Parmi les plus grands exploits de l’histoire de l’athlétisme, le doublé 200-400 m, réalisé uniquement par l’Américain Michael Johnson, a une place à part. La "Loco de Waco", son surnom, avait réussi la passe de deux aux Mondiaux de Göteborg, en 1995, puis aux Jeux olympiques d’Atlanta, en 1996, une performance jamais égalée depuis. Wayde Van Niekerk, future star annoncée de l’athlétisme, a pourtant tout pour rejoindre l’Américain dans les livres d’histoire. Le Sud-Africain, sacré champion du monde sur 400 m, part jeudi soir à la conquête du 200 m aux Mondiaux de Londres. Alors, va-t-il égaler Michael Johnson ?
"Plus rapide" que Johnson. La quête de Van Niekerk nous ramène vingt ans en arrière. En 1995, Michael Johnson réalise la première partie de son improbable double sacre, en devenant le premier athlète à remporter le 200 et le 400 m lors des Mondiaux de Göteborg. Un an plus tard, "la Loco de Waco" frappe encore plus fort. Aux Jeux olympiques d’Atlanta, en 1996, l’Américain décroche à nouveau l’or sur les deux distances, mais surtout il pulvérise son propre record du monde du 200 m de plus de trois dixièmes (19''32). Une marque irréelle, qui avait fait naître la suspicion à l’époque, et qui aura tenu 12 ans, jusqu’à l’émergence d’Usain Bolt (19''30 aux Jeux de Pékin en 2008 puis 19''19 aux Mondiaux de Berlin en 2009, l’actuel record).
Le doublé 200-400 m de Michael Johnson aux JO d’Atlanta :
Trois ans plus tard, Johnson détruit cette fois-ci le record du 400 m, aux Mondiaux de Séville en 1999, en 43''18. Cette fois, il faudra patienter 17 ans pour trouver un athlète plus rapide : un certain Wayde Van Niekerk, aux Jeux olympiques de Rio l’été dernier (43''03). "On ne pensait pas qu’il puisse progresser aussi fort. Van Niekerk a une vitesse de base énorme. Il est exactement dans un profil similaire à celui de Michael Johnson, mais il est plus rapide", estime notre consultant Jean-Claude Perrin.
Le record du monde de Michael Johnson sur 400 m aux Mondiaux de Séville :
En difficulté en demi-finales. Si Wayde Van Niekerk, facilement sacré champion du monde du 400 m mardi soir à Londres, n’a pas battu son propre record, il a déjà effectué la moitié du chemin pour égaler son glorieux aîné. Mais jeudi soir, sa tâche ne s’annonce pas aussi aisée sur 200 m. Il n'a ainsi terminé que troisième de sa demi-finale, mercredi soir, et s'est uniquement qualifié au temps (20''28) pour deux petits centièmes devant Christophe Lemaitre (20 sec 30).
La preuve que l'enchaînement des courses (six en six jours) n'est pas aussi simple à gérer, même pour le champion sud-africain. "C'est plus facile à dire qu'à faire. C'est la compétition et tout est très indécis", avait déclaré Van Niekerk quelques jours auparavant, conscient du prix à payer pour marcher sur les traces de Johnson.
Une concurrence aiguisée. Van Niekerk devra également faire face à une toute autre concurrence sur le demi-tour de piste. Son principal challenger, le Botswanais Isaac Makwala, qui n’avait initialement pas eu le droit de courir après avoir été placé en quarantaine par les autorités britanniques en raison d’une gastro-entérite, a finalement pu s'aligner.
Le meilleur performeur mondial de l’année (19''77) a finalement d'abord disputé seul sa série du 200 m (oui oui !) mercredi soir, puis a validé son billet pour la finale deux heures plus tard en terminant deuxième de sa demi-finale. Autre concurrent de poids : le Trinidadien Jereem Richard, facile et impressionnant vainqueur de sa demi-finale, en 20''14. Wayde Van Niekerk devra bel et bien batailler pour égaler Michael Johnson.