Le 10 mars 2010, l'Olympique lyonnais signait l'un des plus grands exploits de son histoire européenne en se qualifiant sur la pelouse du Real Madrid, en huitièmes de finale de la Ligue des champions (1-0, 1-1). Alors assis sur le banc des "Merengue", Manuel Pellegrini a rapidement compris que cet échec serait celui de trop.
Arrivé dans les bagages du président Florentino Perez à l'été 2009, il quitta le club après la première de ses deux années de contrat, achevée sans le moindre trophée et ce, malgré un beau parcours en Championnat (2ème avec un total de 96 points). Six ans plus tard, le technicien chilien, désormais entraîneur de Manchester City, va retrouver le Real en face de lui dans la plus prestigieuse compétition de clubs, mardi soir, en demi-finales.
"A l'intérieur du club (du Real Madrid), je faisais face à des conditions contraires", a rappelé Pellegrini dans un entretien au quotidien espagnol Marca, vendredi. "J'ai toujours essayé de m'imposer, d'avoir de bonnes relations avec les joueurs et de parvenir à développer un bon football en Liga. Mais je savais que j'étais condamné dès mon arrivée, dès le mois d'août." Lors de son court passage dans la "Maison blanche", Pellegrini a néanmoins pu compter sur quelques appuis de poids : le capitaine de l'époque, Iker Casillas, l'avait soutenu, de même que le conseiller du président Pérez, un certain Zinédine Zidane, nommé en janvier dernier entraîneur de l'équipe première du Real.
Un habitué des surprises en Ligue des champions. Ironie de l'histoire, sur les quatre clubs que Pellegrini a entraînés à ce jour, le Real est le seul qu'il n'a pas réussi à mener en quarts de finale de la Ligue des champions. Il l'a fait avec trois clubs moins "huppés" : Malaga en 2012-13 (éliminé par le Borussia Dortmund), Villareal, qu'il a mené dans le dernier carré en 2005-06 (sorti par Arsenal) et il l'a fait enfin cette année avec Manchester City, après deux échecs consécutifs au stade des huitièmes de finale (face au Barça). Son équipe a d'abord éliminé le Dynamo Kiev (3-1, 0-0) avant de faire mordre la poussière au PSG (2-2, 1-0), ce qui a conduit Pellegrini à nouveau en demi-finales, dix ans après. "Je ne pense pas au passé, toujours au futur", a souligné Pellegrini, lundi, en conférence de presse. "Je ne regarde jamais derrière mais j'ai déjà atteint ce niveau avec Villarreal. On avait très bien joué contre Arsenal mais pour une certaine raison on n'avait pas atteint la finale."
Remplacé par Guardiola la saison prochaine. Son "futur", Manuel Pellegrini ne sait pas encore de quoi il sera fait. En effet, après trois ans de bons et loyaux services chez les "Sky Blues" (un titre de champion et deux victoires en League Cup au compteur), celui que l'on surnomme "l'Ingénieur" va quitter Manchester City la saison prochaine. Mais s'il pense au "futur", il n'en parle pas. "Vous ne savez jamais ce qu'il va arriver", insiste-t-il. "Quand je suis arrivé, ce club n'était jamais sorti des poules en Ligue des champions. En Angleterre, on est l'équipe qui marque le plus. On a gagné un championnat (en 2014), deux coupes (en 2014 et 2016) et je suis content avec ça. Je ne m'évalue pas en fonction des titres remportés. C'est important d'atteindre la finale par rapport au travail fourni depuis trois ans."
Si l'on ne sait pas encore où Pellegrini, 62 ans, va rebondir la saison prochaine - il pourrait retourner en Espagne, à Valence -, on connaît déjà en revanche le nom de son successeur. Ce sera "Pep" Guardiola, celui-là même qui l'avait privé du titre de champion d'Espagne lors de sa seule saison au Real. Mais peut-être que Pellegrini peut y voir un bon signe. En effet, la dernière fois que l'ancien coach du Barça a signé par anticipation quelque part, c'était en 2013, au Bayern Munich. Le coach en place, Jupp Heynckes, avait alors conclu sa saison par une victoire en Ligue des champions. Voilà un "futur" dont Pellegrini ne parle pas ouvertement mais auquel il doit rêver, forcément…