Veni, vedi, vici. Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu. La Squadra Azzura ferait bien de s'inspirer de Jules César si elle veut rejoindre le gratin du football mondial en Russie l'été prochain. Au bord du gouffre après sa défaite en Suède (1-0) en barrages aller de la Coupe du Monde 2018, l'Italie n'a pas d'autre choix que de l'emporter par deux buts d'écart (ou espérer passer aux tirs au but avec un succès 1-0), lundi soir, lors du match retour qui a lieu à San Siro, à Milan (20h45). Tout autre résultat la condamnerait à rester à quai.
Sa dernière absence remonte à 1958. Présente à chaque Coupe du Monde depuis 1962, l'Italie n'a jamais été aussi proche de rester chez elle à l'approche de la grand-messe du football. Deuxièmes de leur groupe de qualification derrière l'Espagne et contraints de passer par les barrages, les Italiens ont chassé comme un improbable mauvais rêve la perspective de cette élimination. La défaite à Solna vendredi a fait office de douche froide pour tout un peuple, hébété de voir son équipe nationale si mal en point.
Inconstants Italiens. En crise totale de confiance, mal guidée par Gian Piero Ventura, sélectionneur sans expérience du très haut niveau et qui semble aujourd'hui à court d'idées, la Nazionale a désormais bien peu d'éléments auxquels se raccrocher pour croire à un renversement de situation. Le premier reste la qualité très relative de l'adversaire. Bien organisés et costauds, les Suédois n'ont pas non plus semblé invincibles à Solna et avec un peu de vitesse et d'audace, les Italiens peuvent probablement changer la dynamique de ce barrage.
Cette vitesse et cette audace peuvent être incarnées par Lorenzo Insigne, l'ailier de Naples, qui devrait être titulaire quel que soit le système choisi par son entraîneur. À l'aller, celui qui est l'élément offensif le plus talentueux de la sélection n'était entré qu'à un quart d'heure de la fin, remplaçant poste pour poste Marco Verratti (suspendu lundi), dans l'incrédulité générale. Mais au-delà des schémas tactiques et des qualités individuelles, l'Italie va surtout devoir arriver à San Siro, où elle n'a jamais perdu, avec un supplément d'âme, et compter sur le soutien des quelque 70.000 spectateurs attendus dans la cathédrale qui accueille habituellement les deux grands clubs de Milan.
"Un petit exploit". "Les trois mots à retenir, c'est le cœur, la détermination et la tactique. Si on arrive à les réunir et à bien les utiliser, les choses seront différentes par rapport à vendredi, où nous n'avons pas réussi à le faire", a déclaré Gian Piero Ventura en conférence de presse. "Demain (lundi), nous sommes obligés de faire un petit exploit et il faut que les gens nous soutiennent", a renchéri Gianluigi Buffon. "La pression est forte et on sait combien ce match contre la Suède est important. Pour nous, pour le pays et pour l'histoire de cette équipe. Nous avons conscience de devoir renverser ce résultat", a assuré le capitaine des Azzuri.
Offrir une vraie fin de carrière à ses cadres. Voir cette immense nation du ballon rond (quatre titres mondiaux en 1934, 1938, 1982 et 2006) rester chez elle serait un crève-cœur pour beaucoup d'amateurs de football. D'autant que cette Coupe du Monde pourrait être le dernier grand rendez-vous d'immenses champions comme Andrea Barzagli, Daniele De Rossi et surtout Gianluigi Buffon (109 ans et 361 sélections à eux trois), qui a déjà annoncé la fin programmée de sa carrière en Russie. À condition d'y aller, bien sûr.