Pays-Bas/France, un match crucial en vue de la qualification pour le Mondial 2018, qui se jouera lundi soir à Amsterdam. Pays-Bas/France, un match entre deux pays majeurs du football européen, avec des parcours néanmoins fluctuants. Mais ressemblants. On vous raconte pourquoi.
Sans Iniesta, ils auraient pu remporter la première Coupe du monde de l'histoire néerlandaise. Ce 11 juillet 2010, les Oranje, le surnom de la sélection hollandaise, sont au sommet de leur art, portés par les coups de pattes de Wesley Sneijder, le coup de rein d'Arjen Robben et les coups de casque de Robin Van Persie et Klaas-Jan Huntelaar. Ils ne devront la défaite qu'à un but du lutin espagnol dans les dernières minutes, ce qui ne les avaient pas empêché de clamer leurs ambitions pour les échéances à venir après cette finale perdue.
Pourtant, six ans plus tard, il ne reste plus rien ou presque de cet effectif galactique et de ces rêves de titre. Van Persie, le gaucher aux tempes grisonnantes, n'est plus appelé en sélection depuis 2015, Snejider est blessé, Robben et Huntelaar sont écartés… Un signe qui ne trompe pas sur l'actuel creux générationnel que connaissent les Pays-Bas.
La mécanique Oranje grippée. Car depuis 2010, les résultats de l'équipe sont en chute libre. Troisièmes du mondial brésilien, les Néerlandais ne sont pas sortis des poules à l'Euro 2012. Pire, ils n'étaient même pas qualifiés pour l'Euro 2016, une première depuis 32 ans ! Ces déceptions ont poussé le sélectionneur Danny Blind à donner leur chance à de nouveaux joueurs, des plus confirmés (Bas Dost et Georgino Wijnaldum) aux moins connus (Vincent Janssen ou Quincy Promes). Parmi eux Janssen, transféré à Tottenham cet été, semble très prometteur, comme l'a confirmé son nouvel équipier en club et futur adversaire Moussa Sissoko : "C'est un très grand attaquant, qui a un grand potentiel et qui aime jouer dos au but. Il faudra faire attention."
"On est en train de vivre une rupture." Pourtant, aux Pays-Bas, les observateurs parlent bel et bien de trou d'air générationnel. Ruud Krol, ancien capitaine de la sélection Oranje dans les années 80, porte un regard réaliste sur l'avenir du foot batave dans le quotidien L'Equipe, dimanche : "On est un bon pays de formation mais vu notre taille (17 millions d'habitants), c'est impossible de sortir tous les trois ou quatre ans assez de joueurs de qualité supérieure. Entre les années 70 et la génération Van Basten, on a eu un trou. Pareil entre l'époque 1998-2000 et l'avènement des Robben, Van Der Vaart, Sneijder en 2010. L'histoire du foot néerlandais est faite de ruptures. On est en train d'en vivre une."
Du blues du bus à la finale de l'Euro. Finalement, cette équipe des Pays-Bas rappellerait presque la sélection française post-coupe du monde 2010. Traumatisés par l'épisode de la grève et du bus de Knysna, les dirigeants de la fédération écartent alors une partie de joueurs (Gourcuff, Toulalan, Anelka) ainsi que Raymond Domenech et lancent de nouveaux espoirs. Avec plus (Giroud) ou moins (Ménez) de réussite selon les cas. Toujours est-il que ces changements préfigurent la renaissance des Bleus, frémissante en 2014 au Brésil (quart de finale) et consacrée à l'Euro 2016 (finale).
Gare à l'excès de confiance. Il faut rappeler que c'est sur certains de ces matches de qualification que la France s'était peu à peu reconstruit un moral et un esprit d'équipe par le passé. En octobre 2012, Olivier Giroud avait lancé sa carrière internationale en signant contre toute attente le but de l'égalisation contre l'Espagne (1-1), qui dominait alors le foot mondial.
Gare à l'excès de confiance lundi soir pour les Bleus donc. Car si les deux sélections connaissent des fortunes diverses ces dernières années, elles ont deux points communs. Celui d'être à égalité en tête de leur poule avec quatre points en deux rencontres, et celui d'avoir remporté le dernier match de qualification 4 buts à 1. Signe que le talent offensif, une constante dans l'histoire du foot hollandais, est toujours là.