Pour la première fois depuis des lustres, Renaud Lavillenie n’aborde pas une grande compétition avec l’étiquette de grandissime favori. La star de l’athlétisme français a en effet vécu une année 2017 en dents de scie, sans grande référence avant la finale du saut à la perche des Mondiaux de Londres, mardi soir (20h30). Le recordman du monde n’est pas allé plus haut que 5,87 m, début juillet à Lausanne, et a terminé à une inquiétante cinquième place à Monaco, le dernier meeting avant le rendez-vous britannique. Lavillenie reste tout de même l’un des plus sérieux prétendants à la couronne mondiale, le seul titre qui manque à son immense palmarès. Alors, peut-il enfin briser la malédiction cette année ?
Une concurrence renforcée. Les difficultés de Lavillenie contrastent avec l’état de forme de ses plus sérieux adversaires. L’Américain Sam Kendricks, qui a passé la barre des 6 m cette année, apparaît comme le concurrent numéro 1 de Lavillenie. "Sam Kendricks a été très très fort cet été et sera le grandissime favori. Et il y a trois-quatre mecs qui sont un petit cran en-dessous mais en championnat, un saut peut tout changer", a estimé le Français, interrogé par l’AFP.
Si le Brésilien Thiago Braz, champion olympique surprise à Rio, est forfait, les Polonais Piotr Lisek et Pawel Wojciechowski (champion du monde 2011), l’Allemand Raphael Holzdeppe (champion du monde 2013) ou encore le tenant du titre Canadien Shawnacy Barber seront eux aussi à surveiller de près. "Il y a tout un lot de très bons sauteurs qui veulent la peau de Lavillenie. Pour moi, il reste tout de même le favori sur le plan technique", estime tout de même notre consultant Jean-Claude Perrin, l’ancien entraîneur de Pierre Quinion, champion olympique à la perche en 1984.
Des qualifications rassurantes. Lavillenie lui a donné raison dimanche matin, en franchissant ses deux barres (5,60 m et 5,70 m) au premier essai, quand Sam Kendricks a dû s’y reprendre à trois reprises pour franchir 5,60 m. "C’est bon pour la confiance (car) ma saison n’a pas toujours été très facile et j’ai rarement fait des concours en passant tout au premier (essai)", s’est satisfait Lavillenie. "Mardi, il faudra tout lâcher mais je ne suis pas inquiet pour ça."
Londres pour effacer Rio. Le Français a semblé retrouver une partie de ses sensations et peut donc espérer sauter vers cet or mondial qui s’est si souvent refusé à lui, un an après le traumatisme de Rio (médaille d’argent et huées du public carioca). Signe du destin : il pourrait décrocher le seul titre qui lui manque dans le stade qui l’a fait roi. C’est en effet sur ce même perchoir londonien qu’il avait été sacré champion olympique, en 2012.
"C'est plus quand tu rentres dans le stade que tu as plein de flash-back, avec des petits détails anodins qui t'ont marqué. Je suis revenu trois fois et à chaque fois cela s'est très bien passé, et je me suis réapproprié l'espace avec des ondes positives", assure Lavillenie. "C'est quelque chose qui te fait du bien, de revenir dans un stade qui te donne confiance, même si ça ne veut absolument rien dire sur le plan sportif. Mais d'un point de vue psychologique, tu es apaisé parce que tu n'as que des bonnes ondes sur le stade." Des ondes qui pourraient peut-être, enfin, le propulser sur le toit du monde.