Sur le papier, les situations entre le match aller et le match retour se ressemblent à s’y méprendre. Le 21 septembre dernier, l’AS Monaco était leader du championnat, et l’OGC Nice occupait la place du dauphin. Les Monégasques restaient sur sept victoires toutes compétitions confondues, dont une (3-1) face au PSG et une autre (1-2) à Tottenham. Et pourtant, le derby de la Côte d’Azur avait tourné en faveur des Niçois, qui imposèrent à Monaco leur plus lourde défaite de la saison (4-0). Plus de quatre mois plus tard, les deux clubs azuréens se rencontrent à nouveau (ce samedi à 17h). Comme avant le match aller, Monaco occupe la première place, et Nice la deuxième. Comme avant le match aller, les Monégasques affichent une forme olympique. Et comme avant le match aller, ils sont favoris.
"Ce jour-là, on était au-dessus". Les Aiglons eux même sont les premiers à se montrer sceptiques sur leur capacité à réitérer leur exploit de septembre. "Au match aller, Monaco n'était pas au même niveau que maintenant. On a vu leur match à Paris, c'était costaud (1-1 au Parc des Princes NDLR). On aura beaucoup de boulot. Ils ont progressé, ils ont fait une très belle Ligue des champions. Ils se sont habitués à jouer des gros matches", prévient le défenseur niçois Dante en conférence de presse. "Monaco marque trois buts par matchs (2,95 exactement), ils sont en confiance. Contre Paris, ils ont été énormes. […]Contre nous, à l’aller, ils étaient venus confiants. Ils venaient de battre Tottenham, ça nous a aidés. Là, ils savent que l’on est une équipe joueuse, qu’il ne faut pas nous laisser prendre confiance", renchérit le milieu Jean-Michaël Séri, dans une interview à L’Equipe.
Monaco ne montrera probablement pas le même visage qu’il y a quatre mois. Et il y a fort à parier que Nice non plus. "Ce jour-là, on était au-dessus et en pleine réussite", se souvient l'entraîneur des Aiglons Lucien Favre. Or, la "réussite" sourit un peu moins aux Niçois depuis la trêve. Avant la victoire à domicile face à Guingamp samedi dernier (3-1), Nice avait enchaîné quatre matchs sans victoire. Et s’ils ont récupéré Jean-Michaël Séri, meilleur passeur du championnat, revenu de la Coupe d’Afrique des Nations, les Aiglons restent privés de Younès Belhanda et Ricardo Pereira, deux éléments clés de leur effectif toujours à l’infirmerie.
"Etre sûr de notre force, solides et efficaces". "Il faudra qu'on soit mentalement, physiquement, et surtout tactiquement forts. On devra faire un gros match", prévient Dante. Quant à l’imperturbable Lucien Favre, il incite à ne pas trop se focaliser sur ce match en particulier. "Je demande en permanence aux joueurs de rester concentrés sur le travail. Monaco, ce sera évidemment un match particulier, un derby entre les deux premiers. Mais juste derrière, dans cette ‘semaine anglaise’ (à trois matches, ndlr), on enchaîne avec Saint-Étienne et Rennes", a-t-il sobrement commenté en conférence de presse.
" Si on gagne, on met un vrai coup et on lance un message "
On l’aura compris, la confiance est plutôt du côté des Monégasques. "On n'est pas dans une approche de revanche. Le contexte est autre. Je ne sens pas plus d'excitation que ça dans notre groupe. Il ne faut pas trop en faire, être sûr de notre force, solides et efficaces", résume le milieu monégasque Tiémoué Bakayoko. Et d’enchaîner : "Si on gagne, on met un vrai coup en repoussant Nice et Paris à trois points et on lance un message".
"C'est du 50-50 sur ce match". Mais Nice n’a pas perdu d’avance non plus. Plusieurs éléments pourraient jouer en faveur des Aiglons. Le public, d’abord : lors des derbys azuréens, les supporters monégasques sont rarement majoritaires, même dans les gradins de Louis II. Jeudi dernier, les 2.000 places du virage sous les arcades sont parties en quelques heures. Ex-Monégasque et néo-Niçois, Mounir Obbadi confirme : "la ferveur est du côté des Niçois".
En outre, Monaco jouera sa deuxième rencontre en quatre jours. Lors du match contre Chambly, mercredi en Coupe de France, Leonardo Jardim avait largement fait tourner son effectif. Mais plusieurs titulaires habituels ont tout de même contribué à la victoire (4-5 après prolongations) : Glik, Lemar, Fabinho et Germain. Les Niçois, pour leur part, n’ont plus que le championnat à jouer et seront donc plus frais samedi après-midi.
"Je suis un peu étonné par le calendrier. Comment est-ce possible de jouer un match mercredi et d'enchaîner par un gros match samedi face à Nice ?", a d’ailleurs critiqué l’entraîneur monégasque en conférence de presse. "Nice est une grosse équipe, plus forte maintenant qu'au début. Il y a cinq mois, elle jouait sur quatre tableaux, maintenant elle ne lui reste que le championnat, elle arrive avec de la fraîcheur tous les week-ends et peut gérer son effectif tranquillement", analyse le technicien monégasque. Et de conclure, prudent : "Dans un derby, il n'y a pas de favori, c'est du 50-50 sur ce match".