Au micro d'Europe 1, le médecin du sport Roland Krzentowski estime, mardi, qu'en dépit des dérogations mises en place, de trop nombreuses personnes souffrant d'une maladie chronique ou d'une affection longue durée ont encore du mal à pouvoir accéder à une salle de sport. Il alerte sur les effets de la sédentarité sur les plus fragiles.
On parle beaucoup de l'envie des Français de voir rouvrir les restaurants, les cinémas, les musées ou encore les salles de spectacles fermées en raison des restrictions sanitaires pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Mais un sondage publié en ce début de semaine rappelle aussi le besoin chez beaucoup de renouer avec le sport, alors que les salles demeurent également fermées pour l'essentiel du public : 62% des personnes interrogées pour ce baromètre Ipsos jugent ainsi que la reprise des activités sportives leur est indispensable.
"Il y a plus de gens qui jugent cette reprise indispensable que de gens qui pratiquent une activité sportive en période hors Covid. C'est donc une bonne nouvelle pour les lieux de sport qui vont être extrêmement fréquentés quand la crise sanitaire se sera un peu tassée", a salué mardi, au micro d'Europe Matin, Roland Krzentowski, médecin du Sport et directeur de la salle Mon Stade, reconnue maison sport-santé.
"Cette crise sanitaire a mis en avant l'importance de bouger pour sa santé. Le plus souvent, c'est lorsque l'on a une infection ou quand on a un symptôme que l'on est le plus sensible aux comportements vertueux qu'on devrait avoir quand tout va bien", explique Roland Krzentowski. "Le confinement est une manière de prendre conscience de l'importance de l'activité physique", estime ce praticien.
Des conséquences néfastes sur certaines infections, notamment les maladies cardio-vasculaires
"Les seuls adhérents qu'on peut accueillir en salle en ce moment, ce sont les adhérents qui ont une maladie chronique, qui ont une affection longue durée. Or, ces patients, diabétiques, hypertendus ou avec un problème cardiovasculaire, ont vu leur pathologie s'aggraver lorsqu'ils ont été confinés", constate Roland Krzentowski. "En tout cas, ils sont ravis de pouvoir revenir dans un lieu qui peut les accueillir. Mais effectivement, on les a vus en moins bonne forme que quand on les a quittés avant la crise sanitaire."
Et les risques liés au manque de sport concernent également les plus jeunes. Selon une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, publiée en novembre, la moitié des ados français présentent un risque sanitaire très élevé avec plus de 4h30 de présence devant un écran et moins de vingt minutes d'activité sportive par jour. "L'un des effets délétères de cette crise sanitaire, c'est l'augmentation du temps de sédentarité", abonde Roland Krzentowski. "Il faut bien comprendre qu'il y a deux facteurs de risque qui évoluent de façon indépendante. La moindre activité physique, le fait de bouger moins, fait courir un risque pour la santé. Mais parallèlement, garder la position assise longtemps augmente aussi ce risque."
La nécessité d'apprendre à faire du sport avec les gestes barrière
Pour Roland Krzentowski, il est important que les publics les plus fragiles puissent avoir accès à une activité sportive, alors que certaines installations, malgré les dérogations mises en place par l'Etat, ont préféré garder portes closes. "La plupart des salles de sport, ou pratiquement toutes, sont capables de recevoir des adhérents en affection longue durée, à condition de proposer un programme personnalisé et accompagné par un professionnel", assure ce médecin du sport.
D'autant que les protocoles sanitaires continueront certainement de s'appliquer pendant plusieurs mois, même après que les salles auront été autorisées à rouvrir à l'ensemble de leurs adhérents. "Un espace suffisant pour la distanciation, un masque pour se protéger… ce sont des conditions qui n'empêchent pas l'activité physique, et je dirais qu'il va falloir s'habituer à ces gestes barrières, à ces comportements-là pour pouvoir faire une activité physique", conclut Roland Krzentowski.