Ne parlez plus à Kevin Mayer de son physique d’Apollon. "Je ne veux plus seulement qu’on me connaisse pour mon corps", a affirmé, sûr de lui, le blond à la gueule d’ange dans un entretien au Magazine LÉquipe publié samedi dernier. Le décathlonien, devenu une star de l’athlétisme français depuis sa médaille d’argent aux Jeux de Rio, n’a en effet qu’un objectif en tête : décrocher son premier titre mondial. Mayer s’avance même comme le favori numéro 1 dans sa discipline, qui débute vendredi matin et se poursuit jusqu’à samedi, à Londres.
Ashton Eaton retraité. Ces dernières années, le décathlon a été outrageusement dominé par Ashton Eaton. L’Américain a tout gagné entre 2012 et 2016, remportant deux titres mondiaux consécutifs (2013, 2015) et deux médailles d’or olympiques à la suite (2012 et 2016). À Rio, l’été dernier, l’imbattable décathlonien, également détenteur du record du monde (9.045 points), avait pourtant tremblé jusqu’au bout face à Mayer. Le Français, auteur d'un décathlon époustouflant (record de France avec 8834 pts), n’avait échoué qu’à 59 points d’Eaton.
"Les hommes les plus complets font plusieurs sports au plus haut niveau. C’est pour ça qu’en tant que champion olympique et recordman du monde du décathlon, Ashton Eaton est selon moi le plus grand sportif de tous les temps", assure Mayer dans Le Magazine L'Équipe. Mais cette année, le Français n’aura pas à batailler contre son bourreau des derniers Jeux. Et avec la retraite d’Eaton, Mayer est désormais l’homme à battre.
Une préparation idéale. La préparation du Français a renforcé son statut de favori numéro un. Il a démarré l’année en trombe avec un titre de champion d’Europe en salle à l’heptathlon (sept épreuves), agrémenté d’un record continental (6.479 pts, deuxième performance de tous les temps). Il arrive surtout en pleine possession de ses moyens, sans la moindre blessure et après n’avoir pas disputé le moindre décathlon de l’année pour se préserver physiquement.
Mayer, décrit comme un gros travailleur, a également cherché à s’améliorer dans plusieurs épreuves. "Au contact de Mélina (Robert-Michon), j’ai passé les 50 m, un cap au disque. Avant les championnats d’Europe indoor à Belgrade cet hiver, j’ai aussi fait une séance de perche avec Kevin (Ménaldo) et de haies avec 'PML' (Pascal Martinot-Lagarde). On a vu le résultat (champion d’Europe et record d’Europe)", détaille-t-il au Magazine L'Équipe.
Son principal concurrent : lui-même. Tous les feux sont donc au vert pour Mayer. Mais le vice-champion olympique en titre l’avoue lui-même : il doit constamment lutter contre le trac avant une grande compétition. "Je me ‘chie’ dessus quinze jours avant un décathlon, c’est une forme de dépression et je suis en plein dedans. Un décathlon, c’est compliqué à appréhender, on imagine les dix épreuves et on se demande comment elles pourraient toutes bien se passer", décrit-il à l’AFP. "Il y a énormément de stress. J’ai tout le temps envie d’arrêter l’athlé avant un décathlon", va même jusqu’à affirmer Kevin Mayer. Et si, finalement, le principal concurrent de Kevin Mayer, c’était lui-même ?