"Benzema aussi, il ne joue pas avec l'équipe de France." La déclaration est cinglante. Comme l'avant-centre des Bleus du football, Gaël Monfils n'est pas désiré par son sélectionneur. Le capitaine de Coupe Davis Yannick Noah a fermement justifié mardi son choix d'écarter le récent huitième de finaliste de l'Open d'Australie du groupe tricolore pour le premier tour de opposant la France au Japon, début février.
Noah ne vient pas remettre en cause le niveau de Gaël Monfils, sixième mondial. Qui s'y risquerait alors que le Français déroule à 30 ans le meilleur tennis de sa carrière ? Le problème, comme souvent avec le Parisien excentrique, est ailleurs : dans la préservation de "l'état d'esprit du groupe", justifie Noah, qui n'a pas digéré le mystérieux forfait de Monfils en demi-finales de l'épreuve, à l'automne. "Pour l'instant, c'est beaucoup mieux qu'il soit en dehors pour ce premier match."
" "Il suffit de regarder ce qui s'est passé l'année dernière." "
Fracture ouverte. Dans cet énième épisode du conflit entre le capitaine français et un joueur qui a pourtant tout pour devenir son chouchou, le capitaine laisse la porte ouverte à un retour. Mais il cogne dur. Et ramène sur le devant de la scène différents dossiers qui ont déjà opposé les deux hommes, dessinant une fracture de plus en plus nette. Et peut-être même impossible à résorber.
"Il suffit de regarder ce qui s'est passé l'année dernière, cela va sans dire", a ainsi ressassé Noah lors d'une conférence de presse téléphonique largement consacrée à la justification de la mise à l'écart de Monfils. "Il a joué un match en Guadeloupe. En quarts, il n'a pas pu jouer mais a gagné un tournoi après et pour la demie, il a été en demi-finales de l'US Open et n'a pas pu jouer une semaine après", a rappelé "Yann". À l'époque, déjà, il ruait : "Le fait que Gaël ne soit pas là est une très bonne chose par rapport à l'état d'esprit."
Depuis le début, rien ne va entre Monfils et Noah. Depuis son retour à la tête de l'équipe de France à l'automne 2015, Noah a toujours érigé le sens du collectif en vertu première pour relancer un groupe en situation d'échec. Noah, l'homme qui incarne le mieux la Coupe Davis en France, en a entraîné certains dans son sillage à l'image du nouveau Lucas Pouille, "prêt à venir, même blessé". Mais pas Monfils, avec qui il avait rapidement connu un premier accrochage sur l'opportunité de jouer en Guadeloupe le premier tour de l'édition 2016.
Le Parisien, qui a connu son lot de faits d'armes avec les Bleus (5e match décisif contre l'Allemagne en 2014, victoires contre Federer, Nalbandian, Ferrer…), avait finalement été du voyage jusqu'à Baie-Mahault. Il avait lancé les Bleus vers la victoire en remportant le premier match face au Canada. C'était sa dernière apparition en Coupe Davis. Personne ne peut dire quand sera la prochaine.
Un premier tour sans Tsonga ni Nishikori
Jo-Wilfried Tsonga, quart de finaliste du dernier Open d'Australie, est également absent de la sélection de Noah, mais il a une bonne excuse. "Jo m'a demandé d'être libre quelques temps, pour être auprès de sa femme (qui doit bientôt accoucher, NDLR)", a expliqué le capitaine, dont les choix de se passer de ses meilleurs joueurs sont facilités par le niveau relatif de l'opposition. Les Japonais se présenteront en effet sans leur meilleur joueur Kei Nishikori (n°5 mondial). Si tout se passe bien pour les Français, Tsonga devrait ensuite revenir pour faire face à des adversaires d'un autre calibre. Monfils aussi ?