Depuis le début des Championnats du monde de natation en bassin (à distinguer de la natation en eau libre), dimanche, à Budapest, l'équipe de France, en reconstruction, n'a toujours pas glané la moindre médaille. Mais l'éclaircie pourrait venir jeudi. Et elle pourrait être spectaculaire. En effet, la nouvelle figure du sprint français, Mehdy Metella, sera l'un des favoris de la course reine des Mondiaux, la finale du 100 m, dont le départ sera donné à 17h51.
Le Guyanais, déjà deuxième temps des séries en 48"18 le matin, a réussi dans la soirée le meilleur temps des demi-finales en 47"65. C'est plus vite que tous ses concurrents sur l'aller-retour à Budapest mais aussi que tous les autres nageurs français dans l'histoire de la natation sans combinaison ! Metella a ainsi nagé plus vite que Yannick Angel, précédent détenteur de ce record de France officieux en 47"84 depuis les Jeux olympiques de Londres.
#FINAWorlds Mehdy Metella vainqueur de sa 1/2 finale du 100 nage hommes en 47"65 !!! #Budapest2017pic.twitter.com/pmF5EcNp0g
— francetv sport (@francetvsport) July 26, 2017
43 centièmes de mieux à son record personnel. "C'est un temps que je ne m'attendais pas à faire", a avoué Metella. "Je me disais que ça pourrait être un temps à envisager dans deux ans mais 47"65 en demi-finales, c'est fort !". Avant ces Championnats, Metella n'avait jamais fait mieux que 48"08. Il a donc collé 43 centièmes à son record personnel. "C'était une très belle course, assez aboutie, avec peu d'erreurs. Il a répondu au plan très optimiste des choses", a reconnu son entraîneur Julien Jacquier. "Mais je pense qu'on n'a pas encore vu ses limites, donc c'est normal qu'il nous épate comme ça de temps en temps."
Champion du monde en relais en 2015. Frère de Malia Metella, médaillée d'argent sur 50 m aux JO d'Athènes, Mehdy Metella ne débarque pas de nulle part. Âgé de 25 ans seulement, il possède déjà un très beau palmarès, notamment en relais. Il était ainsi membre du 4x100 m tricolore champion du monde à Kazan, il y a deux ans, et de celui "argenté" lors des Jeux olympiques de Rio, l'an dernier. Comme sa sœur, Mehdy a d'abord brillé sur le papillon, qui lui a offert ses premières finales en grand bassin lors de grands championnats (5ème du 100 m papillon aux Mondiaux 2015, 6ème sur la même distance lors des JO 2016), avant de se faire un nom en nage libre.
Dans le milieu des grands "squales" du sprint, Metella détonne déjà par son attitude, plus décontractée que la moyenne. Avant sa demi-finale "record" mercredi, il a ainsi esquissé quelques pas de danse en chambre d'appel… "C'est la première fois qu'Adrian (Nathan Adrian, le nageur américain, champion olympique à Londres en 2012) a dû voir ça. Il m'a dit : 'Pourquoi tu danses ?' Je lui ai répondu que je n'avais pas de stress", a rigolé Metella, licencié au Cercle des nageurs de Marseille, qui a abrité avant lui quelques grandes gloires du sprint français, comme Frédérick Bousquet, Fabien Gilot ou Florent Manaudou. Mais aucun d'entre eux, ni même Yannick Agnel ou Alain Bernard, champion olympique sur 100 m en 2008, n'ont encore réussi à être champion du monde sur la distance reine.
Entouré par des Américains et des Australiens. Pour réaliser cet exploit unique dans l'histoire du sport français, Metella devra dominer une concurrence venue, comme souvent, des États-Unis et d'Australie. Sur son plot de départ, le n°4, le Guyanais sera entouré de deux Américains : l'expérimenté Nathan Adrian, 29 ans, et le jeune Caeleb Dressel, 19 ans, auteur du deuxième chrono des demi-finales, à un centième (47"66). À leurs côtés, nageront les Aussies Jack Cartwright et Cameron McEvoy, auteur du meilleur chrono de tous les temps sans combinaison (47"04).
"Si je refais le même temps…" Metella sait que cette finale est plus ouverte que jamais. "Si je refais le même temps demain (que celui réalisé jeudi), je pense que le podium, même la première place, c'est jouable", a jugé Metella. "Mais je peux faire quatrième, sixième, on ne sait jamais…" Décontraction et lucidité, deux éléments essentiels pour décrocher l'or.