Une victoire en Ligue des champions, ça passe aussi par là. Des matches capitaux chez des soi-disant petits, des sans-grades. Celui que va disputer mercredi soir en Bulgarie le PSG lors de la 2ème journée de la phase de groupes fait partie de ceux-là. Tenue en échec il y a deux semaines par Arsenal (1-1), l'équipe d'Unai Emery doit se relancer sur la pelouse du Ludogorets Razgrad, dont le nom dit forcément quelque chose aux spécialistes, mais qui reste largement méconnu du grand public. Présentation d'un club original, de ceux qui nous font aimer la Coupe d'Europe.
- Une ville de 35.000 habitants
Faux aux géants de Madrid, Paris ou Munich, le Ludogorets fait d'abord figure de Petit Poucet d'un point de vue géographique. En effet, le club se situe à Razgrad, une ville d'à peine plus de 35.000 habitants, soit l'équivalent d'Auxerre en France. Mais ses installations n'ont pas grand-chose à voir avec le club icaunais.
Le Ludogorets ne dispose en effet que d'un stade de 8.800 places (quand le stade de l'Abbé-Deschamps, à Auxerre, présente une capacité maximale d'un peu plus de 21.000 places). Et la moyenne de spectacteurs à Razgrad est plus proche des 2.000 que des 8.000. Mais les joueurs du PSG n'évolueront pas pour autant dans ce décor digne d'un club de National en France. Car le stade habituel du Ludogorets est tellement champêtre qu'il ne répond pas aux normes de l'UEFA pour accueillir un match de Ligue des champions. Pour ses matches à domicile, le club s'exile donc 330 kilomètres plus à l'est, à Sofia, la capitale de la Bulgarie, dans une enceinte autrement plus grande, le stade Vassil-Levski (43.230 places).
- Un budget niveau Ligue 2
La différence au niveau budgétaire est évidemment sensible entre le PSG et le Ludogorets Razgrad. Elle est de l'ordre de un à… cinquante. Le club bulgare dispose d'un budget annuel de 10 millions d'euros, quand le PSG peut lui compter sur une enveloppe de 500 millions. Dix millions, c'est le salaire d'une star comme Hatem Ben Arfa au PSG. Cela correspond aussi au budget d'un club de Ligue 2 comme Valenciennes. Sur le papier, l'écart entre le Ludogorets et le PSG est donc monumental.
- Un effectif cosmopolite
Comme le PSG, qui compte neuf nationalités différentes dans son effectif professionnel, Ludogorets est un club très cosmopolite, avec pas moins de dix pays représentés : Canada, Bulgarie, Brésil, Argentine, Roumanie, Ukraine, Portugal, Madagascar, République démocratique du Congo et Pays-Bas. En dehors de la Bulgarie - et c'est là un point commun avec le PSG -, le Brésil représente le plus gros contingent de joueurs (sept), comme c'est le cas également dans les clubs de l'Est les mieux structurés (le Chakhtior Donetsk en Ukraine par exemple).
Plusieurs joueurs du Ludogorets ont évolué en France, comme le défenseur argentin José Luis Palomino (ex-FC Metz), le milieu de terrain brésilien Gustavo Campanharo (ex-Évian) ou l'attaquant roumain Claudio Keserü, passé par Nantes, Libourne, Tours, Angers et Bastia. Le milieu de terrain malgache Abel Anicet a même été formé dans l'Hexagone, à Auxerre. Un habitué des "petites" villes qui vibrent foot, donc.
- Une ambiance familiale
Au Ludogorets, on a une conception très littérale du terme "ambiance familiale". Les femmes de joueurs et leurs enfants sont autorisés à assister aux séances d'entraînement, comme le raconte L'Équipe mercredi. Une anomalie dans un football professionnel de plus en plus replié sur lui-même. "C'est un des ingrédients de la réussite", explique dans le quotidien sportif l'entraîneur Georgi Dermendjiev, en poste depuis deux ans. "C'est moi qui l'ai souhaité, en accord avec la direction. C'est une initiative plutôt rare mais elle fonctionne bien."
- Mais des résultats probants…
On ne peut pas contredire le technicien bulgare sur ce point. Le club, qui a longtemps vécu dans l'ombre des géants de Sofia, le Levski et le CSKA, a été sacré au printemps dernier champion de Bulgarie pour la cinquième fois de suite. Et s'il ne participe cette année que pour la deuxième fois de son histoire à la phase de groupes de la Ligue des champions après la saison 2014-15, il y a déjà signé quelques performances de choix, comme un match nul contre Liverpool (2-2) ou une victoire face à Bâle (1-0), qu'il a d'ailleurs tenu en échec à nouveau lors de la 1ère journée cette saison (1-1).
Ces succès récents (il faut ajouter au championnat deux Coupes de Bulgarie, en 2012 et 2014), le Ludogorets les doit à Kiril Domuschiev. Cet homme d'affaires bulgare, âgé de 47 ans, a racheté le club en 2010 et en a fait depuis l'indiscutable club n°1 du pays en investissant massivement. L'adversaire du PSG mercredi soir est original, mais jusqu'à un certain point…