Deux monstres face à face, deux légendes l'une contre l'autre. La Juventus Turin et le Real Madrid, 21 finales de Ligue des champions à eux deux, s'affrontent samedi au Millenium de Cardiff (20h45) avec le même objectif : conquérir l'Europe. Monstrueux, légendaires… Les adjectifs valent tout autant pour Gianluigi Buffon et Cristiano Ronaldo. Un match dans le match entre deux hommes qui ont marqué l’année et l'histoire du football de leur empreinte, l’un avec ses mains, l’autre avec ses pieds. Et qui ont l'occasion de frapper fort, très fort, samedi soir.
Le déclin, quel déclin ?
Ronaldo veut ponctuer "la meilleure saison" de sa carrière. À 32 ans, Ronaldo semble repousser l'heure du déclin. Le joueur, sous contrat jusqu'en 2021 au Real et désireux de jouer jusqu'à ses 40 ans, assure vivre "la meilleure saison" de sa carrière.
Vainqueur de la C1 puis de l'Euro avec le Portugal en 2016, l'attaquant a certes connu quelques doutes pendant l'hiver, très attristé par les quelques sifflets du public merengue, mais Zinédine Zidane a su ménager au mieux les efforts de "CR7". Ce dernier a abordé le printemps en trombe : 14 buts sur ses neuf dernières apparitions, dont 8 en quatre matches de C1, et un but décisif pour la conquête du Championnat d'Espagne lors de l'ultime journée à Malaga (2-0). "C'est peut-être la période où je me sens le mieux au niveau physique. Les saisons précédentes, j'abordais la finale un peu fatigué, parce que je jouais davantage", a reconnu mardi Ronaldo, qui arrive donc à Cardiff au top de sa forme.
L'éternel Buffon n'est pas rassasié. Ne parlez pas de fatigue à Gianluigi Buffon. À 39 ans, l'Italien vient d'ajouter un huitième titre de champion et une troisième Coupe d'Italie à son copieux palmarès. Mais le géant de Carrare poursuit encore deux objectifs majeurs, une ultime Coupe du monde - qui serait sa sixième - en 2018 en Russie et cette Ligue des champions qui se refuse à lui.
"La carrière de Gigi ne devrait pas se terminer sans une Ligue des champions. Il a presque tout gagné et c'est un trophée qui lui manque et qui pèse beaucoup", a ainsi déclaré mardi dans La Gazzetta dello Sport Iker Casillas, qui connaît bien le goût de la C1 pour en avoir gagné trois.
Le gardien italien lui-même n'a jamais caché qu'une victoire en Ligue des champions aurait une signification particulière pour lui, et pas seulement parce qu'il deviendrait le joueur le plus âgé à remporter le tournoi, une place aujourd'hui occupée par Paolo Maldini, sacré en 2007 à 38 ans et 10 mois. "Ce serait la plus grande joie de ma carrière avec la victoire au Mondial 2006. Ce serait comme une récompense que l'on obtient à la fin d'un parcours difficile qu'il faut arpenter avec courage et détermination", avait-il ainsi déclaré dans une interview au site de l'UEFA avant la demi-finale face à Monaco.
Cette consécration, il l'a déjà touchée du doigt à deux reprises avec la Juventus Turin en 2003 et 2015, sans jamais pouvoir l'agripper. Soulever le trophée samedi à Cardiff viendrait récompenser sa carrière autant que sa saison exceptionnelle.
Deux joueurs aux antipodes
Buffon et Cristiano, le duel symbolise à lui seul les antagonismes entre leurs deux équipes. Une attaque de feu face à une défense de fer.
Buffon, des mains d'acier dans une défense de fer. Cette saison, les Bianconeri arrivent à Cardiff forts de leurs invraisemblables statistiques défensives : trois buts encaissés en douze matches seulement, face à des attaques aussi réputées que celles de Barcelone, Monaco, Séville ou Lyon. Buffon n'y est pas pour rien, bien sûr.
Cristiano, des pieds en or dans une attaque de feu. Le Real, lui, dans le sillage de son attaquant portugais, auteur de 40 buts en 45 matches officiels avec son club cette saison, "a de la dynamite en attaque", comme l'a résumé Isco : cela fait plus d'un an, soit 64 matches officiels consécutifs, que l'équipe de Zinédine Zidane inscrit au moins un but par rencontre.
Un Ballon d'Or à la clé ?
"CR7" veut rattraper Messi. Pour Cristiano Ronaldo, un nouveau sacre européen lui donnerait un ascendant presque définitif en vue d'un cinquième Ballon d'Or. "CR7" connaît l'importance de cette compétition : à chaque fois, le titre en Ligue des champions a été synonyme pour lui de Ballon d'Or. Son rival barcelonais Lionel Messi, cinq fois meilleur joueur du monde, avait aussi bénéficié de cette jurisprudence, en 2009, 2011 ou 2015.
Dans cet affrontement qui dure depuis près de dix ans, Ronaldo n'est d'ailleurs qu'à une longueur des onze buts de Messi pour terminer meilleur marqueur de l'édition 2016-2017, lui qui est le premier homme à avoir atteint la barre mythique des 100 buts en C1 (104 à ce jour).
Buffon n'y pense pas, les autres le font pour lui. Gianluigi Buffon, en cas de victoire à Cardiff, est aussi présenté à 39 ans comme un candidat au prestigieux trophée individuel. Le débat a été ouvert il y a plusieurs mois déjà par les médias italiens et par les tifosi turinois, qui ont installé à demeure au Juventus Stadium, derrière le but côté Curva Sud, une banderole sur laquelle on peut lire "Ballon d'Or pour G1".
"Le Ballon d'Or ne me manque pas parce que je n'y pense pas. Je dépense déjà tellement d'énergie pour rester en situation d'aider mes équipiers", a pourtant déclaré Buffon cette semaine, qui avait fini deuxième du classement en 2006 derrière son coéquipier au sein de la Nazionale, Fabio Cannavaro. La victoire finale samedi serait en tout cas son meilleur avocat dans la quête de cette distinction, décernée à une seule reprise à un gardien de but dans l'histoire, Lev Yachine en 1963. Surtout si "Gigi" venait à réaliser quelques parades décisives face à "CR7"...
Cristiano bête noire de Buffon, à moins que...
Si Lionel Messi n’a jamais marqué contre Gianluigi Buffon, Cristiano Ronaldo, lui, s'en est donné à cœur joie par le passé. Avec le Real, l’attaquant portugais a en effet marqué lors de tous les matches l’opposant au gardien de la Vieille Dame. En quatre rencontres, il présente même un bilan de cinq buts. Oui, sauf que lors de ces quatre confrontations, "Gigi" et son équipe l'ont emporté à trois reprises.
Sans compter ce match amical de mars 2004 où l'Italie s'était imposée 2-1 face au Portugal. Cristiano Ronaldo, remplaçant au coup d’envoi, était entré au jeu mais n'avait pas réussi à tromper le gardien de la Nazionale.