Un succès sans saveur contre Metz, devant une affluence famélique de 24.000 spectateurs : c’est dans l’anonymat le plus complet que l’OM a tourné dimanche soir la page de l’ère Louis-Dreyfus, la famille propriétaire pendant 20 ans. Car lundi, le club phocéen passe officiellement aux mains du nouvel acheteur, l’Américain Frank McCourt. Mais les contours de ce rachat, espéré par une (très) grande partie des supporters marseillais, exaspérés par les résultats catastrophiques ces dernières saisons, restent encore bien flous. La tâche du nouveau propriétaire s’annonce en tout cas immense pour relever un club en perdition, seulement 12e en Ligue 1 après neuf journées.
- Chantier n°1 : trouver un nouveau directeur sportif
Après un début de saison calamiteux, le nouveau propriétaire en est conscient : il faut remodeler tout l’effectif. Pour mener à bien cette vaste opération reconstruction, Frank McCourt est à la recherche d’un directeur sportif de renom, capable de mettre son carnet d’adresses et ses talents de recruteur au service de l’OM. Deux noms, bien connus dans le monde du foot, reviennent avec insistance dans les médias.
Le favori, tout d’abord, s’appelle Luis Campos, passé avec succès à l’AS Monaco (2013-2016) et actuellement libre. Le Portugais, réputé pour sa capacité à dénicher des joueurs prometteurs, a notamment recruté Bernardo Silva, Thomas Lemar, Tiémoué Bakayoko ou encore Djibril Sidibé sur le Rocher. Mais Luis Campos est également convoité par l’AC Milan et le Real Madrid, selon les informations de Téléfoot. Du coup, l’OM s’est mis en quête d’un plan B, en la personne de Monchi, le directeur sportif du Séville FC. L’Espagnol, lui aussi connu mondialement pour avoir façonné le triple tenant du titre de la Ligue Europa, ne s’est cependant jamais montré explicitement intéressé par le projet de l’OM.
- Chantier n°2 : refonder tout l’organigramme du club
Frank McCourt a déjà désigné le nouveau président du club, Jacques-Henri Eyraud, patron du groupe de presse Paris-Turf. Son objectif : rénover de fond en comble l’organigramme, du secteur marketing au centre de formation. Les nouveaux dirigeants phocéens doivent ainsi trouver en priorité un responsable du business pour succéder à Corinne Gensollen, partie chez Intersport.
Un poste hautement stratégique et très délicat, les dossiers chauds étant nombreux : les négociations pour un nouvel équipementier, un nouveau sponsor maillot, mais aussi et surtout lutter contre le désamour des fans marseillais. Car le stade Vélodrome sonne désespérément creux, avec 30.000 spectateurs de moyenne depuis le début de la saison, contre 53.000 il y a deux ans…
- Chantier n°3 : à la recherche du successeur de Bielsa
Pour retrouver la ferveur légendaire du Vélodrome, il n’y a pas de secret : il faut offrir du spectacle. Or, et ça n’a pas dû échapper au nouveau propriétaire, un vent de folie avait soufflé sur la Canebière il y a deux ans lors du passage de Marcelo Bielsa, l’entraîneur argentin, adulé par les supporters pour son beau jeu. Mais l’OM d’aujourd’hui est bien loin de l’esprit ultra-offensif "d’El Loco".
L’avenir de l’actuel coach, Franck Passi, s’écrit donc en pointillés. Même si les dirigeants de l’OM ne l’ont jamais clairement exprimé, ils devraient rapidement se mettre à la recherche d’un nouvel entraîneur. Aucun nom n’est pour l’instant évoqué, si ce n’est la rumeur Rudi Garcia, l’ancien de Lille et de l’AS Roma, actuellement libre. Là aussi, les supporters phocéens vont devoir s’armer de patience.
- Chantier n°4 : acheter des nouveaux joueurs
Enfin, l’OM va devoir totalement changer son effectif pour retrouver les hauteurs du classement. Alors oui, il reste de bons joueurs, comme Lassana Diarra, Florian Thauvin, Clinton Njié ou Bafétimbi Gomis. Pas suffisant toutefois pour rivaliser avec le PSG ou l’AS Monaco. Le montant de l’investissement du nouveau propriétaire sera donc guetté avec attention.
La Provence évoque une enveloppe de 100 millions d’euros pour les deux prochains mercatos (janvier et été 2017), tandis que L’Equipe parle de 200 millions d’euros mais sur une période plus longue. A titre de comparaison, les Qataris avaient dépensé 107 millions d’euros en 2011, date de leur arrivée au PSG, avant de remettre 150 millions en 2012, selon les calculs du quotidien Les Echos. Les supporters marseillais ne doivent donc pas s’attendre à voir débarquer un Zlatan Ibrahimovic ou un Thiago Silva dans les prochains mois. A moins que la folie marseillaise fasse à nouveau effet…