Des attaquants prolifiques, des buts à gogo, des jeunes joueurs talentueux : le Borussia Dortmund et l’AS Monaco, qui s’affrontent mardi soir en quarts de finale aller de la Ligue des champions, multiplient les points communs. Mais la filiation entre deux des équipes les plus spectaculaires d’Europe n’est pas complète. Leur défense ainsi que leurs entraîneurs dessinent de réelles lignes de fracture, à même de faire basculer cette affiche a priori équilibrée. Europe 1 dresse l’inventaire des points communs et des différences entre le Borussia et l’ASM.
Les points communs :
- Deux machines à marquer
Avec Dortmund et Monaco, le spectacle est garanti. "Ce sont deux équipes qui sont totalement portées vers l’offensive", abonde notre consultant Raymond Domenech. Depuis le début de la saison, les deux équipes affolent les compteurs en championnat comme en Ligue des champions. L’AS Monaco, deuxième meilleure attaque d’Europe et leader de Ligue 1, a ainsi marqué 133 buts toutes compétitions confondues, dont 88 buts en Ligue 1 (Barcelone en a inscrit 140). En Ligue des champions, c’est un peu moins bien, avec 15 buts en huit rencontres, mais six contre Manchester City en huitièmes de finale (3-5, 3-1).
De son côté, le Borussia Dortmund ne connaît pas la même réussite en Allemagne et en Europe. Malgré un total tout à fait respectable de 59 buts en 28 matches de Bundesliga, les Borussen pointent à une décevante quatrième place, très loin du Bayern Munich (1er). Une irrégularité domestique qui contraste avec la forme éclatante du Borussia sur la scène continentale. En Ligue des champions, le club de la Ruhr a marqué 25 fois en huit rencontres, soit la moyenne folle de 3,13 buts par match !
- Des diamants bruts des deux côtés
Ils sont jeunes, ils sont Français, ils sont talentueux : Ousmane Dembélé, 19 ans, et Kylian Mbappé, 18 ans, symbolisent la politique de leur club, toutes deux axées sur la recherche et la mise en valeur de "diamants" à polir. Le club de la Principauté est ainsi passé maître dans l’art de dénicher de jeunes talents afin de les revendre très cher. A l’été 2015, l’ASM avait réalisé d’énormes plus-values en vendant Carrasco (17,5 millions à l’Atlético), Kurzawa (23 millions au PSG) ou encore Martial (50 millions + 30 de bonus à Manchester United). Et que dire des "pépites" de l’effectif actuel : avec Bernardo Silva, Lemar, Sidibé, Mendy, Fabinho ou Bakayoko, tous âgés de moins de 25 ans, les dirigeants monégasques pourraient encore toucher le jackpot cet été.
Le Borussia Dortmund, lui, s’est converti plus récemment à cette politique d’achat-vente. Les Allemands sont passés à l’offensive à l’été 2015, avec l’acquisition du milieu défensif allemand Julian Weigl (21 ans), devenu la plaque tournant du milieu de terrain. L’été dernier, le milieu portugais Raphaël Guerreiro (23 ans), acheté à Lorient, et l’ailier Emre Mor (19 ans), surnommé le "Messi turc" dans son pays, ont rejoint la Ruhr. Il leur faudra cependant un peu de temps pour donner pleinement satisfaction dans une équipe considérablement rajeunie mais encore trop inconstante cette saison.
Les différences :
- Pas la même sécurité défensive
Le Borussia et Monaco ont cependant de réelles différences, notamment dans le secteur défensif. "Dortmund est une équipe souvent déséquilibrée, ce qui la met en difficulté. Au contraire, Monaco a réussi à trouver une forme d’équilibre entre le jeu offensif et la sécurité défensive", juge Raymond Domenech. Le BvB ne possède en effet que la cinquième défense en Allemagne, avec 32 buts encaissés. Le 3-4-3 très offensif utilisé par Thomas Tuchel, le coach de Dortmund, a ainsi volé en éclats sur le terrain du Bayern Munich le week-end dernier, avec une lourde défaite (4-1).
L’AS Monaco offre de son côté davantage de certitudes avec la troisième défense de Ligue 1 (26 buts encaissés). Avec Glik et Jemerson dans l’axe, Leonardo Jardim possède une charnière centrale solide, devant l’excellent gardien Subasic. Méfiance toutefois : les Monégasques sont aussi capables de passer au travers, comme en témoignent leurs défaites contre Manchester City en huitième de finale aller (5-3) et contre le PSG en finale de la Coupe de la Ligue (4-1).
- Deux entraîneurs opposés
Leonardo Jardim, l’entraîneur de Monaco, et Thomas Tuchel, celui du Borussia, partagent la même vision cérébrale et "scientifique" de leur métier. Mais leurs points communs s’arrêtent là. Le Portugais est davantage un pragmatique, capable de tirer le meilleur parti de son équipe. Adepte d’un football défensif et de contres il y a deux ans, Jardim a opéré un spectaculaire virage vers l’offensive cette saison, en misant sur un effectif bâti pour attaquer. Thomas Tuchel, lui, est au contraire un dogmatique, adepte d’un jeu offensif et de possession dès ses débuts à Mayence, en 2009, qu’il a exporté à Dortmund depuis son arrivée à l’été 2015.
Les tempéraments des deux hommes sont également nettement opposés. Jardim affiche un caractère pondéré et réfléchi face aux médias, ne faisant pratiquement jamais de vagues sur le banc monégasque. Tuchel, lui, est au contraire un sanguin. Élu meilleur entraîneur de Bundesliga l’an dernier grâce à sa belle deuxième place, il a du mal à cacher son agacement face à la décevante saison de son équipe. Début 2016, il a même subi les foudres de la presse allemande, qui l’a accusé de critiquer publiquement ses joueurs sans se remettre lui-même en cause. Dans ce climat tendu, l’avenir de Tuchel, dont le contrat se termine en juin 2018, est encore loin d’être assuré. Une mauvaise performance face à Monaco pourrait bien signer la fin de l’aventure entre le coach allemand et le Borussia.
>> Le match Dortmund-Monaco en direct sur Europe 1 et Europe1.fr mercredi 12 Avril à partir de 18h30