparition aux Jeux, en 1988. Les hommes, eux, n'ont été surpassés qu'à trois reprises. Et si, depuis 2012, ce ne sont pas trois Chinois qui montent sur les podiums des épreuves en individuel, il ne faut pas y voir un signe de faiblesse. Une nouvelle règlementation empêche simplement chaque pays de présenter plus de deux pongistes.
En gymnastique, la classe américaine
Au sol ou aux barres asymétriques, par équipes ou en individuel, la gymnastique réussit beaucoup à la délégation américaine, repartie de Rio avec 12 médailles sur les 39 attribuées. Quatre sont en or, toutes accrochées autour du cou de la petite pépite de l'équipe féminine, Simone Biles (l'un des titres a été remporté par toute l'équipe au concours général). Viennent ensuite six récompenses d'argent et deux de bronze, dont encore une pour Biles. Après le carton de Gabrielle Douglas à Londres, le public de Rio n'a eu d'yeux que pour Simone.