Nasser al-Khelaïfi est dans l’œil du cyclone. Le président du PSG et de BeIN Media Group (propriétaire qatarien de BeIN Sports France) est soupçonné d’avoir versé des pots-de-vin à l’ancien secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke, en échange de l’attribution de droits TV des Coupes du monde 2026 et 2030. L'affaire, qui a éclaté jeudi avec la révélation d'une enquête en Suisse, s'est prolongée vendredi avec l'ouverture d'une autre enquête, cette fois de la Fifa, et de nouvelles investigations de la police italienne. Ces soupçons de corruption posent des questions sur l’avenir de Nasser al-Khelaïfi à la tête de BeIN mais aussi du PSG.
Que reproche-t-on à Nasser Al-Khelaïfi ?
Une enquête en Suisse. Nasser Al-Khelaïfi est soupçonné d'avoir corrompu l'ancien secrétaire général de la Fifa, le Français Jérôme Valcke, en échange de l'attribution des droits TV des Mondiaux 2026 et 2030. L'affaire a éclaté jeudi avec la révélation d'une enquête en Suisse, ouverte le 20 mars dernier pour "soupçon de corruption privée, d'escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres".
Jérôme Valcke, ex-numéro 2 de la Fifa, a déjà été entendu, comme son épouse et une troisième personne, un homme d'affaires "actif dans le domaine des droits sportifs", dont l’identité n’a pas été communiquée. Jeudi, des perquisitions ont également été menées au siège de BeIN Sports France, à Boulogne-Billancourt, jusque dans le bureau du président Nasser Al-Khelaïfi.
La police italienne et la Fifa enquêtent également. L'affaire a connu de nouveaux rebondissements vendredi. La police italienne a d'abord annoncé avoir perquisitionné une villa en Sardaigne, qui serait selon les enquêteurs le "moyen de corruption" utilisé par Nasser Al-Khelaïfi envers Jérôme Valcke. L'ex-numéro 2 de la Fifa a assuré dans la foulée, par le biais de son avocat, qu'il "avait un bail et a payé la location" de cette villa. Il avait déjà assuré dans L'Équipe de vendredi n'avoir "rien reçu de Nasser": "Il n'y a jamais eu d'échange entre Nasser et moi. Jamais."
La commission d'éthique de la Fifa a également ouvert une enquête préliminaire, vendredi, à l'encontre du président du PSG. Nasser Al-Khelaïfi, qui est actuellement à Doha selon plusieurs médias français, n'a toujours pas réagi à ces accusations de corruption.
Quelles conséquences pour les droits TV ?
Des droits potentiellement remis en jeu. L’enquête sur l’attribution vise deux personnes : un hommes d’affaires, dont le nom n’a pas été révélé. Il est soupçonné d’avoir offert des avantages à Jérôme Valcke en échange des droits des Coupes du monde 2018, 2022, 2026 et 2030 ; et, donc, Nasser Al-Khelaïfi, sur lequel pèse les mêmes soupçons mais uniquement concernant les éditions 2026 et 2030. Si l’enquête de la justice suisse parvenait à démontrer l’attribution frauduleuse des droits TV, ceux-ci pourraient tout simplement être remis en jeu.
L’homme d’affaires étant anonyme, on ne sait pas quel groupe de médias est concerné par ce volet du dossier et donc, quels pays sont susceptibles de voir leurs droits TV chamboulés. On peut toutefois avancer qu’étant donné la complexité de l’affaire, il semble peu probable que l’enquête de la justice suisse parvienne à son terme avant le début de la Coupe du monde 2018, en juin. Corruption ou non, la retransmission de l’édition à venir devrait donc rester inchangée.
La France pas concernée. Concernant BeIN Media Group et Nasser Al-Khelaïfi, la France n’est pas concernée. En effet, les droits TV des Coupes du monde 2026 et 2030 n’ont pas encore été attribués dans notre pays. Les soupçons de corruption qui pèsent sur le président du groupe qatarien sont liés à l’attribution dans d’autres territoires où il est présent, à savoir le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Quels risques pour le PSG ?
Une nouvelle affaire embarrassante. Pour le club de la capitale, l’affaire tombe mal. Le PSG est déjà sous le coup d’une enquête, ouverte par l’UEFA dans le cadre du fair-play financier (FPF), après les recrutements cet été de Neymar (pour 222 millions d'euros) et de Kylian Mbappé (180 millions d'euros à payer l'an prochain). Le club parisien, qui a généré un chiffre d'affaires estimé à 520,9 millions d'euros en 2015-16 par le cabinet Deloitte, espère une augmentation de 20 à 40% de ses revenus à court et moyen terme pour éviter une sanction de l'UEFA via le levier "sponsoring".
Une image dégradée ? Or, pour négocier des contrats à la hausse, l'image du PSG est son principal atout. Peut-elle pâtir de la mise en cause de son charismatique patron ? "C'est une enquête en cours, Nasser Al-Khelaïfi est (cité) en tant que président de BeIN Media. Cela n'a pas de lien avec le PSG, il n'y a donc pas de panique chez les sponsors ni chez nous d'ailleurs", a assuré une source proche du club parisien à l'AFP. Pour se rassurer, le PSG peut regarder du côté du FC Barcelone et du Bayern Munich. Les deux clubs, dont les présidents ont été récemment mis en cause dans des affaires de fraude fiscale et d'escroquerie, ne se sont jamais aussi bien portés financièrement...