"Je n'aime pas perdre. Surtout pour une affaire qui n'en est pas une." Interrogé par le quotidien Le Monde, Michel Platini réitère sa volonté de se présenter à la présidence de la Fifa, malgré la suspension de 90 jours qui le frappe. "Le foot a besoin de la Fifa et je suis le seul footballeur suffisamment populaire en position de prendre la présidence et de régler enfin les choses", insiste le président de l'UEFA. Jeudi dernier, le dirigeant français a reçu le "soutien total" de l'UEFA. Mais, depuis le début de cette affaire, plusieurs entités ont pris leurs distances avec lui, comme la Fédération anglaise la semaine dernière.
Pas de contrat écrit avec Blatter. Dans ce long entretien, Platini revient notamment sur ce fameux paiement de deux millions de francs suisses reçu de la Fifa en 2011 pour une mission assurée lors du premier mandat de Joseph Blatter (1998-2002). Le dirigeant français confirme que la mission de conseiller football qu'il avait tenue à l'époque n'avait pas fait l'objet de contrat écrit, comme l'avait laissé entendre Blatter vendredi. "Il (Blatter) me demande d’être son conseiller pour le foot", raconte Platini. "C’est d’accord. 'Combien tu veux ?', demande Blatter. Je réponds : 'Un million.' 'De quoi ?' 'De ce que tu veux, des roubles, des livres, des dollars.' A cette époque, il n’y a pas encore l’euro. Il répond : 'D’accord, 1 million de francs suisses par an.' Interrogé sur cette incroyable légèreté, Platini répond qu'il n'est pas un "homme d'argent" et qu'il avait "confiance".
"L'argent, j'en ai assez." Concernant cette somme de deux millions de francs suisses (1,8 million d'euros), Platini explique ne pas l'avoir réclamée "parce qu'il ne manque pas (d'argent)" - "L'argent, j'en ai assez" - mais ne détaille pas pourquoi, d'un coup, il a demandé à être payé de cette somme neuf ans après sa mission. En 2011, la confiance entre Blatter et lui s'était déjà fissurée. Platini a-t-il demandé cet argent pour solder ses comptes (au sens propre) avec Blatter ? Et Blatter ressort-il cette histoire pour se venger à son tour ? A ce sujet, Platini confie qu'il a "des doutes". "En tout cas, tout ça est sorti à partir du moment où j’ai demandé sa démission et où j’ai été candidat", relève-t-il. "Je suis le seul à pouvoir faire en sorte que la FIFA redevienne la maison du foot mais chaque fois que je me rapproche du soleil, comme Icare, ça brûle de partout."
Concernant son vote pour le Qatar en décembre 2001 dans l'attribution de la Coupe du monde 2022, Platini rejette l'éventuel traitement de faveur dont aurait bénéficié son fils, Laurent, engagé fin 2011 par l'équipementier qatarien Burrda Sport. "C’est Sébastien Bazin (ex-patron de Colony Capital, actionnaire principal du PSG avant l'arrivée de Qatar Sport Investments) qui lui a présenté l’équipementier et il y est entré un an et demi après le vote en faveur du Qatar." Platini regrette d'être aujourd'hui "traîné dans la boue" et espère encore être l'homme par qui le changement viendra à la Fifa.